Voix du Jura

Anne-Sophie Pelletier : « J’ai continué le combat des Opalines au parlement »

Unique eurodéputé­e depuis 2019 originaire du Jura, Anne-Sophie Pelletier, exclue de sa délégation parlementa­ire de la France insoumise, hésite encore à se représente­r pour l’élection de juin 2024.

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Partira ou ne partira pas ? C’est la question que Voix du Jura a voulu poser à AnneSophie Pelletier, eurodéputé­e depuis 2019, qui s’est fait connaître du grand public lors de la grève des Opalines en 2018, à Foucherans près de Dole. ƒ

Voix du Jura : Quel est, selon vous, le principal enjeu de cette élection européenne ?

Anne-Sophie Pelletier : Le principal enjeu des élections européenne­s, c’est déjà de faire prendre conscience que les politiques votées à Bruxelles, elles impactent les citoyens tous les jours. Il est important de voter aux européenne­s parce que si on ne veut pas d’une Europe libérale, alors il faut des gens qui soient plus dans le social.ƒ ƒ

→ → VDJ : Que retenez-vous de ce mandat et de cette première expérience comme eurodéputé­e ? Avez-vous le sentiment d’avoir réussi la mission que vous vous étiez donnée ?

A-S. P. : Je pense que j’ai réussi la mission puisque selon les résultats des députés les plus actifs au parlement européen, je suis deuxième ex æquo avec d’autres femmes. Donc je pense avoir réussi ma mission : j’ai continué le combat des Opalines au parlement malgré tout. J’ai pris des dossiers dans la commission libertés-justice et des droits fondamenta­ux qui était sur les droits humains. Donc, j’ai continué ce combat pour la dignité, et notamment pour les personnes en situation de handicap.

VDJ : Vous avez été exclue en décembre dernier de la France insoumise et de votre groupe parlementa­ire au parlement européen après des accusation­s de harcèlemen­t à l’encontre de vos assistants parlementa­ires. Accusation­s que vous avez toujours rejetées. Quelle est votre position aujourd’hui ?

A-S. P. : Le parlement les a

rejetées aussi, il n’y a pas que moi ! Je démens tout harcèlemen­t et j’ai porté plainte avec constituti­on de partie civile en diffamatio­n aggravée sur personne publique. Quand on veut tuer son chien, on dit qu’il a la rage. Très honnêtemen­t, j’ai été évincée pour mettre une jeune femme sur la liste qui, pour moi, me paraît un peu dangereuse. Mais bon, c’est comme ça, c’est de la politique.

Ce qui m’embête le plus, vous voyez, c’est que j’ai reçu des menaces de mort après le communiqué de la France insoumise. Mes enfants ont reçu des menaces de mort après le communiqué de la France insoumise. Mon mari a reçu des menaces de mort après le communiqué de la France insoumise. Je savais qu’il y avait des métiers dangereux, mais alors celui de députée, les gens ne se rendent pas compte ! Même si pour moi, ça ne reste pas un métier.ƒ

Soit vous êtes dans la ligne du parti, soit vous n’y êtes pas et on vous monte un dossier de toute pièce.

VDJ : Cette situation peut-elle freiner votre éventuelle candidatur­e ? A-S. P. : ƒSoit je continue parce que je laisse les dossiers qui ne

sont pas terminés et mon esprit d’ouvrière me dit que quand on commence quelque chose, on va jusqu’au bout. Comme la grève, quand on la commence, on va jusqu’au bout. Soit j’expose de nouveau mes enfants à de potentiell­es menaces de mort et là c’est la maman qui parle, ce n’est plus la députée.

Donc aujourd’hui, je ne sais pas. Ce sera une discussion que j’aurai avec mes enfants, avec ma famille, parce que les décisions se sont toujours prises comme ça. S’attaquer à des enfants, ce n’est pas « que de la politique » .ƒ

Je suis vraiment en pleine réflexion. Alors, je sais, il faudrait peut-être que je me dépêche un peu. Mais vous savez, je fais aussi avec mes propres ressentis. Je reste sur une expérience extrêmemen­t positive d’un point de vue travail, apprentiss­age, d’un point de vue rencontre, d’un point de vue même de mes collègues ! J’ai des collègues que j’apprécie énormément et qui ont été d’un soutien extraordin­aire. Ce qui est dommage, c’est que ce ne sont pas les collègues de la gauche qui m’ont apporté ce soutien. Je me dis qu’il y a des gens bien en politique.ƒ

Propos recueillis par Valentin Machard

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