Rome, une histoire de violence
Histoire d’une civilisation qui s’est en grande partie construite grâce à la guerre.
Il y a une trentaine d’années, l’antiquisant Paul Petit avait publié un livre remarqué,
L’idée était arrêtée que Rome avait réussi à imposer la paix à des peuples barbares en perpétuelle guerre civile. C’était particulièrement vrai pour la Gaule, incapable de s’unir face à César et qui serait retournée à ses vieux démons si le conquérant n’avait pas prescrit sa loi. Dans son
on a le sentiment que Yann Le Bohec prend le contrepied en proposant une histoire militaire de la Rome antique, du milieu du VIIIe siècle avant Jésus-Christ à 410 après J.-C., date de la prise de Rome par Alaric. Avec raison, il considère qu’au sein d’un monde porté à la violence les Romains n’étaient pas plus cruels que les autres peuples. Cependant, en présentant cette succession de guerres et de batailles, l’auteur donne le sentiment que Rome s’est largement bâtie par la guerre. Guerre pour assurer sa prééminence en Italie, guerre pour contrer des adversaires aussi hardis que Carthage, guerre pour imposer son impérialisme, guerre enfin pour se protéger des incursions barbares… Si l’exposé de Yann Le Bohec est aussi intéressant que complet, il conviendra de ne pas en rester là. Pour importante qu’elle soit, l’histoire bataille ne considère qu’un seul aspect d’une civilisation tellement riche par ailleurs. Autre réserve : il nous semble que l’auteur donne le beau rôle aux dirigeants romains. Les premiers, les Romains ont défini le concept de guerre juste, d’une guerre qui ne serait menée que défensivement, pour se protéger des menées de l’adversaire. Or, il semble qu’une part notable des guerres menées par Rome l’a été de façon offensive, pour nourrir un impérialisme qui ne demandait qu’à s’exprimer. Cette réserve étant faite, il faut souligner l’impressionnant travail de synthèse menée par Y. Le Bohec.
En ce temps-là, Jean le Baptiste se trouvait avec deux de ses disciples. Posant son regard sur Jésus qui allait et venait, il dit : « Voici l’Agneau de Dieu. » Les deux disciples entendirent ce qu’il disait, et ils suivirent Jésus. Se retournant, Jésus vit qu’ils le suivaient, et leur dit : « Que cherchez-vous ? » Ils lui répondirent : « Rabbi – ce qui veut dire : Maître –, où demeures-tu ? » Il leur dit : « Venez, et vous verrez. » Ils allèrent donc, ils virent où il demeurait, et ils restèrent auprès de lui ce jour-là. C’était vers la dixième heure (environ quatre heures de l’après-midi). André, le frère de Simon-Pierre, était l’un des deux disciples qui avaient entendu la parole de Jean et qui avaient suivi Jésus. Il trouve d’abord Simon, son propre frère, et lui dit : « Nous avons trouvé le Messie » – ce qui veut dire : Christ. André amena son frère à Jésus. Jésus posa son regard sur lui et dit : « Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras Kèphas » – ce qui veut dire : Pierre. [Jn 1, 35-42]
L’appel des disciples marque dans chacun des Évangiles le début du ministère de Jésus. Mais dans celui de Jean, il apparaît comme une démarche plus intime et plus profonde qu’un simple «viens, et suis-moi ». Fidèle à son objectif d’accompagner son lecteur dans une recherche personnelle, l’évangéliste Jean l’entraîne dans une dynamique de conversion qui se décline en quatre étapes : voir et regarder – entendre et écouter – suivre – demeurer. En effet, nous venons de lire ces versets d’Évangile. Nous avons vu Jésus qui passait dans nos vies, nous avons entendu les mots de Jeanle-Baptiste, nous avons suivi Jésus pendant quelques lignes et nous nous sommes arrêtés pour demeurer avec lui un instant, reliés à lui par la chaîne ininterrompue de témoins qui nous l’ont fait connaître. Mais si voir, entendre et suivre le Christ semble un chemin de foi relativement commun, qu’en est-il de demeurer ? « Que cherchez-vous ? » demande Jésus ? « Où demeures-tu ? » répondent ses interlocuteurs. Nul doute que la quête ultime du chrétien n’est alors pas de suivre le Christ, mais de le rejoindre et de demeurer avec lui. A bien d’autres endroits dans cet Évangile, Jésus nous invite à demeurer, à rester avec lui et à persévérer. « Je vous ai dit ces choses pendant que je demeure avec vous (Jn 14,25) ». « Celui qui demeure en moi et en qui je demeure porte beaucoup de fruits (Jn 15,5) », … Il y a dans notre vie de foi un temps pour se mettre en marche, pour chercher, et un temps où nous pouvons nous poser, dans la conviction que nous avons trouvé notre place. Mais ce n’est pas une retraite passive. Demeurer nous invite aussi à la persévérance, à l’approfondissement de cette quête intérieure qui nous fait connaître et apprécier toujours plus cette vie éternelle qui nous est donnée. Il y a également une autre chose qui intrigue dans cette histoire : c’est la diversité des parcours. Il n’y a pas seulement Jésus qui appelle un homme à le suivre. Il y a aussi Jean-le-Baptiste qui en désignant Jésus comme « Agneau de Dieu », interpelle ses deux disciples et les convertis. Puis André va à son tour chercher son frère et lui présente Jésus. A cette diversité des chemins de conversion s’ajoutent celle des confessions de foi de chacun : Jésus est tour à tour l’Agneau de Dieu, le Messie, le Christ, Rabbi, le Maître. Chacun dans sa langue, selon ses convictions donne un nom différent à Jésus. Et Jésus à son tour change leur nom pour mieux marquer le changement qui s’opère dans leur vie. N’est-ce pas là l’image plurielle de notre Église ? L’image de ces chemins divers qui nous conduisent chacun à le rencontre » [Pasteure Laurence Guitton]