Voix du Jura

Quand les petites villes s’équipent à leur tour en chaufferie­s biomasse

Si Dole ou Lons-le-Saunier se sont déjà équipées en chaufferie­s biomasse, les petites villes du Jura s’y mettent à leur tour. Avec quelles conséquenc­es ?

- • Julien Berrier

Mardi 19 mars, le maire de Poligny Dominique Bonnet signait un contrat de délégation de service public (DSP) qui accorde à Engie la constructi­on et l’exploitati­on d’une chaufferie bois et d’un réseau de chaleur pendant 20 ans. Soit la mise en place d’un réseau de 5 km permettant d’alimenter l’équivalent de 1 000 logements et destiné à chauffer entre autres le lycée Friant, le collège Jules- Grévy, l’École nationale d’industrie laitière et des biotechnol­ogies (Enilbio). « C’est un projet exceptionn­el par deux aspects. D’abord, parce qu’il permet de couvrir 96 % des besoins de chauffage de la ville par la production d’énergie renouvelab­les. Ensuite par son aspect technique puisque nous récupérons la chaleur fatale des caves de Juraflore. C’est quelque chose d’assez innovant et qui va dans le sens de l’intégratio­n du réseau industriel à la production de chaleur » , se félicite Flavien Lemiere, directeur régional Bourgogne-Franche-Comté d’Engie solutions.

Un Jura

« très dynamique »

Le nouveau, c’est aussi de voir les petites villes jurassienn­es s’équiper en chaufferie biomasse. Si Dole a inauguré la sienne cet hiver (construite et gérée par Engie solutions), les villes moins peuplées se mettent dans le rythme.

Tandis que Poligny compte sur l’entrée en fonction de sa chaufferie pour octobre 2025, le conseil municipal d’Arbois se prépare à lancer la réalisatio­n de la sienne. Et ce ne sont pas les seuls exemples qui confirment que la chaufferie biomasse se « démocratis­e » . « Je trouve que le Jura est un départemen­t très dynamique sur les projets d’énergie renouvelab­les. L’évolution du prix de l’énergie a forcément jouer un rôle dans ce développem­ent. Nous, on essaie d’accompagne­r les communes au mieux et pas seulement sur le bois énergie. Tous les projets sont construits en fonction des besoins de la commune et du contexte particulie­r. C’est ce qui permet la faisabilit­é des projets » , note Flavien Demiere.

« Notre coeur de métier »

Car si les chaufferie­s biomasse sortent du sol depuis quelques mois dans le Jura, il y en a encore plus qui sont bloquées au stade de projet. « Depuis 4 ou 5 ans, on répond à beaucoup d’appels d’offres » , note Charly Roy, patron de STR Transport Roy et fournisseu­r en combustibl­es des chaufferie­s locales comme Dole. « Mais sur dix appels d’offres répondus, je pense qu’il y en a sept qui ne se feront pas. Il y en a plein qui montent des projets, qui consultent et qui ne vont pas au bout. Et quand les projets

anu finissent par sortir, c’est au bout de plusieurs années. »

Si Charly Roy et son équipe suivent avec une attention particuliè­re les projets lancés par les collectivi­tés, c’est que les contrats de délégation de service publique imposent de trouver des fournisseu­rs en proximité (moins de 50 km en général).

Lorsqu’on est basé en forêt de Chaux, on est forcément bien placé sur le marché jurassien. « Oui, le marché des réseaux de chaleur collectifs nous intéresse. Surtout pour les chaufferie­s qui sont alimentées avec du copeau de bois, de la plaquette. C’est plus intéressan­t pour nous parce que c’est notre coeur de métier. Mais, quand je dis » chaufferie centrale « , je pense au gros réseau de chaleur. Comme il y a à Dole, à Lons-le-Saunier ou à Besançon. »

Assez de ressources ?

À noter qu’au-delà des collectivi­tés, une nouvelle clientèle commence à émerger. « Depuis deux ans, il y a énormément d’industriel­s aussi qui veulent décarboner leurs énergies, donc il y a beaucoup d’appels d’offres d’industriel­s » , explique Charly Roy.

Reste à savoir si la ressource locale suffira à nourrir ce développem­ent.

Rappelons que la production de bois énergie (plaquette, granulés, pellets) ne suppose pas l’abattage d’arbres. La matière est produite à partir des chutes d’exploitati­on du bois d’oeuvre. « Il y a des projets qui fleurissen­t encore, donc il faut quand même se poser les bonnes questions quoi. Après, des réseaux de chaleur comme Arbois ou Poligny ne réclament pas des volumes énormes. Avec des petits réseaux de chaleur comme le projet de Poligny, la ville pourrait quasiment être autonome en fourniture de matières. » Il faut dire que la disponibil­ité de la ressource à moyen/long terme inquiète les sceptiques. « Je comprends cette inquiétude, mais il faut savoir que nous travaillon­s en coopératio­n avec la filière forestière. L’ONF et l’Ademe donnent une validation collégiale à ces projets au regard aussi des possibilit­és de développem­ent » , assure Flavien Lemiere.

FLAVIEN LEMIERE, directeur régional d’Engie solutions

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