« Le Parquet n’est pas un monstre froid et répressif »
A l’occasion de l’audience solennelle de rentrée, le Procureur de la République de Lons-le-Saunier a précisé la politique pénale du parquet. Une politique loin d’être laxiste, mais qui se veut humaine et adaptée aux justiciables.
C’est avec une pensée pour le gendarme de Courlaoux, percuté par un chauffard ivre qu’il tentait d’arrêter, que le procureur de la République de Lons-le-Saunier a commencé son réquisitoire de l’audience solennelle de rentrée, vendredi 26 janvier.
« Un sousofficier aguerri, victime d’une agression ignoble »,
a tempêté Jean-Luc Lennon avant d’assurer aux gendarmes et policiers du département tout le soutien du parquet pour l’exercice de leur fonction au quotidien. Un procureur qui souhaite aussi que se maintienne, dans le département, l’étroite collaboration entre les services de l’État et les autorités judiciaires, comme cela a été le cas lors du premier exercice attentat mené au Boeuf sur le Toit :
« de nombreux services étaient associés, cela nous a permis de travailler ensemble et de tirer les leçons de cet exercice pour améliorer les procédures ».
Avant de passer aux chiffres de l’activité judiciaire, JeanLuc Lennon a aussi évoqué les chantiers de la justice : travail sur le numérique et la dématérialisation, l’amélioration et la simplification des procédures, l’amélioration de l’accueil des parties civiles ou encore le sens et l’efficacité des peines.
« Audelà de la dématérialisation, il faut que le juge reste accessible au justiciable et que la décision ne soit pas désincarnée »,
a-t-il cependant expliqué, se prononçant en défaveur de la
« forfaitisation par une amende de certaines infractions »
comme la consommation de cannabis :
« comment remonter les filières si l’on ne peut plus placer les consommateurs en garde à vue ? Que faire si le consommateur est mineur ? Que faire avec les récidivistes ? Et les amendes seront-elles recouvrées ? Tout cela demande réflexion, alors que la composition pénale évite tout recours en appel et propose une sanction adaptée à la situation personnelle, professionnelle et familiale de l’intéressé. » De plus, a-t-il souligné, profitant de la présence de l’ensemble des parlementaires du Jura dans l’assistance,
« distribuer des amendes à la manière des radars automatiques, avec une sanction qui frapperait tout le monde de la même façon, risque de créer un contentieux aujourd’hui inexistant. La forfaitisation pourrait donc alléger le travail des enquêteurs, pas celui de la justice. » Des affaires en hausse
Et de travail, la justice n’en manque pas, à en croire les chiffres qui ont été présentés. Avec 14 429 affaires transmises au parquet en 2017 et 4668 affaires pénales pouvant donner lieu à des poursuites, le taux de réponse pénale s’élève à 96,4 % dans le département, avec 58 % de poursuites et 38,4 % de mesures alternatives. La part des compositions pénales y augmente de façon considérable, passant de 297 en 2016 à 473 en 2017.
« C’est la voie qui est privilégiée pour les infractions vénielles »
a expliqué le procureur qui entend, en 2018, poursuivre dans le sens du travail accompli avec l’espoir « d’endiguer les faits de violence ».
Déplorant que le contentieux routier soit trop important et un trop grand nombre de morts sur les routes, il a promis une réponse pénale « implacable »
pour les infractions liées à l’alcool, l’usage de stupéfiants ou la vitesse pour lesquels la répression reste à ses yeux
Dans le Jura, les foudres de la justice guettent donc ceux qui feraient un pas de travers. « indispensable ». « Mais le Parquet n’est pas un monstre froid et répressif », a tenu à rappeler en conclusion Jean-Luc Lennon,
« il est attentif à la sociologie du ressort, mais il est là pour endiguer et prévenir les comportements infractionnels ». L. V.