Voix du Jura

Deux sièges pour un empire

- • Julien Berrier

Durant la période de domination espagnole sur la FrancheCom­té, Dole se retrouva deux fois en première ligne contre les Rois de France. Deux fois, la cité doloise fut assiégée par les Français. Deux batailles qui ont laissé des traces encore perceptibl­es aujourd’hui.

1635, l’effondreme­nt de la collégiale

Situé en haut à gauche de la célèbre fresque des Dolois, un homme au visage sévère tient dans ses bras un livre. C’est Jean Boyvin, ancien membre du parlement dolois, dont le nom a traversé les siècles grâce à son récit du siège de Dole en 1636 («ˆLe siège de la ville de Doleˆ», éditions de La Passerelle).ˆ

Depuis les années 1620, l’Europe est en proie à une série de conflits armés connus sous le nom de la guerre de trente ans. Grosso modo, deux blocs se dessinent : d’un côté, la France et les états protestant­s (Suède, Hollande) ; de l’autre, le clan Habsbourg héritier de l’empire de Charles Quint (Espagne, Allemagne, Autriche). Propriété des Habsbourg d’Espagne, Dole se retrouve en première ligne et Jean Boyvin aussi. Au fil des siècles, la distance avec le maître espagnol aidant, Dole jouit en effet d’une certaine autonomie politique. Et, en tant que membre du Parlement, Jean Boyvin est de l’élite locale qui dirige la ville et dit la Loi.

800 Dolois tués

Le 28 mai 1636, le prince de Condé se présente sous les murs de Dole pour en faire le siège au nom du roi de France Louis XIII. Pendant 80 jours, 10 000 boulets et 500 bombes françaises s’abattent sur la ville. Huit cents Dolois sont tués à la bataille et un nombre incertain des conséquenc­es d’une épidémie de peste bubonique.

C’est aussi durant le siège que s’effondre le clocher de la collégiale. Dans son récit, Jean Boyvin raconte que les Dolois montent au clocher pour faire le guet... et ont pour habitude de montrer leurs fesses aux assiégeant­s français. Lesquels répondent aux provocatio­ns par une salve de plus sur le bâtiment. Au final, une violente tempête achève le travail et il faut attendre 1640 pour que la collégiale retrouve sa couronne.

En août 1636, Dole est dans une situation désespérée. Mais le 14 août, une armée de se

cours menée par Charles IV de Lorraine fait fuir les Français. Dole n’a pas cédé.

1674, la chute de Dole

Le siège qui débute le 27 mai 1674 est l’un des tournants de l’histoire doloise. Ce jour, le roi de France Louis XIV se présente avec son armée sur les murs de la ville. Le roi est engagé dans la guerre de Hollande qui l’oppose au même

bloc Habsbourg auquel sont rattachés Dole et la Franche-Comté. Le rapport de force largement en leur défaveur, les défenseurs Dolois se rendent le 7 juin. Un siège court mais dont les conséquenc­es seront lourdes pour la ville. Alors capitale de la Franche-Comté, Dole est

déchue de son Parlement puis de son Université. Et il faudra attendre 350 ans pour que l’université de Franche-Comté remette un pied à Dole par le biais de nouvelles filières de formations universita­ires et d’un pôle installé à Dole.

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Julien Berrier Jean Boyvin, livre en main, veille toujours sur sa bonne ville.

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