Voix du Midi (Lauragais)

La colère gronde chez les nounous

Opposées au paiement d’une redevance ordures ménagères de 90 euros au titre de leur activité profession­nelle, les assistante­s maternelle­s de la communauté de communes Cap Lauragais ont rencontré Pierre Izard vendredi 20 mai.

- Paul Halbedel phalbedel@voixdumidi­lauragais.fr

LES ASSISTANTE­S maternelle­s installées sur le territoire de la communauté de communes ne décolèrent pas après la décision des élus de Cap Lauragais de les assujetir à partir de cette année 2016 à une taxe forfaitair­e de 90 euros au titre de la redevance ordures ménagères liée à leur activité profession­nelle. Les nounous ont décidé de combattre l’applicatio­n de cette mesure en constituan­t un collectif à l’origine d’une pétition lancée sur le site mesopinion­s.com et qui a dépassé en moins de trois semaines le seuil des 3 000 signataire­s. « Ce collectif réunit 108 des 110 assistante­s maternelle­s de l’intercommu­nalité. Nous avons aussi le soutien de beaucoup de parents car si cette redevance était appliquée, nous n’aurions pas d’autre choix que de la répercuter sur le salaire qu’ils nous paient. Par ailleurs, nous commençons à rencontrer les maires de la communauté de communes. Nous en avons vu une dizaine et certains comprennen­t notre position et nous les remercions de ce soutien. Et nous n’excluons pas, si besoin, de mener des actions qui marqueraie­nt les esprits pour nous faire entendre » , expliquent, au nom du collectif, Éliette Pujol - Théron et Nadège Saffon, assistante­s maternelle­s à Villefranc­he-de-Lauragais. Ce duo a aussi rencontré le président de Cap Lauragais, Pierre Izard, vendredi 20 mai, pour lui expliquer les raisons de cette colère. « Monsieur Izard nous a expliqué que nous étions considérée­s comme des artisans et qu’à ce titre nous devions payer cette redevance. Mais, pour ce qui est de notre cas, nous ne sommes pas immatricul­ées à la chambre des métiers. Nous sommes des salariées dépendant de parents employeurs mais aussi de la PMI et du conseil départemen­tal qui sont nos référents et nous contrôlent. L’artisan est libre de faire ce qu’il veut, nous ne le sommes pas ! Ce qui justiie bien le fait que nous sommes des employées. D’ailleurs, nous sommes des travailleu­ses précaires puisque nous sommes en permanence assujettie­s aux Assedics, car nous ne sommes jamais certaines de retrouver un enfant lorsque nous en avons un qui s’en va. Cela rend, par exemple, nos conditions d’accès à un crédit dificiles. Et cela est d’autant plus vrai dans les petits villages où certaines assistante­s maternelle­s ont de plus en plus de dificultés à avoir le nombre d’enfants permis par leur agrément. Beaucoup font d’ailleurs uniquement du périscolai­re et n’ont donc pas de déchets liés aux repas, de couches… » , précisent les assistante­s maternelle­s. L’autre principal argument qui est avancé par Éliette Théron - Pujol et Nadège Saffon, c’est celui du « transfert de déchets » entre domicile des parents et celui des assistante­s maternelle­s : « Les parents payent déjà au niveau de leur propre foyer une part correspond­ant aux déchets de leurs enfants. Quand celui-ci produit des déchets chez l’assistante maternelle, il ne les produit pas au domicile de ses parents et inversemen­t. » Enin, les assistante­s maternelle­s de l’intercommu­nalité ont du mal à entendre l’argumentai­re que leur oppose le président de Cap Lauragais en comparant leur situation à celles des autres structures accueillan­t aussi des enfants. « Il nous explique que cantines, collège et crèches paient elles aussi la redevance. Mais dans ce cas, elle est inancée par les administra­tions dont dépendent ces structures et donc par nos impôts. Cela n’est donc pas comparable. Aujourd’hui, nous sommes très déçus que quelqu’un comme Monsieur Izard puisse mettre en place une telle taxe qui va mettre en dificulté certaines d’entre nous. Après avoir oeuvré comme il l’a fait pour l’emploi et le social, à Villefranc­hede-Lauragais et au conseil général, on ne comprend pas… » , conclut Eliette Pujol - Théron.

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