Voix du Jura

Après 24 ans passés sous les Arcades, François Morin, caviste de Bières Bocks, va bientôt prendre sa retraite

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C’est l’un des rares cavistes consacrés presque uniquement à la bière dans le Jura. Depuis 1998, sous les Arcades, une petite boutique de quelques dizaines de mètres carrés fait aussi lieu de véritable caverne aux trésors pour tous les amateurs de malt et de houblon.

« À l’origine, la boutique, créée par Bruno Mangin de la Brasserie la Rouget de Lisle, s’appelait Bière et compagnie. Boutique que j’ai rejoint en tant qu’employé pour la gérer dès 2000, avant de lui racheter le fonds de commerce en 2016 lorsque ce dernier a décidé d’ouvrir son bar sur la place de la Liberté. » Depuis patron de l’enseigne Bières Bocks, François Morin, 63 ans, vend donc depuis 24 ans lagers, stouts, trappistes et autres lambics à des clients venus de tout le Jura.

De nos jours, les consommate­urs sont vraiment à la recherche de découverte­s, de nouveautés, et les brasseurs, eux, sont de plus en plus insolites dans leurs propositio­ns. Et avec toutes les variétés de houblons, les possibilit­és sont infinies ! Je m’y perds d’ailleurs, mais c’est un véritable plaisir

« J’ai commencé ma vie profession­nelle par une formation au lycée Hyacinthe Friant, à Arbois, avant de bouger au fil des saisons pour travailler dans l’hôtellerie- restaurati­on, entre Lons- le- Saunier, Lyon, Toulon ou encore La Rochelle, où j’ai terminé maitre d’hôtel. Puis, revenu à Lons- leSaunier en fin de saison, j’ai eu l’opportunit­é de reprendre le bar de l’Hôtel de ville, que j’ai tenu de 1986 à 1997. »

FRANÇOIS MORIN

Une reprise en 2016

Un riche parcours profession­nel qui le mènera ensuite à vouloir lever le pied, jusqu’à trouver ce poste de caviste sous les Arcades. « Depuis que j’ai repris la boutique, je l’ai bien sûr faite évoluer. Avant, et c’est normal, lorsque Bruno Mangin était le patron, nous ne vendions presque exclusivem­ent que de la Rouget de Lisle et quelques bières étrangères. Mais depuis 2016, j’ai fait rentrer de nombreuses autres brasseries locales, quatorze en tout, mais également d’autres produits : du whisky, du rhum, de l’absinthe et un peu de vin. »

Une évolution dans la gamme, mais aussi dans la variété des produits proposés. « Le monde de la bière a sacrément évolué, et ce, grâce aux jeunes qui ont développé beaucoup de nouvelles choses.

François Morin, 63 ans, vend depuis 24 ans lagers, stouts, trappistes et autres lambics à des clients venus de tout le Jura

Aujourd’hui, il y a beaucoup de brasseries artisanale­s, sans parler de toutes les micro-brasseries pour lesquelles les clients sont d’ailleurs demandeurs. De nos jours, les consommate­urs sont vraiment à la recherche de découverte­s, de nouveautés, et les brasseurs, eux, sont de plus en plus insolites dans leurs propositio­ns. Et avec toutes les variétés de houblons, les possibilit­és sont infinies ! Je m’y perds d’ailleurs, mais c’est un véritable plaisir. Surtout que je ne mets aucune bouteille en rayon sans l’avoir goutée avant. Et vu que je suis un gourmand, ça m’a fait faire beaucoup de dégustatio­ns » , s’amuse François Morin. Et de poursuivre : « À une époque, je parcourais même l’Europe pour aller directemen­t chez les brasseurs, particuliè­rement en Allemagne et en Belgique, pour me fournir en direct. » Œ

Car c’est avant tout là que se trouve son plaisir. « Moi ce que j’aime, c’est faire découvrir aux clients, discuter avec eux, échanger autour de nos connaissan­ces. Quand un jeune vient chez moi, ce n’est pas pour acheter un pack de bières, mais pour découvrir autre chose. » Œ

Mais à 63 ans, le caviste commence à penser à la retraite. « Ça y est, j’ai mis mon fonds de commerce en vente et je me donne deux ans avant de partir. L’objectif serait bien sûr de trouver quelqu’un qui poursuive ce que j’ai réalisé. Après quoi, je n’ai pas vraiment pensé à ce que je ferai. À vrai dire, j’ai encore du mal à l’admettre, mais c’est sur, ça va me faire tout drôle. »

En attendant, François Morin continuera d’accueillir dans sa petite boutique ses clients, habituels ou de passage, avec cette « fierté d’avoir permis de faire connaitre d’autres produits aux consommate­urs du coin et d’avoir soutenu les petites brasseries jurassienn­es. » Œ

Joffrey Fodimbi

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