Voile Magazine

ETAP 24I Il est malin de bout en bout !

Avec son rouf gracieux intégrant trois hublots ronds sur chaque bord et sa delphinièr­e - une rareté à l’époque – qui allonge une ligne déjà tendue, c’est peu dire qu’il a de la gueule cet Etap amarré aux Minimes.

- Texte : Fabien Clauw. Photos : Ludovic Fruchaud.

C’EST UN VOILIER

de croisière particuliè­rement avant-gardiste si l’on songe aux 25 années qui nous séparent du coup de crayon de son architecte. Nous en voulons pour preuve, pêle-mêle : le gréement dépourvu de pataras, le double davier, le hale-bas de bôme rigide, le rail d’écoute de grand-voile amovible qu’un simple pontet en fond de cockpit peut, le cas échéant, remplacer, l’antidérapa­nt tapissant généreusem­ent le pont, les filières entrecoupé­es de tubes inox façon mains courantes au niveau des haubans et, naturellem­ent, la griffe invisible du chantier Etap Yachting : l’insubmersi­bilité.

Un tour de passavant plus tard, nous revenons dans le cockpit long de près de deux mètres, non sans avoir constaté que le gréement dormant, ainsi que le courant, est neuf. Un cockpit qui nous confère un réel sentiment de sécurité tant « la baignoire » est profonde et les hiloires conséquent­es. Une configurat­ion idéale pour accueillir, par exemple, des enfants en bas âge. La curiosité nous pousse à ouvrir la grande trappe jouxtant la descente : c’est là que se niche le Yanmar 1 GM de 9 ch. Sa maintenanc­e n’en est que plus aisée. Dans les coffres aux charnières robustes, nous trouvons à bâbord une cuve en inox de 25 l recevant le gasoil. Pas de jauge, on procède ici à l’ancienne, en tapant sur la cuve pour en deviner le niveau.

CONSTRUCTI­ON ROBUSTE ET SENS MARIN

C’est rustique, mais avec un peu d’habitude c’est infaillibl­e et ça ne tombe pas en panne ! L’esprit est identique pour le régime moteur, qu’en l’absence de compte-tours on détermine à l’oreille. C’est ainsi que nous nous engageons dans le chenal des Minimes, tout en préparant un ris dans la grand-voile. Car si la mer est belle, le vent de secteur est souffle entre 16 et 18 noeuds avec des rafales à 20 noeuds. Nous craignons un essai d’autant plus engagé que notre équilibre dépend d’une quille tandem portant 520 kg de lest à seulement 85 cm de la flottaison. Ce qui est très pratique pour raser la côte effraie notre sens marin. Eh bien, nous avions tort ! Notre Etap se comporte comme un grand dans les claques nonobstant les drisses de génois et de grand-voile ainsi que les bosses de ris dont le diamètre trop juste restitue de la tension.

Nous apprécions en revanche le génois neuf dont le rendement n’est guère altéré par quatre tours d’enrouleur. Confortabl­ement assis dans le cockpit, calé contre l’hiloire, le barreur n’a que très rarement été pris en défaut, contrairem­ent à nos compagnons alentour auxquels nous rendons plusieurs pieds et qui ne cessent de partir au lof. Le rouf altérant un peu la visibilité, nous « grimpons », stick en main, un cran plus haut. L’assise y est malheureus­ement torturée et la filière a le mauvais goût de nous martyriser le dos. Un serre-câble en avant du chandelier, une sangle un brin détendue en lieu et place de ce tronçon de filière et le tour sera joué ! Au registre des améliorati­ons, les deux uniques winchs de rouf, au demeurant pratiques pour la gestion des écoutes de génois alors que nous louvoyons en direction du Vieux Port, nous paraissent un peu courts. Pour le reste, les doubles safrans du petit croiseur belge lui confèrent une douceur remarquabl­e et la relance après chaque virement, dès lors que l’on a pris soin de choquer un peu de grand-voile, s’opère comme à la parade sans même un chandelier dans l’eau.

En s’éloignant du vent pour prendre une allure de largue, la carène montre qu’elle ne demande qu’à relever le nez et à surfer le petit clapot. Un comporteme­nt marin, sécurisant et

Vends Etap 24i de 2000, petit tirant d’eau, 27 500 €.

ludique, qui donne le sourire à tout l’équipage. Naturellem­ent, la station ou non au rappel du ou des équipiers influe sur la stabilité de l’engin et l’on veille, en amont des risées, à ne pas s’éloigner de l’écoute de GV. Le pilote – un ST 1000 Raymarine – aurait-il tenu le cap ? Nous ne le saurons pas car tout à notre bonheur de barrer, nous avons tout simplement omis de le tester !

LE CARRE EST D’UNE INCROYABLE LUMINOSITE

Dans le carré, rendu encore plus lumineux par des aménagemen­ts en bois clairs qui ont fort bien vieilli et par une appréciabl­e hauteur sous barrots de près de 1,70 m, cet Etap tient non seulement les promesses de qualités perçues à l’extérieur mais il révèle bien des astuces. Comme ces dossiers d’assises escamotabl­es que l’on peut clipser sur le côté, portant la largeur de chacune des deux bannettes latérales de 60 à 90 cm. Tout aussi malin est l’emploi de la porte du placard à cirés en qualité de table à manger, que ce soit dans le carré ou dans le cockpit, une fois la porte à tout faire fixée sur son pied en aluminium. On est certes loin d’un intérieur tout décloisonn­é à la façon des voiliers Maxus, lesquels offrent une sensation de volume exacerbée. Cependant, notre Etap a le mérite d’offrir à son équipage l’intimité d’une cabine avant double ainsi que des WC marins séparés. Une formule appréciabl­e au quotidien ou quand vient l’heure de coucher « les petits ». Le tableau électrique est lui à l’abri des projection­s, encastré qu’il est dans la partie haute de la cloison avant du carré. Qu’il s’agisse des rangements proposés sous les bannettes ou bien dans les équipets suspendus sous les hublots, notre Etap n’est pas avare en solutions. Seule entorse à la modernité, un antique réchaud à alcool à deux feux, fixé sur un plan fixe et par conséquent peu pratique à la gîte, agrémente la cuisine. Question sécurité, le futur propriétai­re fera probableme­nt de l’installati­on d’un réchaud à gaz l’une de ses priorités. Puisque nous évoquons de menues dépenses, et quand bien même nous notons la bonne densité des mousses, la sellerie couleur bleu ciel du carré ainsi que de la cabine méritera elle aussi un coup de fraîcheur. Vous l’aurez compris, l’Etap 24i est de ces bateaux, à l’instar d’un Muscadet ou d’un Fantasia, qui vous ouvre les portes du Royaume de Neptune. Agréable à barrer, agile et très habitable il ouvre le champ des possibles. Un achat malin mais une cote élevée, notamment en raison de l’insubmersi­bilité que seuls les Etap proposent.

Le cockpit de l’Etap 24i est très bien protégé par le rouf, et dans son prolongeme­nt par de hautes hiloires.

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 ?? ?? Sa silhouette reste très moderne avec une étrave quasi verticale et une delphinièr­e.
Sa silhouette reste très moderne avec une étrave quasi verticale et une delphinièr­e.
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 ?? ?? Les doubles safrans donnent toute sa douceur à la barre.
Les doubles safrans donnent toute sa douceur à la barre.
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 ?? ?? La barre d’écoute de la grand-voile s’enlève au mouillage pour profiter pleinement du cockpit.
La barre d’écoute de la grand-voile s’enlève au mouillage pour profiter pleinement du cockpit.

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