Laurence Semonin n’interprètera plus La Madeleine
Après avoir été en forme, s’être rendue à Paris puis avoir fait le tour du monde, la Madeleine Proust retrouve sa cuisine...
Quelle joie de retrouver ce célèbre personnage franc-comtois et son franc-parler. Madeleine Proust partagera avec le public, samedi 30 mars à 20 h à La Commanderie, ses réflexions pleines de bon sens sur tous les sujets d’actualité.
Laurence Semonin (ou Lola Semonin), créatrice et interprète inoubliable de l’emblématique Madeleine, a passé le relais à Corrine Lordier, qui a accepté avec bonheur. L’occasion de revenir sur le parcours de la première Madeleine.
→ Voix du Jura : Vous souhaitiez arrêter de jouer le rôle de la Madeleine mais les fans du personnage n’étaient pas prêts de ne plus la voir sur scène. De là est venue l’idée de passer le relais ?
Laurence Semonin : J’ai écrit « La Madeleine Proust : une vie », une saga de 4 tomes qui va de 1925 à 1945 et quand je faisais des dédicaces, on me disait : on aime lire vos livres mais rire dans une salle avec la Madeleine, ça nous manque ! Cela me questionnait mais je ne voulais pas reprendre la scène.
Quand j’ai joué « La Madeleine Proust fait le tour du monde » , nous étions deux Madeleine. Il se passait tellement de choses qu’une autre comédienne venait en play-back faire une petite scène le temps que je me prépare pour la scène suivante. Cette comédienne, Corinne Lordier, m’a confié qu’elle avait adoré cela et rêvait de recommencer. Là, tout s’est connecté, entre la demande du public et son envie à elle.
→ VDJ : Cette Madeleine partage-t-elle toujours ses réflexions sur l’actualité avec le public ?
LS : J’ai écrit un texte qui se passe pendant le confinement parce que je trouve qu’il y a tellement à dire sur cette période incroyable qu’on nous a fait vivre... J’avais d’ailleurs réalisé une soixantaine de vidéos qui ont obtenu entre 500 000 et 700 000 vues. Les gens étaient avides de voir d’une façon humoristique ce qu’ils vivaient eux douloureusement et donc, j’ai repris toutes mes notes pour ce spectacle.
→ VDJ : Qu’avez-vous ressenti quand vous avez vu pour la première fois, en spectatrice, Corrine Lordier dans le rôle de Madeleine ?
LS : Cela n’a pas été facile. Le public riait beaucoup et applaudissait sans arrêt alors que moi, je voyais surtout ce qui manquait à la nouvelle Madeleine. Corinne l’incarne déjà très bien, mais c’est un personnage qui doit avoir beaucoup de profondeur et d’épaisseur et tout ne peut pas se faire en trois mois de répétitions, ça demande plus du temps.
→ VDJ : Le public a donc adhéré tout de suite ?
LS : Ah oui ! La première était à Morteau, où je suis née. A la fin, le public était debout. C’était fabuleux ! Ensuite, c’est rigolo : dans les villes suivantes, j’étais dans la salle et les gens venaient vers moi et pour me dire « la relève est assurée ». C’est ce que j’entendais sans arrêt...
→ VDJ : Vous gardez donc toujours le contact avec le public ?
LS : Oui. Je vais dédicacer dans les grandes villes. Je vais le faire à Dole et là c’est chouette parce que je ne suis pas dans le stress.
Quand je jouais, après le spectacle, il fallait que je me dépêche alors que je n’étais encore pas descendue de cette énergie incroyable dans laquelle on est quand on joue. Alors qu’ici, lors des dédicaces, je peux discuter avec les gens, je suis vraiment détendue, c’est super !
→ VDJ : La scène, c’est vraiment fini pour vous ?
LS : La scène, c’est fini depuis 2018 ! Je n’en ai plus du tout envie, je suis trop heureuse dans l’écriture, j’en rêvais depuis l’enfance. J’ai du temps pour écrire et pour peindre, c’est tellement bien. Et puis, j’accompagne un peu la tournée puisque je vais souvent dédicacer.
→ VDJ : Vous avez écrit des livres qui retracent l’enfance et l’adolescence de la Madeleine. Pouvonsnous espérer une suite sur sa vie d’adulte ?
LS : Les quatre tomes s’arrêtent quand la Madeleine a 20 ans et je n’ai plus envie de décliner le monde paysan des années 1950 à aujourd’hui. Le spectacles « Haut débit » est sans doute le spectacle qui a le plus ému les gens et je suis en train d’en faire un roman. Cela va venir boucler cette saga : on va voir la Madeleine aujourd’hui avec son petit Kamel âgé de 12 ans qui a beaucoup de répartie comme elle et là, j’ai traité tous les clichés que j’ai démontés un par un pour qu’ils apprennent à se connaître, à se comprendre et à se transmettre.
C’est ce qui doit arriver quand on est en face d’un étranger, de quelqu’un de différent. J’ai sorti un nouveau livre, « Aurore et Samir », une histoire d’amour entre deux enfants de 10 ans, une « petite bourge » du centreville de Besançon et un « petit rebeu » de Planoise parce que j’aime bien traiter le choc des cultures. On peut le lire dès 10 ans.
→ VDJ : Avez-vous toujours cette envie d’amener La Madeleine au plus près des gens ?
LS : Oui. La politique, que j’ai depuis le début est d’amener la Madeleine à la porte des habitants. Pour cela, nous lançons un appel aux communes et aux comités des fêtes : on a un tarif adapté au nombre de places. Je peux vous dire qu’en quarante ans, aucun village, aucune commune n’a perdu de l’argent parce qu’avec cette idée-là, tout le monde s’en sort. Un spectacle de cette notoriété qui arrive dans un village avec un tarif adapté, c’est unique.
■ Contact : madeleineproust@ngproductions.fr.Infos : www.madeleineproust.fr