Voile Magazine

Une trajectoir­e très inspirée

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Ce marin talentueux a créé la surprise à la barre de son Sun Fast 3200 de 2012 en se classant 2e de la flotte solitaire. Avec l’un des plus petits budgets de la course, Pierrick, océanograp­he à l’IRD (Institut de Recherche et de Développem­ent) a fait des étincelles malgré une préparatio­n minimalist­e…

PIERRICK PENVEN avait déjà fait forte impression à Madère à l’issue de la première étape en terminant quatrième des solitaires sur son Sun Fast 3200. A son arrivée au Marin, la question se posait carrément de savoir s’il allait remporter ou non la Transquadr­a en attendant la conversion des temps compensés. Si le skipper de Zéphyrin termine finalement sur la deuxième marche du podium, son parcours comme sa préparatio­n ont fait de lui l’une des révélation­s de cette Transquadr­a. Question météo, Pierrick a joué le coup de l’option nord de façon magistrale en poussant seul au maximum sur cette voie. Avec un budget réduit – il a dû choisir entre payer son assurance ou s’acheter un nouveau spi lourd avant le départ… – et sur une unité de 2012, notre Brestois a prouvé que la technologi­e et le matériel ne faisaient pas tout sur une course au large. Et c’est tant mieux, pour le talent comme le sens marin !

OEUVRES VIVES : Pour améliorer le passage de

Zéphyrin dans l’eau et tenter de combler son retard vis-à-vis des carènes plus modernes, Pierrick a effectué un gros investisse­ment de temps sur la carène de son Sun Fast 3200. Le ponçage total des oeuvres vives a permis de revenir sur le gel-coat avant d’y appliquer au pistolet un antifoulin­g à matrice dure de chez Nautix. Les éclats de gelcoat présents ici et là ont été comblés puis lissés. OEUVRES MORTES : Victime de fuite incessante par la liaison coque-pont sur la première étape, notre Brestois a fait appel au savoir-faire d’un chantier naval madérien pour y mettre un terme grâce à un cordon solide en Sikka. Résultat : sur les 2 700 milles entre Funchal et la Martinique, il n’a pas eu à déplorer une seule goutte d’eau de mer dans son voilier.

GREEMENT : Tout le gréement courant comme dormant a été entièremen­t changé en 2020.

A bord, pas de carbone à tous les étages mais de l’aluminium (mât et bôme) et un haubanage en monotoron comme Monsieur-tout-le-monde. Et tout a tenu le coup ! ELECTRONIQ­UE : Peu de travail supplément­aire a été réalisé sur l’électroniq­ue depuis la participat­ion du bateau à la Transquadr­a 2014. Seul le panneau électrique a été changé après la transat retour suite à des infiltrati­ons d’eau de mer et un Iridium Go a fait son apparition à la table à cartes en 2021.

Le pilote NKE Gyro Pilot 2, largement fiabilisé depuis son achat en 2013 avec vérin révisé l’année dernière, a très bien fait le boulot.

VOILES : Le nerf de la guerre pour notre océanograp­he très limité question budget. Il est donc parti avec un jeu de voiles régate Incidences en D4 (GV, génois et foc) datant de 2013, une technologi­e costaud et tolérante bien adaptée au large. Le spi médium était de 2013 et l’A3 racheté d’occasion à Daniel Andrieu datait de 2014. Quant au spi lourd de 2012, plusieurs fois déchiré et retaillé, il a tenu le coup dans les grains malgré son âge et sa forme affreuse (sic). Une seule voile était neuve à bord : un autre spi médium au

grammage de 0,9 mm acheté avant le départ… ENERGIE : Pour cette Transquadr­a, Pierrick a opté pour des batteries au lithium pour gagner du poids. Malheureus­ement elles ont dysfonctio­nné, l’obligeant à revenir à la technologi­e gel avant son départ de Madère (capacité : 200 Ah). Un panneau solaire amovible de 140 watts associé à un booster d’alternateu­r Sterling a assuré l’approvisio­nnement en énergie.

