3 QUESTIONS À DOMINIQUE VOYNET
Secrétaire générale des Ecologistes en Franche-Comté, l’ancienne ministre de l’environnement, Dominique Voynet, s’est toujours positionnée contre le soutien des collectivités à l’aéroport Dolois.
1. Voix du Jura : Dominique Voynet, comment analysez-vous l’annonce faite par les présidents de Département et de la Métropole de Dijon ?
Dominique Voynet : Nous avons déjà connu ça à maintes reprises par le passé et sur d’autres dossiers comme le canal grande capacité. Nous sommes encore dans des gesticulations politiques : il n’y a pas de maquette financièr e annoncée, pas d’étude de marché... Il s’agit de faire croire que « c’est fait » pour mettre la pression politique sur la Région, l’Etat et les Départements qui ne souhaitent pas forcément s’engager. Soyons sérieux : les Départements hurlent à la mort sur la baisse de leur capacité financièr e, ils menacent de ne plus assumer leur charge sur le dossier des mineurs protégés... et ils s’engagent au soutien de l’aéroport sans savoir à quelle hauteur.
2. VdJ : Au-delà des modalités de financement, le désaccord semble plus profond. Quel est l’enjeu ?
D. V : Oui, c’est une question de fond. Il faut se demander si l’aéroport est utile et viable. Aujourd’hui, l’aéroport est utilisé par des compagnies low cost qui ne sont pas low cost pour tout le monde. Le Département subventionne en effet chaque voyage, si bien que même les Jurassiens qui ne prennent pas l’avion contribuent au financement des tickets à bas prix. Nous sommes au centr e d’une région proche d’autres aéroports comme Lyon, Genève, Bâle et je pense que s’il ne s’agit de voyager qu’une fois par an, les Jurassiens iront là où c’est le plus pratique, le plus confor - table pour eux. Je veux dire qu’ils ne font pas systématiquement le choix du low cost. Par ailleurs, je rappelle que nous sommes dans un contexte de réchauffement climatique et que nous parlons d’une activité hautement polluante.
3. VdJ : Pour François Rebsamen, le maintien de l’aéroport est une condition du désenclavement de la région...
D. V : L’argument est grotesque. Je rappelle que le territoire bénéficie de l’A6, de l’A40, du TGV. Quant à enrayer le déclin démographique, je ne crois pas que les citoyens déterminent leur lieu de résidence selon la situation de l’aéroport le plus proche.