Voix du Jura

Dernier de sa famille à avoir fait la guerre, il raconte son parcours de soldat

Gilbert Coulon-Pilot a fait partie du 21e Régiment de Tirailleur­s Algériens dans l’Oranais en Algérie en 1957, puis du 43e BIC jusqu’en mars 1959.

- Madeleine Bourgeois (CLP)

Né à Ecleux le 3 novembre 1936, Gilbert Coulon-Pillot a été déclaré apte pour le service par le conseil de révision du canton de Villers-Farlay le 10 septembre 1955. Il fait ses 3 jours à Macon en septembre 1956. Appelé sous les drapeaux le 22 décembre, destinatio­n le 21e Régiment de Tirailleur­s Algériens « ‰ 21e RTA‰», stationné dans l’Oranais en Algérie.‰

Le 9 janvier, départ de la gare de Mouchard, destinatio­n Châlons-sur-Saône, en attente du départ pour Marseille. « Comme beaucoup à 20 ans, c’était la première fois que je voyais la mer. Embarqueme­nt le 12 janvier, sur le Sidi Bel-Abbès, pour plus de vingt-sept heures de traversée sur une mer agitée. Oran, vu du large, était magnifique. J’ai été muté à la 11e compagnie, à Aïn Tédèles, où nous avons fait nos classes. J’ai été classé tireur F.M. »

Mutation dans le 43e BIC

Gilbert a été muté dans le 43e Bataillon d’Infanterie Coloniale ( BIC), stationné dans le secteur de Collo Constantin­ois, où les opérations se succédaien­t suite à des embuscades de jour comme de nuit, avec un arrêt suite à une glissade qui lui a valu une entorse au genou droit.

« Je devais partir en permission au bout d’un an, mais je suis tombé malade avec 40° C de fièvre. On m’a donné un traitement contre le paludisme, mais au bout d’une semaine, je prenais la direction de l’hôpital de Philippevi­lle où l’on m’a diagnostiq­ué une pneumonie. Le 13 février 1958, après 13 mois, je rentre en France en permission. J’ai enterré mon grand- père décédé suite à une bronchite et quinze jours plus tard, la communion de ma soeur » .

Retour en Algérie

De retour en Algérie, à Chéraïa, il retrouve André Brochet, de Chamblay. « Nous étions heureux de nous retrouver loin de chez nous. Lui a été blessé lors d’une opération. La vie de militaire a repris avec les tours de garde, les patrouille­s et les embuscades. Le 3 mars, j’étais libérable, nous étions contents de partir, mais nous avions le coeur gros en laissant les copains. Je suis rentré à la maison le 7 mars. J’étais en permission libérable jusqu’au 21 mars 1959, j’ai rendu mon paquetage à la gendarmeri­e de Mouchard. »

Une amicale des anciens aujourd’hui éteinte

L’amicale des anciens du 43e BIC a été créée en 1978. « Depuis la première rencontre, le 1er mai dans l’Aveyron en 1979, je n’ai pas manqué un seul rendez-vous annuel, jusqu’à son extinction, faute de combattant­s ».

En mai 2010, un voyage de mémoire a été organisé en Algérie avec le comité FNACA de l’Ain. « A l’approche de Collo, je suis très ému, ce voyage m’a fait revivre mes souvenirs.

J’ai réalisé mon rêve de marcher dans les pas de mes 20 ans, 53 ans plus tard. J’ai pu voir autrement cette région ».

Gilbert Coulon Pillot a été président cantonal de l’associatio­n d’anciens combattant­s et a aussi fait partie de Maginot. Il a assisté à la création de la FNACA cantonale à Cramans, dont le 1er président était Eric Ducros et Gilbert le trésorier. Le second président était Simonet de Port- Lesney et l’actuel est Bernard Besson de Villers-Farlay. « C’est à nous de transmettr­e notre histoire, je suis le dernier homme de la famille à avoir fait la guerre, et j’ose espérer que cela continuera. J’ai aussi la fierté d’avoir un petit fils, Gilles qui est portedrape­au, le plus jeune du canton de Mont-sous-Vaudrey ».

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Madeleine Bourgeois Gilbert Coulon-Pillot et son petit-fils Gilles.

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