Comment le Jurassien Christophe Benarroudj a contribué à la future loi
Habitant Champvans, Christophe Benarroudj fut tiré au sort pour participer à la convention citoyenne sur le droit à mourir. Il raconte.
Lundi 11 mars, le Président de la République Emmanuel Macron annonçait par voie de presse son intention d’ici mai prochain de porter une loi donnant « la possibilité de demander une aide à mourir sous certaines conditions strictes. »
Une annonce jugée en spécialiste par le Champvannais Christophe Benarroudj. « Il joue un peu sur les termes en parlant d’ »aide à mourir« plutôt que d’euthanasie. J’ai reconnu beaucoup de choses de notre travail dans les propos du Président. Reste à traiter la question de l’ouverture de ce droit aux mineurs ou aux personnes atteintes de maladies neurodégénératives. » Il faut dire que Christophe Benarroudj compte parmi les 184 citoyens tirés au sort pour participer à la convention citoyenne chargée de plancher de décembre 2022 à avril 2023 en préparation d’une future loi.
« J’ai cru à un gag »
« Au départ, j’ai cru à un gag ou à une arnaque » , explique Christophe, encore étonné du coup de fil qu’il reçut un jour de novembre du conseil économique, social et environnemental (Cese). A priori, rien ne prédisposait ce contrôleur SNCF de profession à émettre un avis éclairé sur le droit à mourir.
Mais Christophe est du genre à s’intéresser. « On discute, on se rend compte que l’approche est quand même très pro. Alors je me suis dit que c’était une chance et j’ai accepté. Mais on doute jusqu’au bout. J’y ai vraiment cru le jour où nous sommes arrivés au Cese. » Au début de ce premier jour, Christophe n’a pas d’opinions bien arrêtées sur le sujet. « Je n’avais absolument aucune idée. J’avais un préjugé plutôt en faveur de l’ouverture du droit à mourir mais je n’avais pas d’opinions figées. J’étais ouvert aux discussions. D’ailleurs, on ne nous avait donné aucune consigne avant le début de la convention. »
Un travail intense
Sa conviction, Christophe la dne forge dans les quatre mois de travail qui suivent. Soit neuf week-ends de trois jours pour débattre, échanger, écouter les avis des différents acteurs du dossier. « Cela demande un gros investissement. J’ai dû demander une disponibilité à mon employeur pour aller à Paris un vendredi sur deux. On attaquait le vendredi à 14 h jusqu’à 20 h. Le samedi, on travaillait de 8 h 30 à 21 h et le dimanche de 8 h 30 à 13 h. » Et comme le sujet est passionnant, que chacun sent peser sur ses épaules une lourde responsabilité, on bûche entre les séances de la convention. « Lorsqu’on rentrait, on continuait à se documenter, on se renseignait. C’était très prenant, j’y pensais en permanence. On était tous dans cet état d’esprit; quant on se retrouvait au Cese, on échangeait nos lectures. »Tiens, tu devrais lire tel ou tel livre.« »
De nouvelles convictions
A l’issue de ce travail, Christophe Benarroudj est convaincu. « En tant que citoyen, ma première opinion était qu’il fallait ouvrir le droit à mourir. Et avec les débats et les échanges de la convention, je me suis dit qu’il fallait une ouverture la plus large possible. » Sans devenir pour autant un militant de la cause, Christophe s’applique à faire partager son expérience en répondant bien volontiers aux invitations à débattre de l’association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), par exemple. « Je serai au café mortel organisé à Dole le 20 mars, d’ailleurs. »
Mais, surtout, Christophe Benarroudj a achevé sa mission citoyenne convaincu de l’efficacité des assemblées citoyennes désignées par le sort. « Ce que je retiens c’est la qualité des débats. Chacun avait son opinion mais il y avait de l’écoute, de la compréhension, du calme. C’est pour moi la preuve que des non-spécialistes peuvent donner un avis sur des questions même techniques si l’encadrement s’y prête. De ce point de vue, le Cese a fait un travail extraordinaire. »
Au départ, j’ai cru à un gag ou à une arnaque CHRISTOPHE BENARROUDJ
■ Café mortel (débat), mercredi 20 mars à partir de
19 h 30 à la salle des Commards à Dole (32, rue du Général Malet). Gratuit.