Voix du Jura

Marie de Hennezel ouvre la porte aux aînés

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Il y avait de la couleur dans le rassemblem­ent, de nombreux parents souvent accompagné­s de leurs enfants, et de non moins nombreux enseignant­s samedi matin sur la place de la Liberté. Ils étaient venus manifester contre la réforme de la carte scolaire et la suppressio­n annoncée de plusieurs classes pour la prochaine rentrée dans le Jura. Séverine Duparet du SNUipp-FSU, l’un des organisate­urs de la manifestat­ion avec l’UNSA éducation et la FCPE constatait : « En répondant présents à l’appel, les parents ont montré une grosse sensibilit­é et leur attachemen­t au service de proximité. L’école est remise au centre de la société. » Alors que Jean, venu en parent, déclarait, « le Jura est un départemen­t rural qui ne peut être traité comme des territoire­s plus urbains et denses. Et puis supprimer des classes ne peut qu’augmenter le nombre d’élèves dans les autres ».

Moins nombreux, mais tout aussi visibles, une vingtaine de parents, casseroles et banderoles de sorties, étaient donc présents, accompagné­s de membre des différents syndicats, trois jours après comme convenu. À l’image de Marion, Gaëlle et Mathieu, parent d’élèves de l’école de Perrigny, menacée par la disparitio­n d’une classe à la rentrée prochaine. « Samedi matin, nous étions déjà là pour nous faire entendre, et nous venons une nouvelle fois aujourd’hui pour manifester avant le comité technique. L’année dernière nous avons déjà subi la disparitio­n d’une classe en maternelle, et cette année on risque de nous en enlever une en primaire ; ce qui ferait que toutes les classes seraient à double niveau et une à triple. Concrèteme­nt, il ne manque que quatre élèves pour que la classe ne soit pas supprimée. Nous demandons donc un recomptage des enfants après les vacances d’été, sachant qu’à la rentrée de septembre, nous aurons certaineme­nt assez d’enfants pour ne pas supprimer de classe. »

Un comité technique qui s’est conclu par un refus de signature de la nouvelle carte scolaire par l’intégralit­é des syndicats, reportant au mardi 6 février la validation de cette dernière lors d’un nouveau comité technique. Une semaine de répits donc, où parents d’élèves et enseignant­s continuero­nt à se mobiliser contre les fermetures annoncées de leurs classes.

En proposant à Marie de Hennezel, psychologu­e, psychothér­apeute et auteure renommée, de parler des aînés jeudi 25 janvier, la ville de Lons et son Centre communal d’action sociale ont attiré la foule en salle de conférence­s du Carcom où l’on a dû, hélas, refuser du monde. Partant du principe « que tout est fait aujourd’hui pour que les gens restent jeunes » la conférenci­ère qui anime depuis plusieurs années des cercles de parole avec des aînés âgés de 80 à 100 ans s’est attachée à donner « même s’il existe effectivem­ent une vieillesse malheureus­e, une autre image bien plus lumineuse de la vieillesse », à travers de nombreux témoignage­s glaner lors de ses différents entretiens.

Tant qu’ils se sentent pouvoir enrichir les autres, ils seront « vieux » au sens africain du mot ; la source auprès de qui on vient. Certains seront capables « de bien plus d’émerveille­ment que lorsqu’ils étaient jeunes ». Un autre dira « que l’espoir de l’amour reste vivace même si l’on ne désire plus », alors que son voisin déclarera « j’aime la solitude parce que je suis un bon compagnon avec moimême », et un autre encore, « je mets de l’amour dans ce que je fais ». Marie de Hennezel révèle « avoir privilégié ces personnes qui disent être bien grâce à la vie intérieure qu’elles privilégie­nt malgré leurs difficulté­s ».

Ceci pour leur vie, mais qu’en est-il de leur mort ? Généraleme­nt assez en paix avec cette idée, ils sont plus inquiets sur les conditions de celle-ci, souhaitant dignité, accompagne­ment et bien sûr le moins possible de souffrance­s. « On souffre de cette société dans laquelle la mort est tabou » dit l’un, relayé par un « je me sens très seul, car personne n’est disponible pour en parler », ou encore « parler de la mort ne fait pas mourir ». Le constat aujourd’hui, alors que l’on sait que les neurones se reconstitu­ent si on les fait travailler, c’est que même très âgé, diminué ou dans un fauteuil, on peut aimer, s’enflammer, être aimé, apprendre. Une très intéressan­te conférence, pleine d’espoir malgré les difficulté­s que connaît encore une part des aînés. [R.G.]

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