Uniques en France, les premiers sylvotrophées ont été décernés
Les premiers prix ont été remis au groupement familial Jobez de la Région des lacs et à la commune de Chatel-de-Joux
Dans le Haut-Jura, on connaissait déjà depuis 2008, le concours des prairies fleuries initié par le Parc Naturel Régional du Haut-Jura, qui permet à chaque édition de mettre en avant des prairies qui présentent une bio-diversité remarquable en particulier sur le plan « agri-écologique » pour les professionnels, mais aussi pour le grand public en communiquant sur les liens existant entre les pratiques de préservation de la biodiversité et la qualité des produits.
Fort de cette expérience, et en s’appuyant la présence importante de la forêt qui représente environ 70 % du territoire avec de multiples vocations (économique, écologique, récréative, sanitaire…) le Parc a proposé un autre concours dans le cadre du programme européen LEADER (avec l’appui financier de la région Bourgogne FrancheComté) : le sylvotrophée. Unique en France, il vise à valoriser une sylviculture produisant du bois, tout en respectant les écosystèmes et les autres usagers. L’objectif est aussi de mettre en lumière des forestiers du territoire qui mettent en oeuvre une gestion durable mais aussi de créer un lieu d’échanges et de débats entre acteurs du monde sylvicole.
Pour cette première année, la thématique retenue a été celle des « Futaies jardinées du haut-Jura ». Pour ce faire, les propriétaires ont été invités à candidater en duo avec leur gestionnaire. Plusieurs conditions devaient être respectées. Il fallait posséder des surfaces forestières sur le territoire du programme Leader 2016-2020 et proposer une parcelle de 5 à 15 hectares, exploitée récemment (moins de cinq ans) et gérée selon les principes de la « futaie jardinée ».
Le Parc a reçu dix candidatures privées et publiques ; cinq parcelles ont été retenues ; la logistique ne permettant pas de parcourir davantage de parcelles sur les deux jours de visite. Il s’agit de : la commune de Châtel-de-Joux (gérée par l’ONF), la commune de Moirans-en-Montagne (gérée par l’ONF), Philippe Lacroix (qui gère lui-même une parcelle aux Molunes), Christian Romanet à Morbier (dont la parcelle est gérée par Coforet) et le groupement forestier et familial de la Région des lacs pour une parcelle située à Châtel-de-Joux (gérée par la Sarl TGVF).
Les parcelles ont fait l’objet d’une visite les 31 août et 1er septembre, par un jury composé pour le volet écologique de Rémi Collaud (botaniste au conservatoire botanique de Bourgogne Franche-Comté) et Vincent Godreau (écologue généraliste à l’ONF Bourgogne Franche-Comté) pour le volet économique d’Eric Lacombe (enseignant chercheur en sylviculture) et Christian Bulle (syndicat des forestiers privés de FrancheComté) ; pour le volet social de Julien Arbez (photographe naturaliste) ainsi que de Chantal Grospellier et Claude Bouvard (randonneurs, gestionnaires d’itinéraires). Munis de grilles de dotation, ils ont évalué sur le terrain les enjeux économiques, écologiques et sociaux, ainsi que la prise en compte de ces critères dans la gestion forestière menée.
Deux lauréats ont été choisis : un pour la forêt publique, la commune de Châtel-de-Joux. Un pour la forêt privée, le groupement forestier de la Région des lacs. Ce groupement a la particularité de réunir les descendants d’Henri Jobez qui a débuté la gestion d’une parcelle en forêt de Châtel-de-Joux en 1858. En 1930, la famille avait décidé de différencier cinq lots, mais en 1975, les descendants ont choisi de rassembler ce patrimoine familial et forestier via un groupement, qui a confié la gestion à l’entreprise Romand. Chaque lauréat a reçu un trophée en bois réalisé par Bruno Marielle (de la layetterie de Lajoux) ainsi qu’une superbe composition photographique de Julien Arbez. D’ores et déjà, les modalités sont en cours pour le concours 2018 ; un concours qui fait des émules dans d’autres Parcs du Grand Est, dans le Jura Vaudois et dans le Massif central.