Condamnée pour 10 000 euros de chèques en bois
C’est une série de chèques impressionnante, souvent des petites sommes, qu’a émis une jeune femme de 35 ans condamnée mardi 6 septembre, par le tribunal correctionnel de Lons à deux ans d’emprisonnement dont 10 mois avec sursis avec mise à l’épreuve. De février à septembre 2O14, Khedija Touil a fait ses emplettes en payant par chèques non provisionnés dans différents commerces du Jura, du Doubs, de Cote d’or, de l’Ain et du Rhône. Cinquante euros par ci, 100 euros par là, 150 euros ailleurs. Elle a puisé dans les rayons alimentaires. Elle s’est rendue en pharmacie et chez le coiffeur, a acheté des vêtements, des meubles et divers équipements pour la maison, des couvertures, une console de jeux… S’est parfois rendue au restaurant, au cinéma. Au total, elle a signé 66 chèques pour un montant excédent 10000 euros en huit mois. Sa banque a fini par fermer son compte en juin.
« Le but n’était pas d’escroquer »
« Elle savait pertinemment que ses chèques ne seraient pas honorés » a précisé la procureure
durant ses réquisitions. « Et même quand la banque a clôturé son compte en juin, elle a continué à faire des chèques ». « C’était un peu la grande vie », a ajouté le ministère public. Son plus gros achat avec chèque en bois est un réfrigérateur américain à 945 euros. « Vous ne pouviez pas vous contenter d’un frigo à 300 euros », a observé la
présidente. « On ne se rend pas compte, le but n’était pas d’escroquer », a répliqué l’accusée qui a comparu en détention parce qu’elle n’avait respecté les contraintes liées à son bracelet électronique… « La prison c’est pas ma place, je n’ai vu qu’une seule fois mon fils en quatre mois et demi de détention »,a expliqué la jeune femme qui a exprimé ses regrets. « Je ne pensais pas que c’était de l’escroquerie », s’est-elle défendue. Selon son conseil, délaissée par
son époux, la jeune femme aurait dû faire face à des nécessités de la vie. Sans superflu, mis
à part le frigo américain. « Il a fallu faire faire face au quotidien », a plaidé l’avocate. « La plupart des achats étaient des meubles et des objets pour ses enfants , a-t-elle ajouté : « Il n’y a pas d’escroquerie, elle pensait pourvoir rembourser ». Son époux l’aurait quitté en emportant la plupart des meubles. Par ailleurs, sa cliente présenterait une fragilité psychologique et serait d’une santé fragile. « Elle a pesé plus de 100 kg et ensuite elle est devenue anorexique », a précisé l’avocate. Elle aurait fait une tentative de suicide et aurait mal vécu sa détention. « Une nouvelle détention serait l’accabler », a observé l’avocate.
« J’ai compris »
L’accusé a bien exprimé ses remords en déclarant: « J’ai compris ce que c’était de ne pas respecter la loi. Après ça vous n’aurez plus jamais affaire à moi». Les magistrats
ne l’ont pas entendu de cette oreille : «Vous avez déjà eu des avertissements de la justice ». Khedija Touil compte huit mentions à son casier judiciaire depuis 2000 pour des faits semblables. « Elle ne peut pas dire pas dire qu’elle n’a pas
compris », s’est exclamé la procureure qui avait requis 2 ans dont 10 mois assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve. En principe libérable le lendemain même de l’audience, la jeune femme est retournée directement en prison. Et devra reporter son projet de vie qui était de retourner vivre chez ses parents et travailler au salon de thé qu’elle avait ouvert avec son mari il y a plusieurs mois à Lons.