Voile Magazine

Ni neuf ni occasion : refité !

- François-Xavier de Crécy

Comme les chats, et parfois les humains, les bateaux ont plusieurs vies. Autant de vies qu’il en faudra pour épouser les projets et les rêves de leurs propriétai­res successifs tout en étirant un sillage qui raconte leurs histoires et les singularis­e. Car tant qu’à lui mettre un coup de propre, il est bien tentant de moderniser le plan de pont, d’augmenter l’autonomie énergétiqu­e ou d’améliorer le confort… Et c’est ainsi que chaque nouveau capitaine met sa patte personnell­e sur le bateau.

Mais si ces changement­s de propriétai­re sont l’occasion d’une rénovation, même partielle, n’est-il pas paradoxal que les occasions dites de première main soient les plus recherchée­s ? Ne faudrait-il pas, au contraire, valoriser les apports successifs, ou au moins le dernier refit ? A vrai dire, cette nouvelle logique entre de plus en plus dans les moeurs. Une rénovation bien documentée, avec factures et éventuelle­ment garantie d’un profession­nel à la clé, justifie un prix de vente à la hauteur des prestation­s et de l’espérance de vie de l’occasion « mieux que neuf ».

Ces restaurati­ons radicales se faisaient traditionn­ellement à fonds perdu, elles sont désormais mieux prises en compte par le marché pour peu que le modèle de départ soit bien né et donc honorablem­ent coté. Cette mutation en cours du marché de l’occasion ouvre la porte à une réelle profession­nalisation du refit, voire à son industrial­isation. Le modèle qui pourrait émerger, c’est celui d’un chantier qui se porte acquéreur d’une quinzaine de voiliers hors d’âge d’une série en vue (Surprise, First 31.7, JOD 35…) et qui les rénove par lots en profitant d’économies d’échelle sur les achats et l’expertise acquise. Quitte, pourquoi pas, à estampille­r la nouvelle série ainsi restaurée d’un label, éventuelle­ment visé par la Fédération des industries nautiques, et à l’accompagne­r d’une garantie ? C’est en tout cas cette logique, en parfaite adéquation avec les principes de l’économie circulaire, qu’explore l’équipe de Yellow Impact Sailing. La flotte des Grand Surprise trinitains, rachetée l’an dernier à Team Winds, sera la première à en bénéficier. D’ailleurs, l’un de ces plans Joubert/Nivelt était rénové cet hiver à côté de notre Super Arlequin, à l’INB de Port-La-Forêt… Comme quoi, les grands esprits se rencontren­t.

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Un Coco restauré a d’autant plus de valeur que l’équivalent neuf n’est pas évident à trouver.

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