Des millions d’hectares de forêts vont disparaître
La Chambre régionale des comptes de Bourgogne-Franche-Comté a livré les conclusions de son enquête titanesque sur les effets du réchauffement climatique sur les forêts en France.
C’est le résultat d’une enquête de dix- huit mois sur les forêts en BourgogneFranche-Comté, et les conclusions sont sans appel : « Elles souffrent ! » , alerte Pascal Dancert, premier conseiller à la Chambre régionale des comptes et rapporteur de l’enquête. C’est lui qui a mené cette étude nationale sur les effets de l’accélération du réchauffement climatique sur les forêts en France, et dans la région.
La Bourgogne- FrancheComté fait partie des quatre principales régions forestières en France métropolitaine avec ses 1,7 million d’hectares de forêts, représentant 10 % de la surface boisée de l’hexagone.
Dans le Jura, l’impact du réchauffement climatique sur les forêts concerne surtout celles des premier et deuxième plateau et les forêts de résineux, comme l’explique Pascal Dancert : « Ces forêts d’épicéas et de sapins, jusqu’à 800 mètres, souffrent énormément. Les essences d’épicéas, et même de sapins, ne sont plus adaptées au territoire sur lesquelles elles se trouvent, du fait du réchauffement climatique. »
Les effets du réchauffement climatique sur les forêts du Jura s’illustrent par les épisodes de sécheresse, de plus en plus fréquents et de plus en plus intenses, et par la prolifération des scolytes, ces petits insectes qui viennent ronger les arbres.
Au-delà de 800 mètres d’altitude, dans le Haut-Jura, les forêts, composées d’une plus grande diversité d’espèces d’arbres, sont impactées différemment. « Mais même dans le Haut-Jura, on a des conséquences du réchauffement climatique. Dans les
repérné derniers constats, on a repéré des arbres malades, avec des scolytes. »
12 % des forêts françaises menacées de disparaître ces dix prochaines années
À cause du réchauffement climatique, continue Pascal Dancert : « On va avoir des transformations de paysage sur ces territoires- là, c’est évident. À l’échelle nationale, selon différentes sources, on évalue entre deux à trois millions d’hectares de forêt qui vont disparaître en dix ans. » Soit au moins 12 % de la surface totale des forêts en France métropolitaine.
Difficile de calculer précisément pour la BourgogneFranche- Comté néanmoins, tant ces disparitions futures dépendent des caractéristiques des forêts : taille, diversité des essences de bois, résilience naturelle et soumissions aux aléas des feux de forêts, entre autres.
«Jouer sur des leviers structurels»
Les forêts ne sont pas condamnées pour autant. Des solutions existent et c’est le but de ce rapport. L’objectif est aussi d’émettre des préconisations aux élus pour leur permettre d’agir : « Il y a une accélération des impacts des changements climatiques sur la forêt qui les rendent plus vulnérables » , appuie Emmanuel Roux, président de la Chambre régionale des comptes.
« Prendre en considération cette plus grande vulnérabilité et mener des actions en vue de diminuer cette vulnérabilité, cela ne suppose pas simplement de replanter, mais aussi de s’assurer de la résilience et de la résistance globale de cette forêt aux impacts du réchauffement climatique. Cela veut dire jouer sur des leviers structurels qui ne sont pas forcément dans l’agenda politique » , continue le premier magistrat de la Chambre.
Dans son rapport, la chambre note que face à un réchauffement climatique sur le temps long, la migration des espèces forestières leur permettait de s’adapter. Mais d’après une étude du Centre national de la propriété forestière ( CNPF), la vitesse du changement climatique est évaluée à 200 km par siècle, alors que la vitesse moyenne de migration actuelle des essences forestières est de 5 km par siècle. Rendant l’intervention humaine plus que nécessaire et urgente.