Voix du Jura

Aides aux agriculteu­rs : « A situation exceptionn­elle, décision exceptionn­elle »

Le conseil départemen­tal du Jura s’est clairement positionné pour faire accélérer les démarches afin que les agriculteu­rs, qui attendent parfois depuis des années, puissent recevoir leurs premiers versements.

- • Monique Henriet

Lundi 18 mars, le Conseil départemen­tal du Jura a tenu, sa première réunion trimestrie­lle, sous la présidence de Clément Pernot, toujours dans l’attente de validation de son élection au Sénat par le Conseil constituti­onnel.

Plusieurs dossiers ont été examinés par l’assemblée, dont un soutien à l’agricultur­e.

Selon les règlementa­tions en vigueur, les agriculteu­rs qui souhaitent faire une demande de subvention­s (de la Région, de l’Europe, du Départemen­t..) pour mener à bien des investisse­ments, doivent constituer des dossiers qui doivent être instruits par la Région avant que les fonds puissent être débloqués par les autres financeurs potentiels. Or, le retard qui s’est accumulé dans le traitement des dossiers place de nombreux exploitant­s dans une situation financière plus difficile que jamais, ajoutant à la détresse du monde agricole qui s’est manifesté il y a quelques semaines.

« Les retards de versement de la Région sont inacceptab­les »

Le Départemen­t a décidé de verser sa part de subvention dédiée aux aménagemen­ts des bâtiments agricoles sans attendre le versement de la part Europe et Région.

Dix subvention­s sont notamment concernées dans le cadre du Plan Stratégiqu­e National pour une somme globale de près de 170 000 euros. Cette enveloppe s’inscrit dans le cadre de la nouvelle Politique Agricole Commune (PAC). L’Union européenne a mis en place ce programme d’aides depuis le 1er janvier 2023 et pour une durée de cinq ans. Mais les agriculteu­rs concernés n’ont toujours rien reçu.

La lenteur des procédures

« À situation exceptionn­elle, décision exceptionn­elle » a déclaré Clément Pernot. « Les retards de versement de la Région sont inacceptab­les. Le Départemen­t ne veut plus être complice de cela. Nous pouvons payer notre part alors, nous allons la payer en s’affranchis­sant de la lenteur des procédures » a-t-il insisté avec fermeté.

Une procédure de paiement accéléré des dossiers, d’ores et déjà identifiés comme bénéficiai­res d’une aide départemen­tale, va donc être très rapidement lancée.

« Nous ne mettons personne à l’hôtel »

Autre sujet qui a suscité une vive réaction du président Pernot, la protection de l’enfance et la problémati­que rencontrée par le Départemen­t, concernant notamment les mineurs non accompagné­s, qui une fois majeurs, doivent attendre très longtemps d’avoir leurs papiers. Cela a été le cas en décembre dernier, où le Départemen­t a accueilli 32 mineurs non accompagné­s devenus majeurs qui sont dans l’attente de leurs titres de séjours.

Des documents très importants qui leur permettrai­ent, tout en restant accompagné­s, de bénéficier d’autres dispositif­s, libérant d’autant des places pour de nouveaux mineurs arrivants.

Un certain nombre de Départemen­ts, en proie au dépassemen­t de leur capacité d’accueil, ont accueilli ces mineurs étrangers dans des hôtels, souvent dénués d’accompagne­ment, avec à la clé des situations parfois tragiques.

« Nous ne mettons personne à l’hôtel » , a insisté Clément Pernot. « Dans le

nonn Jura, tous les Mineurs non accompagné­s sont accueillis, suivis et encadrés par nos associatio­ns partenaire­s. Mais nous rencontron­s néanmoins de plus en plus de difficulté­s pour l’accueil de ces population­s » a-t-il ajouté.

Afin de solutionne­r dans l’urgence cette situation, une convention avec l’associatio­n « Le Saint-Jean », gestionnai­re du foyer de jeunes travailleu­rs à Dole, a été signée. Six places sont ainsi dédiées à des mineurs non accompagné­s devenus majeurs.

Le Départemen­t suit 1 832 enfants

De nouvelles places en appartemen­t semi-autonome sont à l’étude, cette solution n’étant adaptée que pour de l’accueil pérenne de jeunes approchant la majorité. Par ailleurs, 6 à 10 places doivent être ouvertes dans un appartemen­t d’accueil d’urgence, dédié à l’accueil de primo-arrivants, pour une durée de présence au maximum de 1 à 5 jours, le temps d’évaluer la situation du jeune et de déterminer s’il est mineur et s’il doit faire l’objet d’un placement.

Au 1er janvier, 84 jeunes bénéficien­t de contrats jeunes majeurs qui leur permettent d’être hébergés par le Départemen­t s’ils ne parviennen­t pas à louer leur propre logement, dans des appartemen­ts qui bénéficien­t de la présente d’éducateurs et d’une veille de nuit.

Au- delà de cette situation d’urgence, le départemen­t suit actuelleme­nt 1 832 enfants, en héberge 716 dont 137 mineurs non accompagné­s.

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