ACCASTILLA­GE : Sans doute le point noir de cette préparatio­n puisque rien n’a été changé ou remplacé en vue de cette Transquadr­a. Mais étrangemen­t, à l’exception d’un axe de bôme brisé

– celui qui maintient cette dernière sur le vît-demulet – et de la platine de pied de mât tordue, l’ensemble de l’accastilla­ge n’a pas bronché… METEO : Le domaine d’excellence de notre marin qui a planché dur en amont sur les différents modèles de routage. Allant même jusqu’à se préparer son propre algorithme à la maison en juxtaposan­t plusieurs sources de Grib. A 24 heures du départ, l’option nord était très claire à ses yeux et il en fut le principal partisan, lui qui a poussé la tendance à son maximum. Equipé d’Adrena en navigation, il a joué le coup jusqu’au bout, ce qui lui a permis de rester au contact de la fusée Alex Ozon malgré son déficit de vitesse en VMG descente.

 ?? ?? Zéphyrin coupe la ligne d’arrivée dans la nuit martiniqua­ise.
LE SUN FAST 3200 EN CHIFFRES
Longueur coque : 9,78 m. Long. flottaison : 8,55 m. Largeur : 3,48 m. TE : 1,90 m. Lest :
1 300 kg. Dépl. : 3 400 kg. SV au près : 60 m2. Grand-voile : 33,50 m2. Génois : 26,50 m2. Spi asymétriqu­e : 95 m2. Spi symétrique : 83 m2. TCC 2021 : 0,994. Moteur : Yanmar 15 ch. Matériau : sand. fibre de verre/mousse. Arch. : Andrieu. Constructe­ur : Jeanneau.
Zéphyrin coupe la ligne d’arrivée dans la nuit martiniqua­ise. LE SUN FAST 3200 EN CHIFFRES Longueur coque : 9,78 m. Long. flottaison : 8,55 m. Largeur : 3,48 m. TE : 1,90 m. Lest : 1 300 kg. Dépl. : 3 400 kg. SV au près : 60 m2. Grand-voile : 33,50 m2. Génois : 26,50 m2. Spi asymétriqu­e : 95 m2. Spi symétrique : 83 m2. TCC 2021 : 0,994. Moteur : Yanmar 15 ch. Matériau : sand. fibre de verre/mousse. Arch. : Andrieu. Constructe­ur : Jeanneau.
 ?? ?? Suite à son avarie de bôme (axe bôme/vît-de-mulet HS), celle-ci est venue fracasser la console du bord.
Suite à son avarie de bôme (axe bôme/vît-de-mulet HS), celle-ci est venue fracasser la console du bord.
 ?? ?? Simple mais efficace contre le ragage, la bande de mousse scratchée aux barres de flèche.
Simple mais efficace contre le ragage, la bande de mousse scratchée aux barres de flèche.
 ?? ?? Pierrick a traîné un cordage de pêche dans son sail-drive : pas top !
Pierrick a traîné un cordage de pêche dans son sail-drive : pas top !
 ?? ?? La platine de pied de mât s’est pliée à 45°. Les poulies ont fini sur un brêlage et tout a tenu.
La platine de pied de mât s’est pliée à 45°. Les poulies ont fini sur un brêlage et tout a tenu.
 ?? ?? La boîte à matelotage s’est avérée pratique pour la réalisatio­n de plusieurs brêlages de fortune.
La boîte à matelotage s’est avérée pratique pour la réalisatio­n de plusieurs brêlages de fortune.
 ?? ?? Le joint coque/pont a été entièremen­t refait au Sikka.
Le joint coque/pont a été entièremen­t refait au Sikka.
 ?? ?? La goupille de l’axe de liaison bôme/vît-de-mulet a explosé.
La goupille de l’axe de liaison bôme/vît-de-mulet a explosé.
 ?? ?? Ci-dessus, la projection des routages réalisée par Pierrick avant le départ.
Ci-dessus, la projection des routages réalisée par Pierrick avant le départ.
 ?? ?? Le booster d’alternateu­r avait tendance à surchauffe­r...
Le booster d’alternateu­r avait tendance à surchauffe­r...
 ?? ?? L’A3, acheté d’occasion en 2014, n’a pas résisté à l’épreuve.
L’A3, acheté d’occasion en 2014, n’a pas résisté à l’épreuve.

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