Printemps 72 : un inconnu et une ingénue…
« Tout d’abord, Alain Colas, qui êtes-vous ? » c’est la première question que pose le journaliste de Bateaux au Morvandiau qui vient de boucler un tour du monde en solitaire sur Pen Duick IV. C’est donc un inconnu du grand public qui a débarqué à La Trinité avec des projets – et des ambitions – plein la tête. Six ans plus tard, il disparaîtra pendant la première Route du Rhum et entrera dans la légende tragique de la course au large. Jean-Yves Terlain, lui, est déjà une star et il faut tout un reportage pour essayer de comprendre comment il va garder la maîtrise de son « monstrueux » Vendredi 13… En début de journal, à la sortie d’un « tunnel » de 57 pages de publicité (!), une ingénue à la plume acérée, Elisabeth Hurtel, tourne en dérision les rituels de navigation du skipper et invite judicieusement le mâle du bord à partager ses compétences. C’est l’époque ! Et c’est aussi l’heure de gloire de notre petit chouchou : le Super Arlequin… Gérard Petipas en personne lui rend un hommage appuyé, rappelle ses succès en régate, son prix (70 000 F), et rapporte que le chantier Quéré « fabrique une dizaine de types Arlequin par an ». Ce « type Arlequin » est savoureux, il désigne clairement un Super Challenger d’un type particulier, plus qu’un nouveau bateau. Par ailleurs, on ne voit pas bien comment le chantier Quéré aurait pu construire 300 Super Arlequin de 1971 à 1983 à ce rythme-là. Sauf à tripler la cadence, mais le chantier n’était pas si grand… Il y a probablement un malentendu sur ce chiffre, mais quand on aime…