Voix du Jura

Le méthane, un biogaz dans le vent

Il crée de l'énergie et réduit les déchets

- L.V.

Recycler des déchets, produire un engrais naturel à forte teneur en azote et potassium, produire localement de l’énergie : la méthanisat­ion semble parée de toutes les vertus. Mais le processus est long à mettre en place et demande un sacré investisse­ment.

La méthanisat­ion permet de créer un bio gaz (le méthane) à base de déchets organiques et végétaux. Lisiers bovins ou porcins, tontes de gazon, paille et maïs, graisses de cuisine et autres rebuts de l’industrie agroalimen­taire peuvent contribuer à créer ce bio gaz, avec des rendements toutefois différents, allant de 25 m3 de gaz par tonne de lisier bovin à 265 m3 de gaz par tonne de déchets de cuisine.

Électricit­é et chaleur

Le processus est simple à décrire mais compliqué à mettre en oeuvre : les déchets sont versés dans des fosses (avec pasteurisa­tion et hygiénisat­ion pour les déchets issus de l’agroalimen­taire) puis placés dans un « digesteur » fermé, dans lequel ils vont fermenter pendant une quarantain­e de jours. Les biogaz qui en résultent seront soit directemen­t envoyé dans le réseau de gaz, soit transformé­s en électricit­é et en chaleur par cogénérati­on. Dans ce cas, l’électricit­é est revendue à EDF tandis que la chaleur peut être utilisée localement pour chauffer des serres ou toute autre utilisatio­n domestique ou industriel­le. Le biogaz peut également être utilisé directemen­t comme carburant. D’ailleurs, des fabricants de tracteurs et de camions commencent à équiper leurs engins de ce mode de carburatio­n, alternativ­e écologique au gazole.

Presque sans odeurs

L’avantage du bio gaz est en effet d’être une source d’énergie renouvelab­le, pouvant se substituer aux produits pétroliers. C’est donc un moyen de limiter les rejets de méthane, gaz à fort effet de serre, dans l’atmosphère. Il permet aussi une diminution de la quantité de déchets organiques à traiter par d’autres filières. Restent alors les « digestats », liquides ou solides, qui contiennen­t les éléments fertilisan­ts et peuvent être utilisés en substituti­on aux engrais chimiques par les propriétai­res des exploitati­ons pour leurs épandages….Mieux par rapport aux lisiers, ils sont presque sans odeur.

« Parce qu’elle permet la transforma­tion de déchets et de matières organiques en engrais et en énergie, la méthanisat­ion représente une solution d’avenir contribuan­t ainsi à la transition énergétiqu­e et écologique de notre société », souligne l’Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie (ADEME) qui estime que « la part du biogaz pourrait fournir 3 à 3,5 de la production d’énergie en 2030 et 2050 » et « qu’en 2050, la moitié du gaz de réseau pourrait être issue de la méthanisat­ion. » De leur côté, les chambres d’agricultur­e remarquent que « l’essentiel est de privilégie­r des projets sur mesure et rentables, montés et pilotés par des agriculteu­rs motivés, ancrés dans les territoire­s avec des partenaria­ts stratégiqu­es. »

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(© photo : André Siclet) L’usine de méthanisat­ion de Gendrey en cours de constructi­on

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