Un collectif demande plus d’humanité pour les déboutés et les mineurs isolés
Pour les associations en lien avec les migrants, cela passe par des marques d’attention ou un peu de réactivité…
« On entend dire que pour les réfugiés ’tout ne se passe pas si mal’, c’est le discours officiel. Non, la réalité n’est pas ça » proteste Yves Panier, de l’antenne locale du Secours catholique, membre du collectif d’associations humanitaires et de solidarité du bassin dolois qui exposait il y a peu, la situation des demandeurs d’asile déboutés ou mineurs. « La circulaire du ministère de l’Intérieur du 20 novembre ouvre la porte à la répression estime Samia Coupat, présidente d’Accueil Citoyen des Réfugiés. Les préfets sont mis en concurrence, chaque semaine en visioconférence le ministère leur demande combien d’expulsions, de rétentions en centre administratif, d’expulsions du territoire… ».
« On n’est pas contre l’application de la loi, on demande son application avec humanité. Où est l’humanité quand des téléphones sont arrachés, que des enfants pleurent, qu’il y a 8 forces de l’ordre pour expulser une famille de 3 personnes ? demande Claude Charbonnier, des Cercles de silence et de Terre des Hommes. Près de cinquante familles vivant ici depuis longtemps sont dans la crainte d’une expulsion ».
Contrairement aux idées reçues la France de 67 millions d’habitants « reçoit très peu de demandes d’asile : 85 244 en 2016 selon l’OFPRA, Office français de protection des réfugiés et apatrides, pour 65 millions de déplacés dans le monde. Et près des deux tiers sont déboutés » déplore le collectif. Qui, rappelant au passage que pour une carte de séjour il faut débourser près de 300 €, souligne l’accueil de pays tels le Liban (un quart de la population est réfugié), la Jordanie, la Turquie. Et de l’Allemagne qui a su anticiper et s’organiser.
« Le 28 décembre, un couple et leur enfant de 9 ans, en France depuis près de 3 ans, ont été expulsés un matin à 10 h 30. Nous l’avons su trop tard, le soir même ils étaient au Kosovo ». Ce pays classé sûr par la France, ils l’ont fui « car menacés par la mafia, par des voisins… ».
« Pourquoi cette précipitation entre Noël et le jour de l’An ? Des réfugiés déboutés vivent là depuis plusieurs années, rendent des services bénévoles autour d’eux car ils n’ont pas le droit de travailler. Nous avons déposé des demandes dérogatoires de régularisation dans le cadre de la circulaire Valls de 2012 ; il suffit d’une signature du préfet, mais certaines attendent depuis deux ans. »
Autre souci : les migrants mineurs, en forte augmentation. Leur prise en charge, onéreuse, relève des départements. « Leur minorité est assez régulièrement contestée par une commission départementale : ceux qu’elle considère majeurs sont expulsés de l’hébergement qui leur était alloué. À la rue ils peuvent tomber entre toutes les mains, sans prise en charge ni suivi… Depuis août à Dole, ils sont 8 dans ce cas ». Quatre ont quitté le département. Pour les autres, recueillis par des familles, toutes les démarches prévues par la loi ont été entreprises ; les jeunes ont effectué une demande de recours gracieux auprès du président du conseil départemental. Très récemment, le conseil a accepté de recevoir leurs documents et de les faire authentifier.