34 crus au concours mondial du savagnin
Vendredi, le jury du 3e concours mondial du savagnin s’est réuni au lycée agricole de Montmorot. Trente-quatre crus étaient en compétition, dont 14 produits dans le Jura…
VITICULTURE.
Alignés et sérieux comme des papes, les goûteurs se retrouvent seuls face à eux-mêmes. Au concours mondial du Savagnin, qui s’est déroulé vendredi au lycée agricole de Montmorot, chaque vin se devait d’être goûté, analysé, comparé, noté par catégorie : vins jaunes, savagnins sous voile, savagnins houillés, en provenance du Jura, de Suisse et d’Alsace… Une tâche pas si facile, d’autant qu’elle devait se faire sans échanges entre les membres du Jury.
Le produit d’un terroir
« C’est un concours officiel, les choses doivent se faire très
sérieusement », expliquait Marie-Thérèse Grappe, la responsable du concours. Dans le jury, on trouvait d’ailleurs deux personnalités : Thierry Corona, président de l’association des sommeliers d’Europe et Astrid Lulling, députée européenne. Mais aussi des représentants de Suisse, d’Italie, des Pays-Bas et
même un goûteur Turque.
« Le savagnin est un très beau cépage, typique du Jura, de la Suisse, de l’Alsace et de l’Allemagne, mais qui produit des vins très différents en fonction du sol sur lequel il pousse », explique Thierry
Corona. « Il a besoin d’un sol très lourd, il s’accommode bien au froid, mais surtout, il est typique de ces vins de terroir, authentiques, exceptionnels que les consommateurs recherchent aujourd’hui. On ne peut pas faire du savagnin en Californie et c’est tant mieux ! » Hors concours, les goûteurs devaient cependant tester trois crus un peu particuliers, produits en Autriche, en pays de Loire (plutôt liquoreux) et en Australie. « Ils en produisent depuis un petit moment, suite à une erreur »,
révèle Thierry Corona. « Les vignerons Australiens avaient commandé des plans d’alvarinho en Espagne, mais ont reçu du savagnin, qu’ils ont
planté… » Fort heureusement, c’est bien dans l’est de la France, et particulièrement dans le Jura, que le savagnin reste le roi du terroir, représentant environ 400 ha de vigne et 18 000 hl de vin par an (sur une production vinicole totale de 80 000 hl dans le Jura). « On fait de moins en moins de vin jaune, plus difficile à vendre, et davantage de savagnin houillé, plus demandé à l’export », explique au passage Marie-Thérèse Grappe, qui estime qu’il faudrait planter davantage de savagnin…
Mais en attendant, retour au concours et aux 34 crus à classer, dont 14 issus de producteurs jurassiens. « Il faut 17 points pour décerner une médaille d’or, donc si un vin plaît vraiment, il faut lui mettre une bonne note. Après, les demipoints sont acceptés, car il est parfois difficile de différencier deux crus ».