Rebondir, l’association jurassienne qui vous sort de l’impasse financière
Faillite, interdit bancaire, saisie judiciaire... Rebondir propose des solutions au cas par cas pour sauver de la ruine ceux que les accidents de la vie ont jeté dans l’impasse financière.
Un petit bâtiment blanc et propre, style préfabriqué, au fond de l’impasse de la Fenotte. C’est là que siège l’association Rebondir fondée en 2009 par Guy Bellefoy, une structure qui intervient dans l’angle mort du système financier. « Je travaillais dans la finance, pour un organisme qui faisait du regroupement de crédit. Avec quelques collègues, nous avions noté les difficultés terribles dans lesquelles se trouvait des gens fichés par la banque de France. Ou d’autres qui font l’objet d’une saisie judiciaire qui gâche leur vie alors qu’il y avait des solutions possibles » , explique ce massif barbu, ancien catcheur et ancien agriculteur. « Dans les années 1985-1986, j’étais agriculteur, j’avais ma maison... On est venu me saisir, j’avais trois jours pour trouver 200 000 euros. J’ai tout perdu : mes biens, mon emploi... C’est aussi ma propre expérience qui m’engage dans ce travail associatif. »
600 appels par an
Rebondir revendique plus d’un millier de dossiers solutionnés depuis sa création et l’association reçoit environ 600 appels par an. « Notre siège est à Dole, on travaille beaucoup sur la région mais nous sommes aussi sollicités au niveau national car il y a peu d’association qui interviennent dans ce domaine » , explique Guy Bellefoy. La réputation de l’association parle pour elle : « Cela fait 17 ans que l’on travaille dans ce milieu donc les gens nous connaissent, c’est du bouche- à- oreille. Par exemple, c’est un huissier qu’on a déjà croiser et qui va nous adresser une personne. » Concrètement, l’association se charge ensuite de trouver la solution idoine. « Comment vous faites pour acheter la voiture qui vous permettra de travailler et de sortir de votre situation si vous êtes fiché à la banque de France et que vous ne pouvez rien emprunter ? On aide à lever l’interdit bancaire, on prête de l’argent pour acheter la voiture, par exemple » , explique Guy Bellefoy.
Une équipe de pros
Lui-même acteur du système financier durant une partie de sa carrière, Guy Bellefoy avance des arguments tout en nuances et bien conscient que la dette (privée ou publique) n’est pas sans rapport avec la morale. En clair, de nos jours comme autrefois, l’endetté est toujours considéré comme un peu fautif. « Le monde de la finance agit selon des critères, des processus et c’est normal. Il faut bien qu’il y en ait. Seulement il y a les accidents de la vie. »
Et c’est là que l’association Rebondir intervient. En un peu plus de 15 ans, Guy Bellefoy a rassemblé autour de lui une équipe de bénévoles et de professionnels solidement charpentée. Le secrétaire Philippe Bastioni est un ancien de la direction des ressources humaines de Solvay, le trésorier Roger Vernier fut directeur administratif et financier. Quant à la directrice administrative et financière de l’association, Séverine Bienfait, elle a fait une partie de sa carrière au service d’un huissier. « Je préfère ce que je fais aujourd’hui » , glisse-t-elle dans un sourire.
«On pleure deux fois»
Les personnes qui sollicitent l’association sont reçues pour une analyse financière de leur situation. Souvent l’heure de vérité : « Là, ils nous disent tout. Ils ne peuvent rien nous cacher car de toute façon on finira par le savoir. Souvent, j’ai des pleurs dans le bureau. En fait, on pleure deux fois : d’abord en expliquant sa situation et puis lorsque la solution est trouvée » , raconte Séverine Bienfait. Et Guy Bellefoy d’ajouter : « C’est dur pour une personne engluée dans les difficultés financières d’en parler surtout à ses proches. Je me souviens d’un cas où jusqu’à la veille du rendezvous à l’association, un mari n’avait rien dit à sa femme de la réelle situation financière. »
De fait, chaque cas qui se présente aux bénévoles de Rebondir est particulier. Et là est tout l’intérêt de l’association : aux processus systématiques et parfois un peu inhumains de la finance, Rebondir oppose une analyse particulière à chaque contexte. Un travail que ni les banquiers ni les travailleurs sociaux n’ont le temps de faire. « On va être clair : une analyse comme celle que l’on fait sur un budget pour un ménage, c’est trois à quatre heures de travail. C’est du temps et ce n’est pas ça qui rapporte » , explique Philippe Castioni.
■ 54, rue de la Fenotte à Dole. Bureaux ouverts du lundi au vendredi 9 h à 12 h et de
14 h à 17 h.
Téléphone : 03 84 70 36 48.