La presse, porte-drapeau de la liberté
En pleine guerre du Viêt Nam, éclate le scandale des Pentagone Papers. Nous sommes en 1971. Le New York Times vient de se procurer un rapport commandé par Robert McNamara, Secrétaire à la Défense des USA jusqu’en 1968. Ce rapport, classé secretdéfense, est intitulé « Histoire des décisions prises par le gouvernement américain au sujet de la guerre du Viêt Nam, 1945-1966 ». Autant dire, une bombe atomique ! Dans le collimateur du Times, rien moins que les agissements de Truman, Eisenhower, Kennedy et Johnson. Après trois mois de dépouillement des quelque 7 700 pages dudit rapport, le Times commence sa publication. Et l’arrête aussitôt. Nixon devenu fou furieux obtient une injonction de la Cour Fédérale afin que le journal cesse toute publication de ces pages particulièrement compromettantes car elles révèlent un mensonge d’état inimaginable. Alors que le peuple américain pensait que les GI’s tentaient de pacifier le pays, en fait, l’armée et la CIA jetaient de l’huile sur le feu à l’aide d’élections truquées et de mensonges permanents sur la fin du conflit qui allait voir, il ne fallait pas en douter, la victoire de l’Oncle Sam. Plus de 200 000 jeunes américains y laisseront leur vie. Mais voilà, un petit journal de province se procure aussi ce rapport. C’est le Washington Post, dont le rédacteur en chef, Ben Bradlee (Tom Hanks, dans l’un de ses meilleurs rôles), un formidable professionnel, est aussi un vrai bulldozer. Conscient du danger de publier : la prison et la ruine du Journal, il se trouve devant ce dilemme aux côtés de Kay Graham (Meryl Streep), propriétaire du titre, mais face aux avocats et hommes d’affaires qui conseillent fortement d’abandonner ce projet. Quasiment novice dans une responsabilité qui lui incombe depuis la mort de son mari en 1963, Kay Graham, pourtant très proche de Robert McNamara, va donner le feu vert à cette parution, s’adossant, elle l’espérait, au premier amendement de la Constitution américaine concernant la liberté de la presse. Bingo, l’arrêt de la Cour suprême, mandatée en urgence par Nixon, lui donne raison. Le scandale d’état éclate au grand jour. C’est le début de l’enfer et du dernier acte pour le Président car, quelque temps après, le Washington Post révélera un autre scandale d’état, celui du Watergate. Une page d’histoire passionnante qui traite des rapports presse/pouvoir, de la manipulation de masse, du statut des lanceurs d’alerte. Inutile ici de parler du talent de réalisateur de Steven Spielberg, sa filmographie s’en charge amplement. Un film formidablement passionnant !