J’ai fait la reconstitution de la bataille d’Orgelet
Ce lundi 1er avril avait lieu la reconstitution de la bataille d’Orgelet de 1674. À cette occasion, je me suis mis dans le rôle d’un résistant franc-comtois à l’invasion française.
Épée au poing et drapeau franc-comtois à la main, je me sens prêt. Le colonel JacquesAntoine de Maizod nous réunit dans une rue du centre-ville d’Orgelet. Là-haut, sur la place de l’église, les Français ont installé leur garnison après avoir pris la ville quelques heures plus tôt.
Nous allons les prendre par surprise. Soudain, le colonel lance la charge et notre trentaine d’hommes se précipitent sur les soldats de Louis XIV en hurlant. S’en suit une terrible mêlée générale entre troupes françaises et partisans franccomtois.
« On arrête ! » , crie Denis Bernard dans son micro, ses épaisses notes sous le bras. C’est lui qui supervise le dérouler du spectacle, avec son association de reconstitution historique, les Balladins du Chateau. Là, on est encore en répétitions. « Les FrancsComtois, vous arrivez trop tôt ! Il faut attendre que le curé vienne vous chercher. On reprend à partir de la beuverie des Français. »
90 figurants pour les trois batailles
Depuis ce lundi matin, dix heures, les répétitions s’enchaînent pour reconstituer cette bataille d’Orgelet, qui a eu lieu en 1674, date à laquelle la Franche-Comté a été rattachée au royaume de France.
C’est à l’occasion de cette date anniversaire que François Bonneville, présidente de l’Asphor, association de préservation du patrimoine à Orgelet, a tenu à organiser cette bataille, avec l’aide des Balladins du Chateau, association de reconstitution historique.
À son appel de recherches de figurants, environ quatrevingt-dix personnes ont répondu présentes : des Orgelétains, Lédoniens, Hauts-Jurassiens et même Dolois. Pour moi comme pour beaucoup d’autres, cette reconstitution historique est une première :
« C’est une première ! Je fais un peu de théâtre, des jeux de rôles grandeur nature, mais encore jamais de reconstitution. Je savais que ce serait un vrai plaisir » , témoigne Christophe, qui incarne un important officier français.
Prendre le plaisir de redevenir des gamins
Tous ont voulu se taper « un délire » , redevenir des gamins quelques heures, enfiler un costume et « jouer » à la guerre. « Regarde ces deux Français en train de se battre à l’épée... Ils sont aussi heureux que s’ils avaient 12 ans ! », rigole un figurant comtois avec son copain du jour.
Très peu sont de véritables passionnés d’histoires. Encore moins connaissaient la bataille d’Orgelet avant ces derniers jours. Mais c’est ce qui les a motivés, comme le témoigne Pierre Jacquier, directeur musical de la batterie- fanfare d’Orgelet, en costume d’officier français, tenue grise, avec cape bleue et large chapeau accompagné d’une plume:
« Je ne suis pas très ‘histoire’, et cette reconstitution me permet de découvrir l’histoire de la ville très concrètement, grâce aux jeux de rôles. C’est franchement sympa et très convivial ! »
Avec les musiciens de la batterie- fanfare, ils sont venus mettre en musique cette reconstitution : « On a joué une version raccourcie, mais adaptée au spectacle de Auprès de ma blonde, un morceau d’ici très populaire. »
Les conditions parfaites pour guerroyer
Répétitions laborieuses après répétitions encourageantes, chaque figurant rentre de plus en plus dans son rôle. Puis, une heure avant le début du spectacle, alors que jusqu’ici figurants et organisateurs redoutaient la pluie, une éclaircie. Un beau soleil, comme un signe pour que cette bataille ait lieu.
À quand la prochaine ?
Peu après 16 heures, devant un public nombreux, les combats débutent. Une première bataille, victoire des Français. Seconde bataille, reprise de la ville par les Comtois. Bataille rangée finale, bain de sang avec explosions et victoire finale des troupes françaises. Trois batailles pour un spectacle d’une durée de 25 minutes.
Dans le vestiaire, au moment de rendre nos costumes d’époques, les figurants s’applaudissent, se félicitent, se taquinent, se rappellent les bons souvenirs des combats. Beaucoup espèrent une prochaine reconstitution !
En attendant cette éventuelle « prochaine », les deux organisateurs soufflent un bon coup. Cette reconstitution, ils l’ont préparée en à peine un mois, un exploit. « Même si en une journée, on ne peut pas faire quelque chose de formidable, une fois les costumes mis sur le dos, les gens se sont pris au sérieux. On s’en est bien tirés ! » , reconnaît Denis Bernard, vice- président des Balladins du Chateau
Sentiment de la chose accomplie partagé par François Bonneville : « Entre ce qu’on avait imaginé et la mise en pratique, il a fallu s’adapter ! Les figurants se sont faits plaisir, il n’y a pas eu de couacs, les gens étaient contents, c’est l’essentiel !» Et maintenant, il faut revenir : les Français sont toujours là !