Quand les étudiants boudent la cité étudiante : « On est à 60-70 % de taux d’occupation »
La cité étudiante et ses 77 studios ne séduit plus les étudiants qui privilégient d’autres solutions de logement. La Ville qui gère la résidence cherche la solution pour relancer le site.
« Nous constatons une diminution de la fréquentation de la cité étudiante depuis
2017 » , expliquait la majorité municipale avant de voter une augmentation des charges de 3 % portant sur les logements de la cité étudiante.
Un taux d’occupation « pas optimum »
Soit 77 studios installés rue Saint-Roch et répartis entre deux bâtiments : Les Gentianes avec 45 studios (20 m2 avec douche, toilette, kitchenette) et Les Iris avec 32 studios (20 m2 avec lavabo, baignoire, toilette, kitchenette). Une cité étudiante dont la gestion est aujourd’hui encore effectuée en direct par la Ville. « Mon prédécesseur feu Pierre Tinguely avait sollicité l’Opac, devenu la Maison pour tous aujourd’hui, pour construire cette résidence étudiante. L’Opac louait à la ville et la ville gérait la location des étudiants. Aujourd’hui, c’est toujours cette formule qui opère à la seule différence que l’emprunt nécessaire à la réalisation est terminé donc le coût pour la ville est moindre. Mais le taux d’occupation n’étant pas optimum, on doit réfléchir à ce qu’on fera » , explique le maire Dominique Bonnet.
La construction de cette cité étudiante se justifiait par la nécessité d’héberger les étudiants venus à Poligny suivre les cours dispensés au Lycée Friant ou à l’école nationale d’industrie laitières et des biotechnologies (Enilbio). Globalement, les étudiants sont toujours là mais ils semblent fuir la cité étudiante. « On est à 60-70 % de taux d’occupation. Les étudiants sont plus exigeants et les studios se sont multipliés dans le parc privé de Poligny. Peut-être même que trop ont été créés » , avance le maire.
Une résidence obsolète
Alors que le parc privé se rénovait, la cité étudiante restait de son côté un peu dans son
jus. « Lorsque l’on parle de la cité étudiante à nos élèves, ils nous disent que les charges sont trop élevées, qu’ils trouvent moins cher dans le
privé. Ils nous disent que ce ne sont pas des logements très
agréables » , explique Christine Géhin, proviseure du Lycée Friant. Et de donner un exemple
significatif : « On nous a rapporté des dysfonctionnement sur le réseau Wifi. C’est important pour les étudiants. »
Mais pour Christine Géhin c’est surtout le mode de vie des étudiants qui a évolué depuis la construction de la cité. Avoir chacun sa douche et sa kitchenette
ne semble plus une priorité. « Ce sont souvent les nouveaux venus qui s’installent dans la cité étudiante mais ils n’y restent pas. Ils vont chercher un appartement dans le parc privé et, surtout, ils cherchent à s’installer en colocation avec des camarades. Les étudiants originaires de la région, eux, recherchent directement à s’installer en colocation. Ils connaissent déjà des gens, ils ont peut-être un accès plus facile au parc privé puisqu’ils ont parfois un réseau » , note Christine Géhin. Et d’en conclure fort logiquement : « Ce que recherchent les étudiants, ce sont plus de grands appartements que de petits studios. »
« Tout est envisageable »
Si chacun s’accorde à constater l’obsolescence de la cité étudiante, reste à définir une
stratégie de relance. « Je reste convaincue de l’utilité de disposer de cette résidence étudiante qui rend tout de même service à beaucoup de gens. Je pense que les étudiants sont les mieux placés pour expliquer leurs besoins, qu’il faut les consulter. La
cité étudiante manque aussi de publicité. Nous avions proposé aux gestionnaires d’être présents lors de nos journées portes ouvertes mais ils ne sont pas venus. Sur une journée comme celle-ci, c’est dommage » , note Christine
Géhin.
Convaincu de la nécessité de faire évoluer le site, le maire Dominique Bonnet avance plu
sieurs pistes : « Tout est envisageable. On va réfléchir à ce qu’on peut faire : soit relooker la résidence pour attirer davantage les étudiants, soit créer sur une partie du site une résidence senior. » Et de conclure en renvoyant la balle
vers la Maison pour tous. « Pour l’instant, c’est la Maison pour tous qui est propriétaire des murs. »
❝ On va réfléchir à ce qu’on peut faire : soit relooker la résidence pour attirer davantage les étudiants, soit créer sur une partie du site une résidence senior
DOMINIQUE BONNET,
maire de Poligny