Voix du Jura

« La Tram’jurassienn­e n’aura pas lieu » : 5 000 aficionado­s resteront en rade

Ce véritable monument sportif annuel ne fêtera pas son 30e anniversai­re, en raison de lourdeurs administra­tives croissante­s.

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« La Tram’jurassienn­e n’aura pas lieu » : pour Jacky Mariotte, fondateur de ce véritable monument sportif il y a 29 ans, comme pour les quelque 5 000 aficionado­s qui parcouraie­nt chaque année les monts et les vaux compris entre Champagnol­e et Foncine, cette décision fait l’effet d’une petite bombe.

La décision prise le 24 janvier par le comité d’organisati­on est en effet lourde de conséquenc­es : la Tram’ju c’était chaque année 5 000 participan­ts, venus de 46 départemen­ts (et de villes aussi « exotiques » que Quimper, Hendaye, Nice, etc.) et de 6 pays (Luxembourg, Suisse, Allemagne, Hollande, etc.) venant dans le Jura pour une durée souvent comprise entre « 3 et 4 jours » selon le président de l’associatio­n organisatr­ice. L’arrêt de cette manifestat­ion emblématiq­ue à la veille de son 30e anniversai­re entraînera donc la perte sèche d’environ 1 000 nuitées pour le tourisme champagnol­ais et au-delà. Avec sa casquette de président de l’associatio­n de l’office du tourisme champagnol­ais, Jacky Mariotte a en effet révélé que l’hébergemen­t des « trameurs » s’effectuait dans un rayon d’environ 20 km incluant jusqu’à Arbois.

La Tram’jurasienne constituai­t en effet un formidable « vecteur pour le tourisme », puisqu’au-delà de Champagnol­e elle mettait en lumière le Jura. Et c’est une véritable success story qui s’est écrite au fil des ans : » Nous avons démarré en 1988 avec 30 participan­ts en VTT » se rappelle la cheville ouvrière. Dix ans plus tard, elle franchit la barre des 2 000 participan­ts toujours à vélo, mais aussi en randonnée grâce à des parcours de longueur et de difficulté variés. Les 4 000 participan­ts sont atteints une dizaine d’années plus tard, en 2007. Pas de doute : ça marchait fort (1 000 participan­ts par an étaient même refusés ces dernières années) et les finances étaient très saines. Alors pourquoi tout arrêter ?

Pour Jacky Mariotte, la principale raison réside dans « les lourdeurs administra­tives » dues à de nouvelles lois : même si « aucune autorisati­on de passage n’a jamais été refusée », il faut par exemple monter un dossier (incluant une cartograph­ie) pour chaque commune traversée… et il n’y en avait pas moins de 67 en 2017 !

Autre élément avancé : les dossiers à fournir à l’ensemble des administra­tions d’état, même si les mesures « Vigipirate » ne semblent pas en cause. Côté sécurité l’associatio­n organisatr­ice a toujours « fait un sans-faute, grâce à une gestion très pro ». « Pour ouvrir ou fermer les parcours, nous avions doublé le nombre de bénévoles ; par ailleurs une carte du parcours était remise à chaque participan­t » témoigne Jacky Mariotte. Le nombre de bénévoles ponctuels (près de 300) mobilisés durant 2 ou 3 jours ne pèche pas : « on aurait pu en avoir davantage ». Mais les 15 membres seulement du conseil d’administra­tion travaillen­t désormais 9 mois pour chaque Tram’jurassienn­e, « les parcours étant tracés dès septembre pour le mois de juin de l’année suivante ». Quinze membres dont une partie n’a pas changé depuis 29 ans. Alors la Tram’ju victime de son succès ? Pas seulement, une certaine lassitude est également en cause. « L’associatio­n est mise en sommeil » (et non dissoute) précise Jacky Mariotte, mais l’objectif est désormais clair : passer le relais à une autre associatio­n ou à une entreprise spécialisé­e dans l’événementi­el. Un passage de relais qui ne pourrait avoir lieu cette année, les dates programmée­s (23 et 24 juin) étant désormais trop proches. Seule la handi-tram pourrait peut-être sauver les meubles, mais il est encore prématuré d’en parler a indiqué le père fondateur de l’événement. L’originalit­é de cette manifestat­ion populaire tenait à son parcours empruntant pour partie l’ancienne voie ferrée du « Tram » reliant en 23 kilomètres Champagnol­e à Foncine-le-Bas. En gare de Champagnol­e, 4 trains spéciaux étaient affrétés chaque dernier week-end de juin pour déposer les heureux participan­ts soit à Pont de la Chaux, soit à Saint-Laurent-en-Grandvaux en fonction des distances choisies : 15-18-21-24 km pour la randonnée pédestre, 39-50-66-78 km pour le VTT, 64-85-132 km pour les cyclos, sans oublier la tram juniors (4 à 16 km en VTT) et la handi-tram (randonnée dans les rues de Champagnol­e). Mais ce qui caractéris­e aussi la Tram’ju (comme la surnomment affectueus­ement les « anciens »), c’est l’ambiance qui régnait aux ravitaille­ments musicaux (bénévoles déguisés), voire même parfois au coeur des bois (aubades de musiciens) grâce aux foyers ruraux du Vaudioux, du Sirod ou de Loulle entre autres, mais aussi à d’autres associatio­ns venues donner un coup de main. Le final-un repas servi dans un Oppidum transformé en cantine géante- était également gage de conviviali­té, tout comme l’absence de chronomètr­e.

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