À horloge exceptionnelle, subvention exceptionnelle
La ville de Morbier va toucher 40 000 euros pour permettre de mettre en valeur l’horloge de l’église Saint-Michel, véritable bijou patrimonial, mais trop peu connue.
C’est une pièce rare qui reflète le savoir-faire des maîtres horlogers de Morbier du 19e siècle. Cette horloge, Gérard Bailly-Salins, il la connaît dans ses moindres recoins : « Je ne vais pas dire que c’est l’amour de ma vie, mais c’est quand même passionnant ! »
Mécanicien de carrière, aujourd’hui retraité, il prend soin bénévolement de l’horloge depuis quatorze ans : « Elle a 140 ans, et elle fonctionne comme une horloge ! Toutes les réparations que j’ai faites, je les ai toutes notées sur un cahier chez moi. On est passionné par le petit truc, le détail qui cloche dans le mécanisme... Et tant qu’on ne l’a pas découvert, il faut aller jusqu’au bout. »
Une horloge «exceptionnelle»
« Elle est vraiment exceptionnelle ! » , s’enthousiasme Denis Camelin, adjoint à la mairie de Morbier. « Bon, elle est exceptionnelle, parce qu’on est chauvin. Mais aussi, et surtout, parce qu’on a eu des experts en horlogerie de Paris et de Lyon, qui disent que c’est un joyau. »
Preuve de son intérêt patrimonial, l’horloge de l’église SaintMichel fait partie des quinze projets retenus le 5 avril pour être subventionnés par l’État dans le cadre du fonds de soutien aux métiers d’arts. Soit la promesse d’une subvention exceptionnelle de 40 000 euros pour la restauration de l’horloge. Et le projet à terme de la présenter aux visiteurs dans un espace d’exposition dédié à l’horlogerie morberande.
Mais encore insuffisant pour financer le projet
Il faudra patienter encore un peu avant d’admirer de ses propres yeux ces mécanismes et profiter de l’horloge de l’église Saint-Michel. Le financement de l’ensemble du projet est encore difficile et ses défenseurs remuent ciel et terre pour trouver des ressources.
→ On a eu des experts en horlogerie de Paris et de Lyon, qui disent que c’est un joyau.
DENIS CAMELIN,
adjoint à la mairie de Morbier 140 000 euros sur les 400 000 nécessaires
La Fondation du patrimoine a ouvert une cagnotte pour un financement citoyen de ce projet. Depuis septembre dernier, cet appel aux dons a récolté un peu plus de 18 000 euros.
Encore trop peu, reconnaît Denis Camelin, mais il garde espoir : « On espère que ces 40 000 euros du fonds de soutien aux métiers d’art vont provoquer un élan de générosité ! La mairie ne pourra pas financer toute seule la restauration de la cloche, l’aménagement de la pièce d’exposition et la rénovation du clocheton. On espère que la grande famille horlogère franco-suisse nous soutiendra. »
Aujourd’hui, en comptant la subvention du fonds de soutien aux métiers d’arts, la subvention de la Direction régionale des affaires culturelles, le financement municipal et les dons de la Fondation du patrimoine, le projet a récolté ( pour le moment) environ 140 000 euros.
Mais, selon les estimations, il faudrait compter un peu moins de 440 000 euros pour financer tout le projet, y compris l’ouverture de l’horloge au public ( lire ci- contre).
« La commune met la main à la poche, mais on n’aura pas les moyens de tout faire. La commune doit investir dans de nombreux projets, et si on ne se concentre que sur celuilà, on ne peut pas faire les autres. Aujourd’hui, on ne peut pas s’engager sur la troisième partie » des travaux, c’est- à- dire sur l’ouverture au public, explique le maire de Morbier, Philippe Huguenet. Le contre-la-montre pour financer le projet part bien à l’heure.