Voix du Jura

Forte émotion lors de la cérémonie de commémorat­ion du massacre des maquisards d’Alièze

Cette cérémonie rendait hommage aux dix jeunes maquisards assassinés par les nazis dans la nuit du 8 au 9 mars 1944. Une rare émotion s’est installée après le récit de Christiane Meunier, nièce d’Etienne Meunier, l’un des dix jeunes Résistants.

- • Nathalie Coron (CLP)

L’Associatio­n nationale des anciens combattant­s et amis de la Résistance (ANACR), le Souvenir Français du canton d’Orgelet et la municipali­té d’Alièze ont organisé ce samedi 11 mars la cérémonie commémorat­ive du 78e anniversai­re de la tragédie des Rippes d’Alièze. Une assemblée fort nombreuse, composée d’habitants du village et des environs, d’élus locaux, dont une partie du conseil municipal des jeunes d’Orgelet, des représenta­nts d’associatio­ns du Souvenir Français et de la Fnaca, des porte-drapeaux, des forces vives ainsi que la Batterie Fanfare d’Orgelet, était présente. ˆ

Garance Herbillon, maitresse de cérémonie, a entonné la chanson Ceux du Maquis a cappella et passait la parole à Chantal Cahuet-Hugonnet, fille de déporté, pour une lecture d’une poésie écrite à Auschwitz.

La maire d’Alièze a relaté les faits historique­s avant de passer la parole à Jean Carron, président du comité local du Souvenir Français : « L’oubli serait pour eux une seconde mort, encore plus cruelle. Rappelons- nous la magnifique phrase d’André Malraux : La plus belle sépulture des morts, c’est la mémoire des vivants ».

L’avant- dernière allocution revenait à Jean-Claude Herbillon, président de l’ANACR qui revenait sur la journée précédente dédiée aux droits des femmes et en profitait pour rappeler quelques faits : « Plus de 9 000 femmes résistante­s furent déportées en Allemagne, après jugement par le tribunal militaire ou par simple transfert depuis les prisons allemandes en France et celle du régime de Pétain. Deux milles d’entre elles ne sont pas rentrées. L’Anacr a la volonté de perpétuer le souvenir et la mémoire des martyrs d’un passé tragique et glorieux dont les combats restent quant à leur sens démocratiq­ue et humaniste d’une actualité évidente ».

La dernière allocution était présentée par Christiane Meunier, famille d’un des jeunes maquisards tombés en ces lieux sous les mains de l’ennemi.ˆ

Ils ne seront pas oubliés

« Ils étaient dix quand les fusils fleurirent, ici même, le 8 mars 1944… Pascal, 21 ans, Louis, 23 ans, Roger, 19 ans, Pierre, 21 ans, Louis, 23 ans, Raymond, 21 ans, Yves, 23 ans, Marius, 31 ans, Emmanuel, 42 ans et Etienne, 20 ans, notre oncle » dont elle présentait une photo. « J’ai du mal à l’imaginer l’arme à la main, comme il a dû s’y résoudre avec ses cinq camarades, réfugiés à l’intérieur de la ferme de Mme Vuillet, pour

l’assaunt tenter de repousser l’assaut impitoyabl­e des soldats allemands venus en force pour les arrêter, sur dénonciati­on d’un milicien français. Il s’est rendu après 11 heures d’un combat héroïque, après épuisement des munitions et incendie du dépôt. Il a été fusillé immédiatem­ent » .

Elle s’est adressée durant son allocution aux jeunes du Conseil Municipal d’Orgelet : « Nos ainés ont fait ce qu’ils ont pensé devoir faire : rien d’exceptionn­el. Pour eux, c’était naturel, ils ne cherchaien­t pas la gloire. C’est cela la solidarité, la fraternité… Alors, jeunes gens, apprenez de l’histoire du passé pour vous forger votre propre opinion, faites confiance à vos enseignant­s, aux études des chercheurs : Tik Tok, Instagram et autres réseaux sociaux ne peuvent pas vous aider… » . Elle remerciait ensuite avec gratitude l’ensemble des personnes ayant contribué à ce que ce lieu soit devenu une paisible clairière si bien entretenue. « Le sacrifice de ces dix jeunes Maquisards méritait ce respect. Ils ne seront pas oubliés, car des jeunes ici présents reprendron­t le flambeau, le moment venu, je n’en doute pas » , concluait-elle avant de remercier le travail conséquent accompli par les historiens dont André Robert, présent ce jour à la cérémonie, Annie Vacelet Vuitton pour son film sur le Maquis d’Alièze, qui lui ont appris beaucoup et permis de trouver une forme d’apaisement et aussi de comprendre pourquoi ceux qui avaient vécu dans leur chair cette période si tragique gardaient le silence.

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