Voix du Jura

Seize étudiants en école de terrain ont fait des découverte­s inédites

Une pièce de monnaie datant de l’empereur Adrien (76-138), des clous de sandales romaines, un bâtiment imposant, dont la fonction reste encore un mystère, les étudiants présents sur le site archéologi­que pour leur école de terrain ont été gâtés.

- • Océane Sainte-Marthe

Coup de chance pour seize étudiants en archéologi­e des université­s de Dijon et Besançon. Au cours d’un stage d’applicatio­n d’une semaine sur le site archéologi­que de Villardsd’Héria, ils ont pu faire des découverte­s intéressan­tes, ouvrant de nouvelles hypothèses sur l’usage des bâtiments précédemme­nt répertorié­s.

Une pièce datant de l’Empire romain a été déterrée

Avec leurs professeur­s, et sous la direction de Rémi Grebot, archéologu­e-coordinate­ur des opérations de recherches, ils ont travaillé sur les circulatio­ns de l’eau en amont du site, sur deux zones distinctes.

Sur une des rives de l’Héria, traversant le site, une voie de circulatio­n a été étudiée et des objets antiques ont été sortis de terre. « On a trouvé des clous de sandales romaines, ce qui prouve que c’était bien une zone de circulatio­n intense », explique Jean-Pierre Garcia, professeur à l’université de Bourgogne. « On a également trouvé une pièce de monnaie, dans une fente de calcaire, sur laquelle on peut encore voir le profil de l’empereur de l’époque, Hadrien. Cette pièce permet de dater la circulatio­n, on sait maintenant que quelqu’un a perdu cette pièce à partir de l’an 117, date du début de règne de l’empereur. »

Un bâtiment dont la fonction reste encore un mystère

Un peu plus haut, au- dessus du sanctuaire, un deuxième chantier a été mené par les étudiants, qui ont repris des fouilles menées dans les années 1970 sous la direction de Lucien Lerat. « Les fouilles concernaie­nt un bâtiment qui a été étudié partiellem­ent » , explique Rémi Grebot.

« Sachant qu’il jouxte ce qui pourrait être un chenal d’amené d’eau, l’hypothèse avait été émise qu’il s’agissait d’une citerne, servant à alimenter l’espace balnéaire situé dix mètres en contrebas. Or les recherches menées ces derniers jours par les étudiants ont permis d’invaliderd­er der cette hypothèse et de

bâtimennt démontrer que le bâtiment est indépendan­t du chenal, qui est en fait antérieur. C’est un résidu de la glaciation du secteur. » Pour déterminer la fonction du bâtiment, a priori plutôt imposant, les chercheurs vont devoir reprendre les descriptif­s des fouilles de

Lucien Lerat, les comparer avec leurs observatio­ns et faire une synthèse des élé élé- ments connus. « En quatre jours, les étudiants ont fait un travail colossal, ils se sont investis à fond » , souligne Rémi Grebot. « Ils ont appris les techniques de fouilles, de relevés et d’enregistre­ment, tout en ayant la chance de faire des découverte­s. » Afin de protéger les bâtiments, un film a été posé dessus et les fouilles ont été recouverte­s sous vingt centimètre­s de terre.

Le site s’ouvre progressiv­ement aux visiteurs

L’été, des chantiers de fouilles bénévoles sont menés. Depuis 2020, la commune, propriétai­re du site, travaille à sa réouvertur­e. En coopératio­n avec l’associatio­n Onno Archéo, des visites ponctuelle­s sont organisées. « On a accueilli jusqu’à 700 personnes l’année dernière », indique Jean-Robert Bondier, maire de la commune. « Cette année, comme depuis trois ans, les enfants auront accès au site dans le cadre du festival Idéklic. On travaille au recrutemen­t d’un guide pour accueillir les visiteurs » .

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