Voix du Jura

Comment l’ancien youtubeur Cemcem est devenu manager d’influenceu­ses sur Tiktok

- • Joffrey Fodimbi

Il y a trois ans, nous le rencontrio­ns dans son appartemen­t de la Marjorie, qui lui servait également de studio d’enregistre­ment et de montage de ses vidéos. Des vidéos grâce auxquelles Cem Bal, dit Cemcem, s’est fait connaître sur Youtube principale­ment, avant d’inonder les réseaux sociaux, avec un concept simple : regarder ou écouter en boucle la même chose durant dix heures.

De la chanson au générique de série en passant par le jingle de Netflix, le jeune Lédonien s’est infligé des heures de torture audiovisue­lle, pour le plus grand plaisir de ses fans. Se moquant des critiques, parfois nombreuses à son encontre, le jeune homme âgé de 28 ans aujourd’hui a fait son chemin sur Internet, avant de lancer en 2021 à Lons-le-Saunier sa propre agence de communicat­ion : Le Labo.

Objectif pour le Jurassien : faire profiter de son expérience sur les réseaux sociaux aux entreprise­s locales. Car sous ses airs de grand benêt, celui qui se qualifiait lui-même à l’époque comme « attaquant au FC Chômage » n’en était pas moins un bourreau de travail aux compétence­s éprouvées.

Mais les choses ne se sont pas passées comme prévu : « Je suis allé trop vite et j’ai voulu tout de suite embaucher du monde. Et rapidement, j’ai été confronté aux vrais problèmes d’un chef d’entreprise. Sans compter le fait que sur le secteur, d’autres acteurs historique­s de la communicat­ion étaient en place depuis longtemps, rendant les choses plus compliquée­s pour réussir à me faire une place. » ‹

«Ne pas rester sur mes acquis»

En parallèle, Cemcem, en observateu­r avisé des tendances

Internet, voit le réseau social Tiktok prendre de l’ampleur. « Je m’y suis rapidement inscrit, afin de sécuriser mes arrières, et en six mois mon compte a explosé. En parallèle de quoi, j’ai diminué ma production sur Youtube car le concept des vidéos de dix heures commençait à s’essouffler. Je me devais d’évoluer et de ne pas rester sur mes acquis. »

Son agence de communicat­ion lédonienne peinant à décoller, le jeune entreprene­ur décide donc de revenir à ses fondamenta­ux. « J’ai transformé mon entreprise en une agence d’influenceu­rs et je l’ai délocalisé­e à Paris, là où les choses se passent. » Et c’est en 2023 que Le Labo devient Upfollow. Une première marche vers un nouveau succès, qui s’est accéléré lorsque l’entreprise Tiktok le contacte directemen­t. « Ils m’ont demandé de venir dans leurs bureaux à Paris et sur place, ils m’ont proposé de devenir une agence agréée. Ce qui signifie, entre autres, que j’ai un lien direct avec eux pour le bénéfice des influenceu­rs de mon agence, que je peux faire certifier plus facilement et éviter également qu’ils se fassent bannir. Pour mon agence, ça a été un vrai tremplin qui m’a permis de toucher plus rapidement et facilement de nombreux influenceu­rs. » ‹

Une cinquantai­ne d’influenceu­ses

Depuis un peu plus d’un an donc, Cemcem travaille avec son agence au service d’une cinquantai­ne d’influenceu­rs : « Uniquement des femmes, car sur les réseaux sociaux, ce sont les plus grosses créatrices de contenu. Je les accompagne pour la gestion de leur compte Tiktok, je vais chercher des marques pour des campagnes promotionn­elles - tels Yves Saint-Laurent, L’Oréal, Shein, Xbox ou Genshin Impact avec qui nous avons déjà collaboré - je les manage. » Un suivi quotidien depuis son bureau parisien qui lui permet, par le jeu de différente­s commission­s, de se dégager un chiffre d’affaires d’environ 50 000 euros par mois.

Et si dans son agence il compte des photograph­es ou des influenceu­ses lifestyle, Cemcem ne met pas de côté les créatrices de contenu de charme. « Bien sûr que c’est un sujet qui est encore tabou en France, contrairem­ent aux États-Unis. Mais gérant une agence d’influenceu­ses, je ne peux pas me permettre de laisser les créatrices de charme de côté. Donc forcément, vu que je les manage, certains me qualifient de proxénète 2.0. Mais ce ne sont pas des escortes, et quoi qu’il en soit, je ne m’occupe que de leur marketing, un peu comme un agent ferait avec un footballeu­r. »

Un suivi quotidien depuis son bureau parisien qui lui permet, par le jeu de différente­s commission­s, de se dégager un chiffre d’affaires d’environ 50 000 euros par mois

Une envie de les accompagne­r, et de développer son entreprise, qui passe également par la création récente d’une plateforme dédiée de partage de médias contre un abonnement payant, à l’image des grands noms du secteur, « avec des revenus plus attractifs pour les créateurs de contenu. Nous sommes d’ailleurs ouverts à tout type de créateurs, car nous ne voulons pas être catégorisé­s comme étant une plateforme de charme. Pour autant, nous n’avons pas non plus souhaité mettre ces créatrices de côté que nous acceptons bien évidemment sur notre plateforme. » ‹

Il est donc loin le temps où le Lédonien passait dix heures devant un tacos, comptait jusqu’à 100 000 ou faisait des avions en papier dix heures durant. Désormais, c’est entre réunions dans les bureaux de Tiktok, soirées et événements qu’il partage son temps, en plus de la gestion marketing des influenceu­ses de son agence. « Et bientôt, pourquoi pas, collaborer officielle­ment avec Instagram également ? » ‹

→ J’ai un lien direct avec Tiktok pour le bénéfice des influenceu­rs de mon agence, que je peux faire certifier plus facilement CEMCEM

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Cemcem
Depuis plus d’un an, l’agence Upfollow créée par Cemcem est agréée par Tiktok. Cemcem
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Upfollow L’entreprene­ur a également lancé sa plateforme de partage de médias payants.
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Capture d’écran Instagram Dans l’agence de Cemcem, de nombreuses influenceu­ses, dont un certain nombre sont créatrices de contenu de charme.

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