Un Sun Fast 3300 pour la gagne
Euro Voiles était sans doute l’un des voiliers les mieux préparés de cette Transquadra. Jeu de voiles, électronique ou encore accastillage, rien à bord n’a été laissé au hasard. Nous avons profité de la disponibilité de Denis Infante et Bernard Mallaret pour en apprendre beaucoup. Tour d’horizon.
EN 2018, DENIS INFANTE, le patron d’Euro Voiles, concessionnaire Jeanneau installé à Hyères, jetait son dévolu sur le Sun Fast 3300. Un voilier moderne, léger, conçu pour la glisse au portant et assez facile à manoeuvrer. A priori, le voilier idéal pour briller sur la Transquadra… Il ne tardait pas à s’assurer les services de son compère Bernard Mallaret, le fondateur de la voilerie Delta et une grosse expérience de coureur dont une participation réussie en solitaire sur l’édition 2014. Une association de talents qui leur a permis de finir deuxièmes de la seconde étape à une dizaine d’heures de la paire Noël Racine/ Ludovic Sénéchal décidément intouchable. Or c’est bien connu, pour performer en course, une grosse préparation de son voilier est indispensable. Nos deux compères se sont donc appuyés sur l’expertise des techniciens d’Euro Voiles pour amener leur SF 3300 au plus proche de la perfection. Précisons que notre équipage avait dû abandonner sur la première étape suite à une blessure de Denis Infante, les empêchant du coup de jouer la victoire au général. Avis aux amateurs : le bateau est à vendre 170 000 € hors taxes…
OEUVRES VIVES : Un gros travail sur la carène a été réalisé avec pose d’un antifouling VC 17 (International), un film fin à matrice dure et très résistant. Les profils des safrans ont été peaufinés pour une meilleure pénétration dans l’eau comme le tableau arrière au niveau de la flottaison dont les angles ont été arrondis pour gagner en tenue de glisse. Une trappe sous la barre a été rajoutée par le chantier, permettant l’accès à la molette de réglage d’incidence des pelles de safran. GREEMENT : Le carbone HS pour le mât (Axxon), la ralingue de GV et même le rail de tangon étaient de rigueur sur le pont. Le choix d’un étai creux pour la voile d’avant (génois ou ORC) a été retenu pour faciliter son envoi et sa descente. La bôme arrondie dans sa partie arrière avait pour objectif d’éviter qu’elle se prenne dans les bastaques à l’empannage.
ELECTRONIQUE : Le pilote HR NKE a demandé beaucoup de préparation sur l’eau – 4 000 milles pour être précis – afin de l’optimiser à toutes les allures. Il en est sorti un tableau de réglage efficace qui a permis aux deux marins d’affiner coefficient, angle de barre et gain en fonction des conditions rencontrées lors de la traversée de l’Atlantique. Seule la prise en compte du facteur mer leur a parfois fait défaut même si le pilote a finalement barré 98 % du temps ! Précisons qu’un second répétiteur multifonction NKE a trouvé place sur l’étambrai pour être visible de partout en navigation. Aucune panne électrique n’a été à déplorer sur cette longue étape humide et musclée.
VOILES : Logiquement, la partie voile a fait l’objet d’une réflexion approfondie. Bernard Mallaret est parti du principe que la moyenne du vent sur cette seconde étape tournerait autour de 25 noeuds. Alors pour baisser son rating et garder le maximum de mètres carrés dans la brise, le maître voilier a choisi de réduire la superficie de la GV et du grand spi pour garder le plus de toile à poste quand les autres concurrents passaient sous spi lourd… Enfin, les centres de poussée (en définitive la répartition des volumes dans les spis) ont été abaissés pour soulager l’étrave et gagner en vitesse. ENERGIE : Sur pas de panneau solaire ni d’hydrogénérateur mais une pile à combustible capable de produire 5 Ah. Pour parfaire le tout, l’appoint d’énergie était obtenu par l’alternateur
moteur (3 x 30 minutes par 24 h) pour charger la batterie lithium de 200 Ah. ACCASTILLAGE : Il y avait à bord deux tangons en carbone volontairement surdimensionnés. Bernard et Denis s’étaient entraînés à empanner avec doubles tangons lors de leurs sorties de préparation. L’idée étant d’assurer cette manoeuvre souvent périlleuse par vent fort et capitaliser de la confiance pour ne pas hésiter à multiplier les empannages sur la Transquadra. Ajoutons que les filières ont été systématiquement doublées pour ne prendre aucun risque et que les poulies de bras et d’écoute de spi étaient d’un diamètre supérieur à la norme. METEO : Le logiciel de navigation utilisé était Adrena sur PC avec une redondance sur tablette
via l’application Avalon. Les Gribs étaient réceptionnés via Iridium Go toutes les six heures puis la stratégie affinée au fil de l’eau en fonction de l’environnement réel du voilier. En amont, les deux marins ont suivi une formation météo avec Christian Dumard pour la théorie et de Kito de Pavant pour la pratique. Du lourd ! AVITAILLEMENT : Une chasse aux poids draconienne a poussé nos deux coureurs à emporter le minium d’affaires de rechange et à ne mettre que 10 litres d’eau douce dans leur réservoir, les obligeant à faire la vaisselle à l’eau de mer. Côté nourriture, il était prévu un sac par jour comprenant un seul repas chaud par 24 h. Un autre sac avec un avitaillement adapté était prévu uniquement en cas de mauvais temps ou de pétole.