Que se passe-t-il dans les Ehpad ?
Une foule immense s’est déplacée pour soutenir « le bien vivre » de chacun à l’Ehpad de Val Suran. Les manifestants entendaient dénoncer la dégradation de la prise en charge des résidents et la souffrance des personnels.
Témoignage. Répondant à un appel national, le collectif du personnel de l’Ehpad de Val Suran a organisé une mobilisation, mardi 30 janvier, afin d’exprimer et de faire entendre leur mal-être et celui des résidents. Un appel qui a été entendu puisqu’une foule immense s’est déplacée pour soutenir ce combat ayant pour objectif d’obtenir le bien être de tous dans les établissements.
A Lons-le-Saunier, Saint-Claude ou encore SaintLaurent-en-Grandvaux et Saint-Amour, d’autres rassemblements ont été organisés, montrant la détermination de personnels au bord du « burnout » (voir notre édition précédente).
Face au constat d’une dégradation qui ne cesse de s’accroître, avec des conditions de travail déplorables, des besoins en personnels incontestables, une maltraitance institutionnalisée des résidents, les agents disent leur ras-le-bol.
« Parler de l’économie, c’est bien mais parler du bien-être de chacun, c’est mieux ! »
En 2006, l’Ehpad de Val Suran a fusionné avec deux autres établissements (Arinthod et Orgelet) ayant la même activité gériatrie, formant le Centre hospitalier intercommunal où chacun a mis du sien pour le bien être des résidents, avec une gestion bien menée puisque le budget était équilibré jusqu’au 31 décembre 2015. Au 1er janvier 2016, ce regroupement a dû fusionner avec le centre hospitalier de Lons-le-Saunier et celui de Champagnole, devenant Centre Hospitalier Jura sud, groupement qui depuis le 18 mai 2017, est placé sous administration provisoire. « Le discours qui en ressort est « économie budget », mais jamais résidents, bien-être »,
dénoncent les personnels. « Le budget de plus en plus restreint et le non-remplacement du personnel provoquent des suppressions d’actes envers les résidents, qui ne bénéficient que d’une douche tous les 15 jours voir toutes les trois semaines. Pour le linge, une partie est déjà traitée à l’extérieur, en avril 2018, le linge des résidents le sera aussi, mais où et comment ? »
Aujourd’hui l’Ehpad accueille environ 70 personnes en placement permanent, 5 places d’hébergement temporaire, et 6 places en accueil de jour, avec 57 personnels comprenant les remplacements. En ce qui concerne le nombre d’agents par jour, pour l’ensemble de l’établissement au niveau soignant, on y compte deux infirmières (IDE), deux veilleuses, trois bionettoyage, quatorze AS ou ASH FFS la journée en semaine et douze le week-end.
« Depuis la fusion, le délai d’attente pour obtenir du matériel est trop long », estiment
encore les personnels. « Le service technique doit anticiper et prendre sous sa responsabilité les commandes de produits de première nécessité, tels que les produits d’entretien et les produits d’incontinence afin d’éviter les ruptures de stock. Les besoins matériels et humains s’en font ressentir, la charge de travail évolue et s’aggrave. »
« Depuis le début de l’année, l’équipe est de plus en plus en souffrance. Parler de l’économie, c’est bien mais parler du bien être de chacun, c’est mieux ! Il faut absolument prendre soin de nos aînés. Il faut peut-être aussi se poser la question de comment aimerions-nous être pris en charge à leur âge ? »
Comment travailler dans ces conditions ?
Après un lâcher de ballons porteurs de ces messages, la mobilisation s’est terminée par un délicieux goûter préparé par le personnel.