Voix du Jura

L'entreprise Cartoneo fête ses 120 ans

- Monique Henriet

Vendredi soir, personnel, anciens salariés, fournisseu­rs, clients et élus ont participé à la journée portes ouvertes et prirent part à une superbe fête organisée dans les locaux de l’usine.

« J’ai connu les 60 dernières années, mais je n’ai pas connu les 60 premières de cette saga familiale commencée au XIXe siècle » a déclaré vendredi soir Edmond Perrier, le patron de l’entreprise Cartoneo.

« 120 ans c’est une histoire de famille, qui a commencé en 1897. Mon arrière-grandmère Mme Chevassus a fondé la société de cartonnage. À cette époque c’était la folie de la pipe à Saint-Claude. Elle a déposé un brevet de boîtes en carton pour mettre les pipes en éventail. Ces boîtes étaient destinées au comptoir des pipiers pour la présentati­on des modèles. C’était une des premières PLV ! ».

Une cinquantai­ne de salariés

Dans les années 20, les grands-parents de M. Perrier ont pris la suite en transforma­nt le carton gris. Ils ont profité de la présence importante de tourneurs sur bois pour lancer la fabricatio­n de boîtes montées en cartonnage recouvert. Il y avait alors une cinquantai­ne de salariés.

« C’est à ce moment que j’ai commencé à mettre les mains dans la colle. Nous étions à Saint-Claude dans la rue de la Poyat. Pour les livraisons de carton, ce n’était pas facile, lorsqu’il y avait de la neige qui arrivait au premier étage des maisons. Les camions de livraison ne pouvaient descendre la rue. Alors, mon père arrêtait l’usine et tous les ouvriers montaient pour aller chercher le carton à dos d’homme ».

L’entreprise a alors pris un nouveau tournant avec le lancement du carton ondulé avec impression typo.

« La place manquant dans la rue de la Poyat, il a cherché des terrains à Saint-Claude. La zone du Plan d’Acier était prévue, mais il n’y avait pas de pont ! ».

En attendant, il s’est installé à Chassal dans les locaux de l’Adamas. L’entreprise s’appelait alors Bouzerot-Bosonin.

« Le développem­ent a été assez rapide et la place a manqué. Il fallait construire impérative­ment ». Faute de pouvoir le faire à Saint-Claude, il s’est arrêté à Vaux-les-Saint-Claude avec la constructi­on de l’usine en 1968. La société est devenue Bouzerot-Perrier.

« Cet établissem­ent sera agrandi plusieurs fois. Nous sommes passés à la Flexo puis dans les 75-78 nous avons rentré la première contre-colleuse et acheté notre offset chez des sous-traitants. En 1991, mon père a pris sa retraite et j’ai pris sa succession. Il m’a laissé un superbébé ».

Le tragique 16 septembre 1995

Cette même année, Bouzerot-Perrier a créé un GIE avec Internatio­nal paper (Creapack). « La petite usine du Jura qui signait avec le numéro 1 du papier : ça a fait du bruit ! Et Creapack continue toujours ! ».

L’année 1995 a marqué l’intégratio­n de l’offset dans la société grâce à l’acquisitio­n du sous-traitant Alpa-Color dans l’Isère en juin.

Trois mois après, le samedi 16 septembre, ça a été le choc avec l’incendie de l’usine. « Le sinistre est gravé dans nos mémoires. Ce fut un grand moment de détresse, mais aussi un grand moment de solidarité. Je ne remerciera­i jamais Grosfillex, qui dès le lundi matin m’a téléphoné pour me proposer de faire de la place dans un bâtiment pour que je puisse travailler très vite. On s’est installés, on a redémarré et une quinzaine de jours plus tard on tournait. On a fait venir des machines par avion des Etats-Unis et on a redémarré. J’éprouve une très grande fierté, car nous avons sauvé l’entreprise, grâce à l’implicatio­n de tous les salariés. Nous n’avons perdu aucun client et nous les avons tous livrés en temps et en heure ».

Les années suivantes ont vu la reprise de l’imprimerie Imaj à La Cluses. Elle a été déménagée sur le nouveau site construit à Béard-Géovreissi­at (01) qui a ensuite accueilli en 2011 AlpaColor qui a fermé à Charvieux.

Des investisse­ments ont suivi : de nouveaux bâtiments, l’achat de deux presses offset qui permettent jusqu’à 15 000 impression­s (1 200 x 1 620 mm) à l’heure. En même temps, la machine Automax à Vaux-lesSaint-Claude a été changée.

Le numérique c’est l’avenir

« Merci à nos partenaire­s financiers de nous avoir suivis et d’être encore à nos côtés aujourd’hui. Si nous n’avions pas réalisé ces investisse­ments, nous ne serions sûrement pas là en train de faire la fête ».

En 2012, Edmond Perrier a racheté les Cartonnage­s Techniques de Villefranc­he (CTV). « L’entreprise était en sauvegarde. Le challenge était difficile, mais on voit la sortie du tunnel. Nous allons acquérir les locaux dont nous étions locataires. J’y crois », assurait le patron qui est revenu sur un changement important en 2010 : « Bouzerot-Perrier est devenu Cartoneo. Ce qui a surpris au départ est devenu un accélérate­ur de notoriété. Et aujourd’hui on investit dans le numérique. C’est l’avenir de notre profession. Après avoir commencé par cette ligne numérique petite cadence, unique au monde qui nous permet de capter de nouveaux marchés et de nouveaux clients dans différents secteurs, nous allons encore investir dans l’extension de nos bâtiments actuels à Vaux pour entrer une nouvelle machine à impression numérique ’grande cadence’, ’grande dimension’, ’gros volumes’. Et ce dès 2018 ».

« Nous avons commencé la saga au XIXe siècle, nous avons traversé le XXe, nous sommes toujours présents au XXIe siècle (avec 140 salariés)… J’espère que nous serons encore présents au XXIIe… mais ce sera sans moi », concluait Edmond Perrier. « Je m’éclate encore. Le numérique est un formidable atout et c’est quelque chose qui me branche beaucoup. Vous allez encore me supporter encore quelque temps ».

La soirée s’est poursuivie par un repas, et un impression­nant spectacle de l’hypnotiseu­r Pierre Cika, avant de passer à la musique et à la danse !

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 ??  ?? La grande famille de l’entreprise Cartoneo.
La grande famille de l’entreprise Cartoneo.
 ??  ?? Edmond Perrier, entouré de son épouse et de ses trois fils. Durant la journée le public a pu découvrir les machines uniques au monde. Pierre Cika a bluffé le public.
Edmond Perrier, entouré de son épouse et de ses trois fils. Durant la journée le public a pu découvrir les machines uniques au monde. Pierre Cika a bluffé le public.

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