L’avènement de l’orthodoxie
Au concile de Nicée (325), la foi chrétienne trouve son accomplissement.
Pour nombre de libres penseurs ou de païens façon Louis Rougier, le christianisme, en mettant fin à la religion traditionnelle, a porté un coup mortel à l’Empire romain. Des historiens contemporains mettent en cause une assertion que les faits n’ont pas vérifiée. Ils postulent deux thèses : 1) que le paganisme antique était languissant et qu’il ne répondait plus aux aspirations religieuses de beaucoup et que 2) le christianisme nicéen – donc le catholicisme – était davantage soucieux de limiter les effets des hérésies que de s’en prendre à des cultes païens à bout de souffle. Une autre considération est à garder à l’esprit ; elle est le fruit de la spéculation de Walter Bauer, historien allemand du christianisme antique. Formidablement originale est sa conclusion : Longtemps, on a pensé que les hérésies avaient succédé à l’orthodoxie. Or, conclut Bauer, et si c’était le contraire ! Supposons qu’après la rédaction des évangiles l’hétérodoxie s’est emparée du dépôt de la foi, s’en nourrissant pour mieux le détourner ! Deux siècles après, voici que Constantin s’empare du trône impérial, avec l’idée que l’Eglise et l’Etat doivent marcher de pair. Comme l’écrit Hans Küng, l’Eglise impériale « avait besoin d’une confession de foi oecuménique univoque, qui deviendrait loi de l’Eglise et loi de l’Empire pour toutes les Eglises » (H. Küng, Le christianisme, Le Seuil, 1999, p. 267). En somme, un Dieu, un empire, une loi, une foi… D’où l’idée grandiose de réunir l’ensemble des évêques du monde chrétien pour qu’ils donnent un exposé de la foi, de la vraie foi, celle dont le Christ a cru, à laquelle les apôtres ont cru et qui a poussé tant de chrétiens au martyr. Aujourd’hui encore, dans toutes les églises on continue à réciter le Symbole de Nicée Constantinople, les deux conciles qui, en 325 et 381, ont défini la foi de l’Eglise. A Nicée, les évêques ont l’idée géniale de souligner l’unité entre le Christ et Dieu, qui sont de même nature, de même substance. C’était non seulement donner une définition acceptable par le plus grand nombre, mais c’était aussi en finir avec les épineuses et chicaneuses questions de subordination qui avaient tant divisé les chrétiens.