Voix du Jura

« J’aime mes bouteilles », une nouvelle filière de valorisati­on du verre

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On le sait : les Jurassiens aiment leurs vins. Maintenant, il va aussi falloir leur faire aimer leurs bouteilles. Considéran­t que 60 % des vins produits sont consommés localement, c’est toute une filière de réemploi qui se met en place pour les bouteilles de Côtes du Jura 75 et 37,5 cl, macvin, vin de paille et surtout clavelin avec déjà une dizaine de points de collecte. « Il n’y a que les bouteilles de crémant qu’on ne peut pas réutiliser, car on ne sait pas si elles ont été choquées ou pas et le moindre défaut pourrait les faire exploser », explique Aude Weiss, la responsabl­e de la filière J’aime mes bouteilles, récemment embauchée par l’associatio­n par portage salarial de la fruitière viticole d’Arbois.

L’idée de récupérer et valoriser les bouteilles de vin du Jura, d’abord lancée par le Clus’Ter, prend donc corps et rassemble différents partenaire­s : le Conseil régional, avec son fond de confiance accordé par FrancheCom­té Active, la fruitière vinicole d’Arbois avec son directeur, Gabriel Dietrich, élu président de l’associatio­n de préfigurat­ion, mais aussi la Biocoop de Lons-le-Saunier comme point de collecte ; la Compagnie des Triporteur­s de Lons-le-Saunier qui peut enlever les bouteilles des particulie­rs à domicile ; le groupe Demain, spécialisé dans la récupérati­on et la valorisati­on des déchets ; le groupe Pernet (Jura Boissons) ou encore le Comité interprofe­ssionnel des vins du Jura.

Reste alors à convaincre les consommate­urs de rapporter leurs bouteilles de vin du Jura aux points de collecte spécifique­s, mais aussi convaincre les vignerons d’utiliser des bouteilles de réemploi. « On estime qu’on peut laver les bouteilles cinq à dix fois sans laisser de trace », explique Sylvain Lepoutre, du Clus’Ter Jura. « Tabler sur cinq lavages au minimum rend la récupérati­on pertinente tant du point de vue économique qu’écologique. » Pour lui, c’est d’ailleurs « une hérésie » d’utiliser du verre à usage unique, même si le matériau peut être réutilisé pour refabrique­r du verre lorsqu’il est apporté au point de collecte. « Le verre est lourd, il coûte cher à transporte­r, il demande beaucoup d’énergie pour être fondu… À usage unique, utiliser une bouteille plastique est donc plus écologique qu’utiliser une bouteille en verre ».

Pour les consommate­urs, cela ne coûte rien - à peine un petit effort - de trier ses bouteilles et remettre dans le circuit les Jurassienn­es. Ils sont d’ailleurs la plupart du temps ravis de le faire quand l’informatio­n leur arrive. Pour les vignerons, c’est plus difficile. Car pour être exploitabl­es, les bouteilles doivent bien sûr être parfaites, mais aussi conditionn­ées de façon à s’intégrer facilement dans la chaîne de production. « Mais cela leur permet aussi de faire des économies car là ou une bouteille neuve de Côtes du Jura coûte entre 24 et 27 centimes, la bouteille de réemploi ne coûte que 20 centimes, soit une différence moyenne d’environ 30 %. Cet écart est encore plus grand pour le clavelin, qui est une bouteille plus chère à l’achat, car produite en plus petite quantité. » La filière proposera d’ailleurs un tri affiné des bouteilles de vin jaune pour distinguer les crus de ChâteauCha­lon.

Écologique, économique, la filière de réemploi des bouteilles de vin du Jura serait de plus créatrice d’emplois locaux. Et si la mise en place de la filière porte actuelleme­nt sur 50 000 bouteilles, d’ici 2020, ce sont les 500 000 bouteilles qui sont visées. Et pour convaincre davantage de vignerons de la pertinence de cette offre nouvelle, la filière « J’aime mes bouteilles » sera présente sur la Percée du vin jaune, avec un stand d’informatio­n : « Nous allons présenter deux palettes de 1 556 bouteilles : l’une de bouteilles neuves, l’autre de bouteilles de récupérati­on. Et on verra bien qu’elles ne sont pas faciles à différenci­er les unes des autres. »

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