Accident de Villeneuve : « Il a gagné sa vie en prenant celle des autres »
Un chauffeur poids lourd est poursuivi pour plusieurs manquements qui ont entraîné la mort de deux personnes et blessé une troisième.
Le 6 novembre 2014 à 13 h 10, les gendarmes étaient appelés à Villeneuve-sous-Pymont pour un accident mettant en cause deux poids lourds, un autocar et une voiture avec deux enfants. À l’intérieur du bus, deux personnes étaient décédées et un homme blessé était conduit au centre hospitalier de Lons-le-Saunier.
« Le camion a perdu son chargement dans un virage », rappelle la présidente du tribunal, chargée de faire le point sur les responsabilités. « La presse hydraulique de 16 tonnes est tombée sur l’autocar qui arrivait en face et elle s’est immobilisée vers le camion qui suivait le bus. »
Grégori Rochet, 25 ans, et Eric Guyotjeannin, 47 ans, étaient tous les deux élèves conducteurs. Lors du choc, le premier était au volant ; le second, passager, placé derrière lui. Ils sont décédés dans l’accident. Le formateur, blessé, se trouvait à droite. D’après l’expert, « une sangle a lâché avant que les autres lâchent ensuite et la presse a labouré le bus. Elle est tombée au sol à l’envers. L’ensemble était instable. Le défaut d’arrimage et la position de la presse trop en arrière ont eu une incidence sur la chute, ainsi que la vitesse trop élevée du poids lourd dans le virage ».
Le chauffeur a clairement accumulé les défaillances. La pièce était mal positionnée. Elle était retenue par quatre sangles alors qu’il en possédait une dizaine dans son camion. « On a du mal à comprendre qu’il ne vous est pas venu à l’esprit d’en mettre plus », lâche la présidente du tribunal. Il roulait à une vitesse inadaptée, 87 km/h, alors qu’il ne pouvait dépasser les 80, la réglementation habituelle pour un poids lourd sur une route départementale. Une absence de vérification de son chargement a aussi été pointée. « C’est effrayant », a résumé la magistrate.
Le formateur a été le premier à venir à la barre : « Professionnellement, c’est dur d’accepter d’avoir perdu deux élèves… et d’être le seul survivant aussi. On m’a condamné à perpétuité et les familles aussi ».
Le frère de Grégori Rochet, Aurélien, a ensuite témoigné que quelques minutes avant l’accident, il avait reçu un message de son petit frère car ils préparaient leur prochain événement sportif. « Je ne vois plus ma psy car elle n’a pas su répondre à une question. Pourquoi ? Aujourd’hui, j’ai la réponse. Bien des négligences ont été commises au nom d’une économie de quelques euros. »
« Notre vie sans lui n’est plus une vie, c’est une survie », a enchaîné son papa, Eric Rochet.
« Ce n’est pas la faute à personne. C’est une succession de manquements », a pointé Me Julie Dufour pour les parties civiles. « On est sur un transport qui a coûté 300 €. Il y a forcément un manque quelque part. » Pour l’avocate du barreau de Besançon qui ravale un sanglot, « ils ont pris le risque et ils ont pris la vie des autres ».
« Votre décision est très attendue. Les parties civiles l’ont dit avec beaucoup de dignité. C’est une audience très difficile », introduit le procureur de la République. « Monsieur a gagné sa vie en prenant celle des autres, a résumé l’expert. Monsieur n’était peut-être pas formé, mais il est allé au bout de sa nonchalance, il n’a pas appelé son employeur qui n’a pas refusé le transport. »
La magistrate requiert deux ans d’emprisonnement dont 18 mois avec sursis, ainsi que l’annulation de son permis pour le chauffeur avec l’interdiction de le repasser dans un délai maximum de cinq ans. Pour l’entreprise responsable du transport, elle requiert une amende de 150 000,00 € ; pour le donneur d’ordre, 100 000,00 €.
Selon Me Marjorie Weiermann, qui défend les intérêts du chauffeur, l’entreprise qui a chargé la presse n’est peut-être « juridiquement pas responsable, mais moralement… Mon client n’a absolument pas conscience du danger que faisait courir son chargement aux autres, mais aussi à lui-même ! ». Me Jean-Pierre Buffard, qui défend l’entreprise de transport, estime, lui, que « le matériel suffisait pour peu qu’on en ait fait une utilisation sensée ».
La décision sera rendue le 16 janvier.
Ne suivez pas aveuglément votre GPS ! Mercredi à 12h15 l’entreprise spécialisée Mécano service de Dannemarie-surCrète a été appelée par un chauffeur Slovaque en fâcheuse posture dont le camion remorque de 20 tonnes, chargé de palettes, était embourbé sur un chemin de terre, entre La Barre et Monteplain. D’après le chauffeur qui s’exprimait assez mal en Français, c’est le GPS qui lui avait indiqué ce chemin pour se rendre à La Barre alors qu’il devait aller livrer sa cargaison chez Récupal.