Philippe Aubert et Pierre Dubois INITIATIVE. écrivent et dessinent pour ATD Quart-Monde
Les deux auteurs de BD jurassiens participent à l’album collectif « La Bibliothèque, c’est ma maison ».
Dix et même onze histoires si l’on considère que la planche en couverture en est une à part entière composent l’album collectif « La bibliothèque, c’est ma maison ». L’ouvrage vient de paraître aux éditions Quart-Monde.
Qui n’a jamais entendu, à propos de personnes en situation de grande précarité, qu’elles sont des « profiteurs » ? Qu’elles ne prêtent pas attention à leur environnement ? Que si elles se donnaient la peine, elles trouveraient du travail ? Que le RSA permet de vivre correctement ? Etc.
Un fascicule dans lequel le mouvement ATD Quart-Monde recensait 104 idées reçues s’est vendu à 80 000 exemplaires. Fort de ce succès inattendu, les successeurs du père Joseph Wresinski récidivent sous forme d’une bande dessinée, dont la parution coïncide avec le 60e anniversaire du recrutement des premiers « alliés ».
Derrière les signatures Phil Aubert de Molay et Greg Newman, les amateurs de bande dessinée ainsi que les Dolois identifient le romancier et scénariste Philippe Aubert. Son travail va d’oeuvres très populaires comme les adaptations BD de Shrek et L’Age de Glace ou une version de Zorro pour PlayStation à des choses plus personnelles comme des nouvelles pour lesquelles il a notamment reçu le prix Hemingway. Il a écrit neuf des dix courtes histoires dont les dessins ont été confiés à autant d’illustrateurs différents. « J’ai fait du sur-mesure », explique l’auteur, détaillant des univers aussi différents que celui du caricaturiste Laurent Battistini et celui de la collaboratrice de magazines féminins Claire Gosnon.
C’est ATD Quart-Monde qui a précédé au choix des dessinateurs. Parmi eux figure un autre Jurassien, Pierre Dubois. Le « Portrait de dame au miroir avec RSA » qu’il a composé pour lui laisse une large place aux images. Face au reflet de la glace, le personnage se rappelle une jeunesse plus « scintillante ». « Ces affres, je les connais. J’ai de l’empathie pour les petites gens », témoigne l’artiste, qui dit son refus d’un monde où il faut en permanence donner une belle image de soi.
Sensible à l’injustice, Philippe Aubert glisse dans l’album un autre de ces combats : la défense de la planète. Il emprunte pour cela le personnage de Popeye, en capitaine anarchiste et insoumis. Dans d’autres pages apparaissent Peter Pan et Jenny Everywhere, personnage venu d’Internet à qui tout auteur peut imaginer des aventures.
Si ATD Quart-Monde s’efforce d’apporter une aide matérielle, son combat se distingue par l’accent mis sur l’accès à la culture. Le mouvement organise par exemple des bibliothèques de rue. « La BD correspond tout à fait à cet engagement », souligne Philippe Aubert.
Loin d’un discours moralisateur, il a conçu l’album comme une série de « moments de vie », laissant le lecteur libre des leçons qu’il souhaite en tirer. Il ajoute : « Ghandi était l’archétype du pauvre ; pourtant sa présence au monde dépasse celle de bien des personnes ». Et d’en conclure que c’est notre regard sur l’autre qui nous amène à le placer dans une catégorie plutôt qu’une autre.
Le 1er avril, Philippe Aubert était au festival de la BD à Longwic, où il a dédicacé l’ouvrage avec également de Pierre Glesser et Laurent Battistini. Ce vendredi, l’association Eccofor organise une rencontre pour laquelle l’auteur sera accompagné par Pierre Dubois. La présentation de l’album puis la séance de dédicace se dérouleront dans l’atelier de l’école de production Juralternance, au Centre d’activités nouvelles du Grand Dole. Une soirée en présence de plusieurs illustrateurs sera également organisée le 1er juin à Dijon.