« Il faut un sursaut national »
C’est donc à un « sursaut national » qu’appellent les scieurs français, dont la filière pèse pour 450 000 emplois, « mais dont un établissement ferme chaque semaine », explique Eric Julien. Dans son collimateur se trouve l’État et l’ONF, « gestionnaire des forêts communales, domaniales et des collectivités, mais qui a dévié de son rôle de sylviculteur et prend notre travail. Les arbres sont coupés et mis à disposition des acheteurs le long des routes et l’ONF sélectionne des qualités en ciblant le marché asiatique. » Un marché qui a besoin de plus petits arbres, car disposant de machines plus petites…
Avant 2000, les scieurs achetaient le bois sur pied, ce qui leur permettait de gérer les coupes hors sève et, pour les arbres de très belle qualité, de couper en choisissant une lune descendante.
Autre grief adressé à l’ONF par les scieurs : la gestion non durable de la forêt. « L’ONF coupe beaucoup, mais ne plante pas assez, quatre fois moins que l’Allemagne, par exemple. Or, il faut près de deux siècles pour faire un chêne et il faut planter et entretenir pour les générations futures. »
L’augmentation des prix de 20 à 30 % par an ne permet donc plus aux scieurs Français d’acheter des grumes sans générer de pertes. C’est pour cela qu’ils demandent soit la mise en place d’une contractualisation avec des prix annualisés, comme cela se fait dans d’autres pays européens, l’Allemagne, l’Ukraine, la Roumanie ou la Slovaquie ; soit la mise en place d’un système équivalent à la PAC, pour pouvoir produire en achetant, s’il le faut, les grumes au prix fort.