«On ne dépense que ce qu’on a»
« C’était ma faute. Je m’étais laissé allé. J’ai oublié qu’on ne dépense que ce qu’on a effectivement sur son compte » , reconnaît Jacques*. En retraite dans le nord Jura, cet ancien maçon-carreleur au boulot depuis ses quatorze ans a failli tout perdre il y a un an tout juste. « J’ai fait une erreur et si j’ai pu garder ma maison c’est grâce à l’association Rebondir. »
En attendant l’argent
Pourtant, au moment où Jacques met le doigt de l’engrenage qui le mènera presque à la faillite, il est dans une situation financière plutôt favorable. « J’attendais la vente d’un bien immobilier. On avait l’acheteur, c’était quasiment fait. J’avais des dépenses à faire, des travaux a réalisé sur ma propre maison donc j’ai anticipé la rentrée de cet argent. »
Comptant sur la vente de son bien, Jacques commence à dépenser en contractant des prêts. « Je me disais que je solderais l’ensemble lorsque je toucherais l’argent de la vente. » Mais Jacques n’a pas songé qu’il lui fallait le feu vert du syndic de copropriété pour
Guy a sombré dans le piège des prêts à la consommation. (Illustration)
vendre. La vente est retardée et les dettes s’accumulent.
«Il faut une loi»
Il faut dire que Jacques est allé au plus court au moment de contracter ses prêts. « J’ai contacté ces organismes de crédit par téléphone. Vous appelez, ils ne vous demandent aucune garantie avant d’accepter le prêt. Je me dis qu’un organisme de crédit devrait au moins demander les trois derniers relevés bancaires. » Des prêts à la consommation aux taux usuraires, Jacques en contracte dix, ce qui n’est pas tant que ça. « L’association m’a dit qu’ils accueillaient des gens qui en avaient une quarantaine » , souligne Jacques. Et de s’agacer : « Il faudrait vraiment que nos parlementaires imaginent une loi qui encadre
davantage ces organismes. »
«Démerdez-vous !»
Reste qu’entre sa pension de retraite et quelques placements, Jacques dispose d’environ 2 500 euros de ressources tandis que le remboursement de ses prêts cumulés s’élèvent à 2 700 euros. « J’ai alors pris conscience de ma situation. J’ai anticipé ma faillite, c’est ce qui m’a sauvé » , explique-t-il.
Jacques commence donc par se rendre à sa banque pour trouver une solution. « J’ai expliqué les choses comme je l’ai fait avec vous. En ne cachant rien de ma faute. En gros, on m’a répondu : »Démerdezvous !« » Le conseiller bancaire prend tout de même le temps de mettre Jacques en relation avec l’association Rebondir. « J’ai été reçu par la commission de l’association. J’ai expli
«Du baume au coeur»
Après examen minutieux de la situation, le dossier de Jacques est mis aux voix. « M. Bellefoy a demandé qui était d’accord pour m’aider. Là, j’ai vu toutes les mains se lever autour de la table et cela m’a vraiment mis du baume au coeur. »
Au final, l’association parvient à trouver une solution pour refinancer Jacques le temps que la fameuse vente immobilière se conclut enfin. « Ils sont parvenus à obtenir une seconde hypothèque sur ma maison. Evidemment, ce n’est pas gratuit puisque cela m’aura coûté 15 000 euros de frais. Mais cela m’a garanti un revenu de 1 200 euros par mois ce qui m’a permis de tenir. »
Aujourd’hui, soit un an après, tout va bien pour Jacques. Il a vendu son bien, remboursé ses dettes et pu conserver la maison bâtie avec ses frères. Et d’en tirer une leçon : « On fait avec ce qu’on a et on ne dépense pas plus. »
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