Voix du Jura

Condamnée pour 10 000 euros de chèques en bois

- CHRISTOPHE MARCHAL

C’est une série de chèques impression­nante, souvent des petites sommes, qu’a émis une jeune femme de 35 ans condamnée mardi 6 septembre, par le tribunal correction­nel de Lons à deux ans d’emprisonne­ment dont 10 mois avec sursis avec mise à l’épreuve. De février à septembre 2O14, Khedija Touil a fait ses emplettes en payant par chèques non provisionn­és dans différents commerces du Jura, du Doubs, de Cote d’or, de l’Ain et du Rhône. Cinquante euros par ci, 100 euros par là, 150 euros ailleurs. Elle a puisé dans les rayons alimentair­es. Elle s’est rendue en pharmacie et chez le coiffeur, a acheté des vêtements, des meubles et divers équipement­s pour la maison, des couverture­s, une console de jeux… S’est parfois rendue au restaurant, au cinéma. Au total, elle a signé 66 chèques pour un montant excédent 10000 euros en huit mois. Sa banque a fini par fermer son compte en juin.

« Le but n’était pas d’escroquer »

« Elle savait pertinemme­nt que ses chèques ne seraient pas honorés » a précisé la procureure

durant ses réquisitio­ns. « Et même quand la banque a clôturé son compte en juin, elle a continué à faire des chèques ». « C’était un peu la grande vie », a ajouté le ministère public. Son plus gros achat avec chèque en bois est un réfrigérat­eur américain à 945 euros. « Vous ne pouviez pas vous contenter d’un frigo à 300 euros », a observé la

présidente. « On ne se rend pas compte, le but n’était pas d’escroquer », a répliqué l’accusée qui a comparu en détention parce qu’elle n’avait respecté les contrainte­s liées à son bracelet électroniq­ue… « La prison c’est pas ma place, je n’ai vu qu’une seule fois mon fils en quatre mois et demi de détention »,a expliqué la jeune femme qui a exprimé ses regrets. « Je ne pensais pas que c’était de l’escroqueri­e », s’est-elle défendue. Selon son conseil, délaissée par

son époux, la jeune femme aurait dû faire face à des nécessités de la vie. Sans superflu, mis

à part le frigo américain. « Il a fallu faire faire face au quotidien », a plaidé l’avocate. « La plupart des achats étaient des meubles et des objets pour ses enfants , a-t-elle ajouté : « Il n’y a pas d’escroqueri­e, elle pensait pourvoir rembourser ». Son époux l’aurait quitté en emportant la plupart des meubles. Par ailleurs, sa cliente présentera­it une fragilité psychologi­que et serait d’une santé fragile. « Elle a pesé plus de 100 kg et ensuite elle est devenue anorexique », a précisé l’avocate. Elle aurait fait une tentative de suicide et aurait mal vécu sa détention. « Une nouvelle détention serait l’accabler », a observé l’avocate.

« J’ai compris »

L’accusé a bien exprimé ses remords en déclarant: « J’ai compris ce que c’était de ne pas respecter la loi. Après ça vous n’aurez plus jamais affaire à moi». Les magistrats

ne l’ont pas entendu de cette oreille : «Vous avez déjà eu des avertissem­ents de la justice ». Khedija Touil compte huit mentions à son casier judiciaire depuis 2000 pour des faits semblables. « Elle ne peut pas dire pas dire qu’elle n’a pas

compris », s’est exclamé la procureure qui avait requis 2 ans dont 10 mois assortis d’un sursis avec mise à l’épreuve. En principe libérable le lendemain même de l’audience, la jeune femme est retournée directemen­t en prison. Et devra reporter son projet de vie qui était de retourner vivre chez ses parents et travailler au salon de thé qu’elle avait ouvert avec son mari il y a plusieurs mois à Lons.

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