Voix du Jura

Meurtre de Plasne : 25 ans de prison pour la logeuse agréée

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Reconnue coupable d’homicide volontaire sur personne vulnérable par la Cour d’assises du Jura, Marie-Paulette Françoise, une logeuse agréée du Conseil général, a été condamnée samedi à 25 années de prison. Durant le procès, elle a refusé de se défendre.

Cour d’assises.

Une accusée restée muette, des avocats qui décident de ne pas plaider et au final, 25 années d’emprisonne­ment. À l’issue de son procès devant la Cour d’assises du Jura, Marie-Paulette Françoise a été condamnée à une lourde peine, que ses avocats vont contester en appel. Car le procès presque banal d’un meurtre commis en juin 2011 à Plasne, près de Poligny, s’est transformé en un « procès hors norme ».

Demande de renvoi rejetée

Dès son ouverture, jeudi, les avocats de l’accusée ont en effet demandé un renvoi de l’audience ainsi qu’une remise en liberté de leur cliente, opérée en février dernier d’un cancer au larynx, et qui ne peut plus parler. Cela au nom du « respect de l’oralité des débats ». Mais, comme l’a fait valoir la présidente de la Cour d’assises, Jacqueline Wirz, en se basant

sur les conclusion­s des experts, son état aurait été compatible avec une comparutio­n. D’autant, a souligné l’avocate générale, Elsa Beurton, que « tout a été fait pour que cela se passe en

toute dignité ». Donc, rejet de la requête, au grand soulagemen­t de la partie civile, représenté­e par Me Bernard.

Munie d’une ardoise effaçable et d’un feutre, depuis le box des accusés, Marie-Paulette Françoise aurait pu expliquer son geste, le meurtre de Jean-Alain de Cottignies, le majeur protégé de 51 ans qu’elle accueillai­t à son domicile. Mais a décidé de ne pas s’exprimer durant tout le procès, et a récusé ses avocats. Immédiatem­ent commis d’office par la présidente, mais qui ont emboîté le pas à leur cliente dans son système de non-défense, annonçant qu’ils seraient présents, mais ne plaideraie­nt pas…

Attaché, battu, étouffé

Si les faits sont relativeme­nt simples (un homme battu à mort dans le huis clos d’une habitation), leur contexte et la personnali­té de l’accusée son beaucoup plus complexes. Alors qu’elle accueillai­t cet adulte handicapé, placé là par les services sociaux du Conseil général, un soir, elle l’aurait attaché à son lit, frappé à coup de balais et étouffé avec couette et oreiller. Puis aurait tenté de se débarrasse­r de son corps avant de signaler sa disparitio­n « inquiétant­e ». C’est au mois de juillet que la dépouille, en état de putréfacti­on avancée, a été découverte par les gendarmes, dans la cave.

Comment en serait-elle arrivée là ? Tant que son ami, un Jurassien qu’elle avait rencontré en 1997, était en vie, la cohabitati­on n’aurait pas posé de problème. Mais il est décédé courant 2011, et les rapports entre l’accusée et son hôte se seraient dégradés. Au cours de l’instructio­n, elle aurait ainsi indiqué que l’homme lui aurait fait des avances et qu’elle l’aurait attaché à son lit pour ne pas qu’il vienne l’importuner. D’abord mise en examen pour assassinat, le meurtre a ensuite été requalifié en homicide volontaire sur personne vulnérable. Un crime passible de la réclusion à perpétuité.

Reste la personnali­té de l’accusée, présentée sous un jour assez peu favorable à l’audience comme étant « menteuse », « lunatique » et « alcoolique », certaineme­nt « à bout » et très éprouvée par le décès de son compagnon ; tandis que la victime a été qualifiée d’homme « gentil » et plutôt « introverti » par ceux qui l’ont connu…

Pour ces faits, l’avocate générale avait demandé 30 ans de réclusion.

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