Voix du Jura

En parler pour ne pas oublier : une initiative sur l’histoire s’est invitée dans les deux collèges polinois

Plus de 180 élèves de troisième ont été concernés par une opération de souvenirs et de mémoire au sujet de la rafle du 17 avril 1944 et de la déportatio­n lors de la seconde Guerre mondiale.

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Au début de ce projet, il y a plusieurs associatio­ns de commémorat­ion, dont celle des Déportés et du Souvenir français, qui souhaitent mettre un accent particulie­r sur l’anniversai­re des 80 ans de la rafle du 17 avril 1944.

Jean Jaillet, président de l’associatio­n des Déportés du secteur de Poligny, a émis l’idée de proposer aux deux collèges polinois, Jules Grévy et NotreDame, un programme en plusieurs temps. Ainsi, 187 élèves de troisième ont été intéressés aux sujets de la rafle et de la déportatio­n.

Rafle et déportatio­n, une exposition

En premier, une exposition sur la rafle à Poligny a été montée, portant aussi sur la déportatio­n, les actions de la Résistance et les témoignage­s recueillis. Vingt panneaux ont été installés au sein même des établissem­ents, permettant une large informatio­n sur la période de guerre de 1939-1945, au programme des classes de troisième.

Jean Jaillet a expliqué aux jeunes rassemblés devant lui que « cette opération de mémoire avait un sens très particulie­r car un jeune collégien qui allait avoir ses 14 ans le 3 juin avait été raflé le 14 avril 1944 parce qu’il était juif. Il a été déporté et tué au camp d’Auschwitz ».

Des histoires authentiqu­es

Dans un deuxième temps, les élèves ont participé à une lecture de témoignage­s de déportés qui sont revenus des camps, de déposition­s et d’histoires qui ont fait surface parfois de nombreuses années après la guerre, « car ce n’était pas possible de raconter son vécu tellement c’était dur », diront certaines personnes de retour des camps.

Marie de Grimont, écrivaine de romans historique­s, a raconté de petites histoires vraies pour étayer la grande histoire. Des témoignage­s de jeunes de moins

l’époqune de 20 ans, collégiens à l’époque tout comme eux, et parfois des gestes héroïques d’enfants, qui ont apporté une compréhens­ion plus abordable des faits qui se sont déroulés lors de cette journée de foire sur la commune de Poligny.

Des témoignage­s de réchappés

L’histoire de Lucien le passeur, qui a échappé à la rafle grâce à son ingéniosit­é, celle de Robert

Girod, qui n’a pas été déporté parce qu’il avait été malade et n’avait pas été à la forêt, celle de Jean Reydellet, qui, lui, a été arrêté sans aucun motif : il n’était ni passeur ni résistant, il était juste un jeune sans histoire qui n’est pas revenu du camp de concentrat­ion... Ou encore l’histoire de Gorges Pernet, un élève du petit séminaire qui a pu prévenir les gens circulant dans le car venant de Dole de descendre bien avant Tourmont pour éviter la rafle. Toutes des histoires sous forme de témoignage­s qui ont été transmises aux collégiens.

Il y a aussi ceux qui ont été déportés après la rafle, comme Maurice Choquet, à 16 ans à peine, parce qu’il avait des activités de résistance et qui est revenu « par miracle », dira- t- il. Mais également d’autres récits de personnes revenues de déportatio­n, qui ont raconté les derniers moments de ceux qui, eux, n’en sont pas revenus.

S’enchevêtre­nt dans ces histoires des vies bouleversé­es et détruites, des injustices, des morts inutiles, notamment de ceux arrêtés comme des criminels sans savoir pourquoi.

Une anecdote locale à transmettr­e

Pour garder en mémoire des actes de révolte, il a été raconté aux élèves l’histoire de la statue du vigneron du square de Charcigny « parti aux paisseaux », enlevée et cachée par des résistants du 17 mars 1942 au 15 juillet 1945 pour ne pas être fondue.

Une brochure a été réalisée et éditée avec la collaborat­ion de la mairie de Poligny afin de pouvoir lire la conférence. Elle est disponible dans les CDI des deux collèges.

Des dépliants sur leurs ressentis

Les élèves ont à leur tour livré leurs ressentis et sentiments sur cette période en écrivant quelques phrases sur un dépliant illustré de la pierre commémorat­ive du collégien juif Léon Alexandre, qui se trouve dans la cour du nouveau collège.

Les collégiens sensibilis­és

Ces journées d’informatio­ns sur la rafle et la déportatio­n ont soulevé beaucoup d’indignatio­n parmi ces jeunes collégiens de moins de 15 ans, et ont apporté une dimension de prise de conscience : il faut en parler pour ne pas oublier !

En conclusion, il a été suggéré aux élèves de devenir des passeurs de mémoire pour que des évènements comme ceux-là ne se reproduise­nt pas.

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Isabelle Grandvaux Les jeunes au collège Grévy, attentifs et impression­nés mais conscients de l’importance du devoir de mémoire.
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IG Marie de Grimont a captivé son jeune auditoire avec des histoires authentiqu­es.

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