D’ex-musulmans devenus chrétiens…
Des ex-musulmans devenus chrétiens viennent d’écrire au pape François.
Ce qui est important ici, ce n’est pas tant le fond de l’appel qu’ils lancent au chef de l’Eglise catholique que le fait de dire au vu et au su de tout le monde qu’il est possible de quitter l’islam et de créer une association d’anciens croyants venus de cette religion. Un certain nombre de migrants, particulièrement des chiites, ont demandé le baptême en arrivant en Europe. Dans son livre
Samuel Pruvot évoque l’hypothétique figure de l’archevêque de Paris de 2045, un prêtre issu d’un quartier de banlieue et d’une famille musulmane. S’il reste énormément à faire en matière de liberté religieuse du côté musulman, on ne peut pas nier que la mondialisation a pour conséquence positive de rebattre les cartes. Il n’est plus dit qu’on est assigné à vie dans sa communauté d’origine même si quitter l’islam, en France et ailleurs, n’est pas de tout repos. Un musulman qui choisit l’athéisme ou une autre religion décide du même coup de quitter sa famille, ses amis et la plupart des liens qui l’attachaient à sa communauté de naissance. Ici, la liberté de conscience existant, le musulman peut risquer une sorte d’apartheid de la part de ses anciens coreligionnaires. Ailleurs, au Moyen-Orient par exemple, c’est sa vie qu’il risque, comme l’a relaté Joseph Fadelle, ce musulman irakien qui raconte sa conversion au christianisme et que sa famille a tenté d’assassiner (cf. le livre Le prix à payer). La mondialisation entraîne un brassage de tous les instants qui affecte aussi les religions. Des chrétiens choisissent l’islam et, inversement, des musulmans demandent le baptême. Il est frappant de constater l’attente et l’exigence religieuse des croyants venus de l’islam. Ils ont souvent l’impatience et la raideur des nouveaux convertis, attitude susceptible d’irriter la masse des chrétiens mais qui, en parallèle, peut les sortir de leur torpeur. Je n’oublie pas la phrase d’un ancien aumônier d’hôpital jurassien, à l’aise parmi les familles musulmanes : « Les musulmans sont en majorité des gens spontanément religieux », ce que les Occidentaux ne sont plus. En conséquence, un musulman passant au christianisme apporte une fraîcheur – mais aussi une certaine intransigeance – qui bouscule et ravive.