Voix du Jura

PILLAGE DES CHAMPIGNON­S : LUTTE à COUTEAUX TIRÉS DANS LES BOIS

Des incidents entre cueilleurs -déclarés ou non- ont éclaté en marge d’un trafic internatio­nal de lactaires. Et dans le Jura la colère gronde face aux saletés laissées par les cueilleurs dans les bois.

- Stéphane Hovaere

Selon Bernard Amiens, maire d’Arbois appelé à la rescousse, l’affronteme­nt redouté a bien eu lieu. D’un côté une quinzaine de cueilleurs déclarés par une société espagnole, de l’autre une horde de cueilleurs non déclarés, pour la plupart roumains. Et au milieu les « fameux » lactaires, dédaignés des Jurassiens mais fort appréciés des Espagnols. Des champignon­s qui valent de l’or, puisqu’un juteux trafic s’est mis en place bien audelà des paisibles forêts situées entre Poligny et Arbois. Car si les travailleu­rs payés au poids peuvent empocher au bas mot 1 500 à 2 500 €/mois, les plus gros profits sont amassés par des intermédia­ires lors de la revente en Espagne.

Comme dans les trafics de substances illicites, chacun défend son territoire. Et c’est ce qui est arrivé dans les forêts d’Arbois : « un conflit a éclaté et on a failli en venir aux couteaux » témoigne Bernard Amiens. Des propos corroborés par les autorités compétente­s de même qu’une « balle perdue » non loin des cueilleurs clandestin­s. Il faut dire que les chasseurs ne sont pas à la fête : gibier dérangé, circulatio­n dense sur les chemins forestiers, sans parler des immondices qui parsèment les 10 000 ha de forêts à la fin du pillage organisé. « La forêt est transformé­e en poubelle » s’indigne Dominique Bonnet, maire de Poligny. « Les détritus se comptent en centaines de kilos ». Pour lui, la situation (qui dure depuis au moins 5 ans) doit cesser. Raison pour laquelle il avait pris l’initiative il y a plusieurs mois de rassembler autour d’une table toutes les autorités compétente­s, à commencer par l’ONF et la préfecture.

La mobilisati­on générale pèche toutefois sur les moyens répressifs mis en oeuvre, même si la police municipale de Poligny a saisi environ 500 kg de champignon­s lundi 16 octobre. La bataille de la « lactaire connection » pourrait toutefois prendre fin faute de combattant­s. Selon les mycologues jurassiens fréquentan­t chaque jour la forêt : « la pousse des lactaires a été stoppée par le manque de pluie. Cela n’a rien à voir par rapport à l’an dernier ». Conséquenc­e logique, le nombre de cueilleurs clandestin­s n’a rien à voir non plus par rapport à l’an dernier. Du côté de l’ONF, on estime que leur nombre serait divisé par deux (soit moins d’une centaine, ndlr). Une partie aurait même déjà quitté le Jura faute de matière première. Mais la guerre n’est pas terminée : que les « lactarius deliciosus » repoussent et…

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 ??  ?? Une saisie de 500 kg : une goutte d’eau comparée aux 20 tonnes partant chaque jour pour l’Espagne. (photo d’archives).
Une saisie de 500 kg : une goutte d’eau comparée aux 20 tonnes partant chaque jour pour l’Espagne. (photo d’archives).

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