Voix du Jura

« Quand on a gagné, on a envie de reconquéri­r la première place »

La saison 2023-2024 est terminée pour le champion du Grandvaux Quentin Fillon-Maillet qui dresse un bilan et se projette déjà pour la suite avec des pistes de travail pour retrouver la première place.

- • Monique Henriet

→ VDJ : Comment s’est passée cette fin de saison ?

QFM : Le programme d’après saison était bien chargé entre le tournoi des douanes, le championna­t de France et la fin de la coupe du monde avec les problèmes de transport. Finalement le tournoi des Douanes (qui est mon employeur) a été annulé. Je préfère tout de même les championna­ts de France qui permettent de retrouver le public

→ VDJ : Si on fait le bilan de cette saison, vous n’êtes monté qu’une fois sur une épreuve en individuel, et c’était aux championna­ts du monde. Cela ne vous manque pas un peu ?

QFM : Cela m’a bien sûr manqué. J’ai vraiment du mal à dresser un bilan positif de cette saison malgré les quatre médailles remportées aux championna­ts du monde parce qu’étais loin de mon niveau sur la plupart des courses. J’arrivais à en faire une partie en ski et ça pêchait au tir ou inversemen­t. J’ai vraiment du mal à me satisfaire de cette saison parce que j’ai un goût amer de la saison précédente et de celle- ci qui s’enchaîne de façon compliquée.ˆ Quand on a gagné, on a encore envie de reconquéri­r la première place. Tant que je n’y arriverai pas, la deuxième ou la troisième place n’y suffiront pas. Il y aura toujours un petit goût de déception. C’est pour moi compliqué.ˆ Il y a quatre médailles, mais j’en attends toujours plus. Je suis exigeant avec moi-même et j’ai du mal à le cacher.ˆ

→ VDJ: Du coup ça va être quoi la priorité à travailler après les vacances ?

QFM : Il y a toujours plein de choses à bosser avec des objectifs d’évolution. J’essaye déjà de dresser avec mon entourage, un bilan pour voir ce qui n’a pas marché et voir comment faire évoluer les choses, mais je n’ai pas la solution toute faite pour le moment. Le point compliqué de ma saison a été le tir. Alors est- ce que ce sont des problèmes techniques qui ont engendré d’hésitation du tir, ou est-ce que c’est l’hésitation qui a fait que j’ai eu raté des tirs. En tous cas, je vais travailler tout l’aspect mental pour revenir à un bon niveau. Je n’ai pas forcément l’objectif de gagner une course au départ, mais d’aller chercher des performanc­es qui me sont propres et notamment un gros pourcentag­e de tir sur la saison prochaine voir les suivantes. Je voudrais aller au-delà de 90 % au tir, 91 % voir plus. Et si j’y arrive, cela fera de belles choses pour la suite.ˆ

J’ai rarement réussi à construire des courses à 100 %.ˆ

→ VDJ : Vous savez faire a priori ?

?

QFM : Cela peut paraître simple de l’extérieur et même pour moi quand je revois des courses, je me dis : mais comment j’ai pu passer droit dans le piège ? Mais dans la réalité, le niveau de ski est de plus en plus dense. Du coup, on arrive de plus en plus dans le rouge au pas de tir. Le temps de récupérati­on doit être encore condensé, les conditions de vent, les enjeux, les hésitation­s... qui font que la performanc­e n’est pas simple. Même après 10 ans de coupe du monde, j’ai du mal à comprendre certaines choses. Si le ski est plus compliqué, le tir, il faut presser sur la détente quand on est en face de la cible. Mais elle n’est pas grosse. En tous les cas, je m’investis à fond dans ce projet. Sur cette saison, je n’ai pas de regrets parce que j’ai tenté des choses. Certaines ont marché, d’autres ont été dégradées. Sinon, j’ai toujours été investi, et si ce n’était pas le cas, je m’arrêterais.ˆ

→ VDJ : Vous allez repartir encore plus boosté ?

QFM : Je me pose plein de questions et des baisses de motivation, j’en ai eu, c’est certain. Déjà à l’été, quand la forme n’était pas bonne et que je finis à l’hôpital avec une grosse crise d’allergie... J’avais déjà le doute de faire le deuil de ma saison. Finalement, la forme revient et je fais un début d’hiver compliqué. Est-ce que ce début d’été a expliqué les difficulté­s ? Peutêtre. Mais je m’entraîne pendant sept mois, je fais beaucoup de sacrifices pour que ça marche et ça ne marche pas. Donc, je donne mon maximum et je n’ai pas envie d’avoir des regrets et d’aller au bout de mon projet. Au moment, mon entourage, parents et copine avaient envie de me faire sauter la fin de saison aux USA et au Canada. Mais j’aime faire ce que je fais. Donc, même si des certaines courses sont mauvaises, il y a quand même du plaisir malgré tout.ˆ

→ VDJ : Comment voyezvous la suite ?

?

QFM : J’ai déjà beaucoup gagné dans ma carrière, mais j’ai encore l’ambition de continuer à faire tout ça. Et j’ai bon espoir quand je vois la fin de cette saison. La forme était bonne et le tir n’était pas loin. Avec une bonne réflexion et une bonne préparatio­n, je devrais y arriver, d’autant que je l’ai déjà fait une fois.ˆ

VDJ : Vous aurez 33 ans et demi pour les prochains jeux, vous y pensez ?

QFM : Je m’y vois, d’autant plus quand je vois Johannes Boe. Après, je ne sais pas comment mon corps va réagir. L’âge me fait réfléchir. Je suis déjà un peu obligé d’adapter mon entraîneme­nt. Mais en soi, je pense que beaucoup d’athlètes arrêtent par baisse de résultats, par baisse de motivation ou pour une vie de famille, mais rarement parce qu’ils sentent que physiqueme­nt, ils ne sont plus au niveau. Je me projette dans le biathlon parce que j’aime beaucoup cette vie et ma passion. À 33 ans, j’espère que je serai encore très performant. En tous les cas, je ferai tout pour l’être.ˆˆ

Je voudrais aller au-delà de 90 % de réussite au tir À 33 ans, j’espère que je serai encore très performant pour les Jeux olympiques.

 ?? Yves Perret ?? Quentin Fillon-Maillet
Yves Perret Quentin Fillon-Maillet

Newspapers in French

Newspapers from France