VENDANGES : LES VIGNERONS PRESSÉS D'EN FINIR AVEC 2016
Les conditions météorologiques instables au printemps, favorables au développement du mildiou, ont rendu la tâche des vignerons très compliquée.
Le ban pour le crémant a officiellement été déclaré vendredi 9 septembre, au moment où un domaine du Sud-Revermont allait demander une dérogation pour commencer sa vendange. Mais ce n’était pas le cas pour la plupart des domaines, qui vont commencer à vendanger cette semaine.
Cette année 2016 présente en effet de fortes différences de maturité entre le sud et le nord du département. Certains ont déjà les degrés d’alcool suffisants, tandis que d’autres devront encore attendre jusqu’à deux semaines. Pour certains domaines, la vendange devra aussi se faire en trois fois, ce qui rendra la tâche encore plus difficile.
Un printemps cauchemardesque
« C’est une année épouvantable. On n’a pas vu ça depuis au moins trente ans, avec un printemps catastrophique. 2015 était une année sympa, mais en 2016, nous devrions produire environ 15 % de moins. Il y avait beaucoup de vignerons dépressifs fin juin,
mais maintenant, ça va mieux avec le soleil qui a bien arrangé la situation », explique Eric Grappe, du domaine Grappe, en bio, à Saint-Lothain. Le travail a été dur et les traitements à la bouillie bordelaise et au soufre plus nombreux que les années normales. « Mais il vaut mieux faire des vins du terroir que des vins de tiroirs, alors nous privilégions la qualité plutôt que la quantité. »
Le mildiou s’est développé surtout sur les feuilles, les grappes ne sont pas trop touchées. Ce qui ne serait pas le cas dans les secteurs de Lavigny et l’Etoile, plus touchés par le champignon sur les grappes, selon plusieurs sources.
« C’est la pire année depuis 1977, année où mon père avait dû traiter les vignes pieds nus tellement le sol était boueux », confirme Denis Grandvaux du caveau des Byards à Le Vernois. « Cette année, il va y avoir des personnes qui vont rester sur le carreau, des cessations d’activité et certains en bio pourraient repasser en conventionnel. C’est une année où la chance et le savoir-faire vont fixer le résultat
final, car les fenêtres météo ont été très courtes au printemps ».
Avec une certaine satisfaction face à ses vignes porteuses de nombreuses et superbes grappes, Joël Morin, de la fruitière d’Arbois, reconnaît à son tour que la tâche fut très compliquée. Les nombreux épisodes pluvio-orageux et doux de ce printemps, après un hiver sans froid, ont largement favorisé le développement du mildiou et obligé les meilleurs techniciens à exceller dans leurs conseils
aux vignerons. « Nous avons un bon technicien à Arbois et nous avons été très bien conseillés. Nous en sortons bien au final »,
précise Joël Morin. « Ce printemps 2016 est le pire depuis au moins trente ans, les conditions météorologiques ont été un cauchemar au point qu’on devait se lever la nuit selon les prévisions météo et les traitements à effectuer pour lutter contre le mildiou ».. Pour lui aussi, la santé des vignes en ce début septembre est le résultat d’un savoir-faire et d’une surveillance permanente. Tout manque de vigilance a été fatal et certains n’auront rien à vendanger.
Un été chaud mais bien trop sec
Les moindres millimètres d’eau produits par les rares perturbations pendant cet été ont été précieux. La saison n’a vu que 39,6 mm en juillet, 47,1 mm en août et seulement 2,7 mm en septembre, avec les dernières précipitations le 20 août, dans le secteur de Lons-le-Saunier. Ce qui ne veut surtout pas dire que les précipitations se sont produites sur tout le Jura en même temps. Des averses orageuses se sont parfois déchaînées. Une de ces averses a dernièrement déposé environ 20 mm, mais elle n’a favorisé que certaines vignes du secteur d’Arbois. Et les vignes implantées cent mètres plus loin n’ont rien reçu.
Au final, la différence entre les domaines, mais aussi à l’intérieur même des domaines, est impressionnante. Les feuilles sont parfois très développées et vertes, ou bien grillées par le soleil et la sécheresse. « Nous n’avons pas le droit d’arroser les vignes selon les obligations que doivent respecter les domaines AOC, sinon nous aurions beaucoup moins de soucis liés au manque d’eau », conclut Joël Morin d’Arbois.