Le Jura précurseur du vert dans le vin : « Moins j’en mets, mieux c’est ! »
Vins bio, en biodynamie, naturels, SAINS… Toutes ces dénominations fleurissent dans le monde du vin depuis des années, mais quelles sont leurs différences et qu’impliquent-elles ? Réponses à l’occasion du Nez dans le vert, salon de vins bio du Jura.
Les cavistes spécialisés pullulent, les média en parlent, et une clientèle particulière ne jure que par eux. Les vins bio, nature ou en biodynamie ne sont pas qu’un effet de mode et c’est encore plus vrai dans le Jura. La cave bien connue des Jardins de Saint-Vincent, par exemple, existe déjà depuis une vingtaine d’années à Arbois. Et que dire des vignerons, qui dès les années 1950 et 1960, comme Pierre Overnoy, figure pionnière dans l’élaboration des vins sans intrants, ont décidé de privilégier le respect de leur terroir pour avoir un vin vibrant de bonne santé !
Une philosophie commune
Le socle commun entre toutes ces dénominations est une façon de voir le goût et la vie, avec notamment la valorisation de la terre, où sont plantées les vignes, et les pratiques lors de la vinification. Le Jura est la région viticole française comptant la plus grande part de vignobles en agriculture biologique. L’association jurassienne de viticulteurs bio du « Nez dans le Vert » contribue à cette expansion en véhiculant des principes qui sous-tendent ce mode d’agriculture.
Créée en 2010, l’objectif premier, d’après Julien Maréschal, co- président de l’association, est de « favoriser les échanges entre vignerons, notamment sur les problématiques techniques rencontrées en agriculture
biologique » . Leur but, et rêve, serait d’accompagner tout le monde afin d’atteindre une quasi totalité du vignoble en bio. Une vraie philosophie de vie.
Le strict nécessaire
Pierre Laporte, vigneron bio du domaine Joseph Dorbon à Vadans, vient de rejoindre l’association, en janvier dernier. Il résume l’esprit qui l’anime : « Moins j’en mets, le mieux c’est ! » Ayant repris le domaine de son oncle en 2022, ce vigneron, qui a vu des pratiques peu soucieuses de l’environnement notamment en Australie, ne voulait certainement pas appliquer ces méthodes chez lui. « Chacun fait comme il peut, mais ici, j’aime consommer local et je ne tiens pas à avoir des pesti-cides sur ce que je mange et bois. » Et il se pose souvent la question de savoir si ce qu’il fait est nécessaire ou pas.
Ce mode d’agriculture signifie, certes, plus de travail que les méthodes conventionnelles, mais « pour tout le monde, la taille reste la taille » . Le vigneron ne s’oppose pas à une autre vision des choses mais « même si la pratique est plus coûteuse et plus contraignante, elle est nettement plus satisfaisante », résume-t-il.
Le Nez dans le vert, salon de vins bio le dimanche 24 mars (tous publics) et le lundi 25 mars (professionnels uniquement) à Arbois. Entrée : 10 € avec un verre de dégustation. Plus d’info sur www.nezdanslevert.com
J’aime consommer local et je ne tiens pas à avoir des pesticides sur ce que je mange et bois
PIERRE LAPORTE,
vigneron bio, domaine Joseph Dorbon