Un autre Moyen Âge
Au Moyen Âge, tout ou presque faisait signe ou était symbole.
Tâcher de comprendre une civilisation, pas seulement son histoire, mais son âme, son tréfonds, c’est le travail auquel s’est attelé Michel Pastoureau en réalisant cette passionnante enquête. Du Moyen Âge le contemporain a souvent une image en noir et blanc, époque de fureur et de violence, quelque part entre les Croisades, l’Inquisition et la chasse aux sorcières. Tout ce fatras est à balancer, nous dit l’historien, tant l’imaginaire de l’homme médiéval était riche et tant il disposait de symboles pour enchanter le monde qui l’entourait. Il est à peine croyable que des auteurs comme Michel Onfray et tant d’autres ne fassent pas davantage d’efforts pour voir ce qu’il y avait de riche et de fort dans la symbolique de l’Occident d’autrefois. Contrairement à une vision sommaire, les procès que l’on faisait aux animaux n’étaient pas le fruit de cerveaux fêlés. C’était la lecture de l’Écriture, associée à la promotion du monde animal, qui donnait aux chevaux et aux chiens des caractères proches de ceux des humains. S’ils fautaient, ils avaient droit, eux aussi, à la justice commune. Les chapitres consacrés à la symbolique des couleurs et des matières sont également passionnants. Une grande partie de cette symbolique tire sa source de la lecture de la Bible. On ne comprendra rien à la période si l’on fait abstraction de cette réalité. Si certains mélanges de couleurs sont réprouvés, si l’utilisation de telle ou telle espèce de bois est condamnée, cela n’est jamais le fait du hasard. Au Moyen Âge, le bleu est une couleur chaude et le roux est à éviter car souvent couplé à Judas ou au diable. C’est à une symphonie que nous invite Michel Pastoureau, un voyage initiatique dans une histoire et une mythologie. Un livre tout simplement passionnant.
Jésus chasse les esprits mauvais et guérit les belles-mères. Certains humoristes préféreraient certainement le contraire ! Mais soyons sérieux même si ce passage d’Evangile nous invite à danser notre vie, comme pour une valse, à trois temps ! Le premier temps nous amène à faire ce pas, un soir de sabbat, dans nos Capharnaüm. Après l’office, Jésus, Jacques, Jean, et d’autres disciples passent la journée tout près de la Synagogue, chez Simon. Il n’y a qu’un pas à faire pour être ainsi à l’écoute de malades, d’esprits dérangés, de personnes ayant besoin d’être rejointes, soignées, guéries… Puis, deuxième temps, celui du lendemain matin, avant l’aube… le temps du pas à la rencontre de Dieu, dans la prière. Pour quelqu’un qui a l’habitude de lire l’Evangile, un Jésus qui se lève, bien avant l’aube, un lendemain de sabbat (donc un premier jour de la semaine, donc un dimanche.. ), un Jésus qui rencontre alors son Père (celui qui engendre à la Vie !), un Jésus dont il faut partir à sa recherche et qui se fait retrouver, n’est-ce pas parlant ? Le pas de Pâques… passage vers un nouveau pas, celui du troisième temps, de l’aventure dans le monde pour entendre Jésus parler à tous… pour surtout le voir accompagner cette annonce des mêmes signes de la veille au soir, à Capharnaüm… à la chasse aux esprits mauvais pour que place soit laissée à l’Esprit d’amour inconditionnel qui tourne chacun, et tourne encore, à la fois vers les hommes et vers le Père ! Et un, et deux, et trois temps à nous offrir chaque jour pour faire et ce pas de rencontre avec les personnes qui ont la fièvre comme avec nos propres souffrances… et cet autre pas pour nous tenir debout devant le Père des cieux, et rencontrer sa puissance de vie suscitée et re/suscitée si nécessaire… et ce troisième pas missionnaire pour accompagner par son propre engagement, au coeur du quotidien, l’Espérance du Ressuscité, l’Espérance d’un nouveau premier pas, et d’un nouveau deuxième… et d’un nouveau troisième afin que l’humanité puisse enfin danser sa vie sur un air d’Evangile !