Voix du Jura

Cormorans gloutons, pêcheurs énervés

Sur le secteur de Dole, 800 cormorans se régalent des poissons des lacs et rivières, au grand dam des pêcheurs…

- Laurent Villette

NATURE.

Les pêcheurs Jurassiens confrontés à un problème de cormoran… qui l’eut cru ? Et pourtant, ces oiseaux plutôt tournés vers la mer semblent apprécier leurs séjours à la montagne. Ce qui n’est pas sans poser de sérieux problèmes… « Cette année, ce sont 800 oiseaux qui sont arrivés sur le secteur dolois », explique André Grappe, le président de l’APPMA La Gaule du bas Jura, également vice-président de la Fédération de pêche du Jura, qui râle contre un arrêté préfectora­l de tir qui n’arrive pas et fait un rapide calcul : « chaque cormoran mange 400 grammes de poisson par jour. Huit cents cormorans, ça fait donc 320 kg de poisson par jour prélevé. Habituelle­ment, les chasseurs ont un arrêté autorisant un quota de tir de cormorans pour l’ouverture de la chasse. Là, au 15 octobre, il n’y avait pas d’arrêté parce que l’État n’avait pas pris le

décret d’applicatio­n autorisant les préfets à prendre

les arrêtés… » Et à 320 kg par jour, sur 30 jours, cela fait près de 10 tonnes de poissons prélevés des lacs et rivière du pays Dolois…

« Ils n’ont rien à faire dans le Jura »

Bien sûr, les pêcheurs se défendent de vouloir la peau des cormorans, mais ils s’interrogen­t sur la présence massive de ces

oiseaux dans le Jura. « Ils sont protégés, mais ils sont trop nombreux ! Il y a une trentaine d’années, les écologiste­s européens ont interdit au Danemark, en Suède et en Norvège la consommati­on des oeufs de cormorans. Du coup, une génération a perdu l’habitude d’aller aux oeufs et les oiseaux ont proliféré, et ils viennent désormais dans les terres, mais ils n’ont rien à faire dans le Jura. Ce qui se passe est grave pour la pêche de loisir, mais aussi pour les

pisciculte­urs, car c’est un gros prédateur pour nos rivières et nos lacs. »

En conclusion, André Grappe rappelle que l’impact économique de la pêche n’est pas nul pour le Jura, estimé à 10 millions d’euros. Et de demander qu’au final, le cormoran « soit déclaré gibier pour les 26 tireurs habilités, non pas pour décimer l’espèce, mais pour la réguler. Et puis le poisson, ça ne se voit pas, c’est dans l’eau, mais ça peut aussi souffrir ! »

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Visiblemen­t, les cormorans se plaisent dans le Jura, mais y ontilsleur place ?

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